C'est le rendez-vous incontournable des amateurs d'art. La 39é édition de la Fiac, la Foire internationale d'art contemporain, s'est déroulée du 18 au 21 octobre à Paris. Pendant quatre jours, des visiteurs du monde entier se sont retrouvés et les 182 galeries françaises et étrangères ont proposé les nouveautés, les œuvres des stars et des artistes émergeants.
La Fiac figure désormais sur les agendas des plus grands collectionneurs au monde. Elle attire des galeristes très puissants qui font la pluie et le beau temps de l'art contemporain comme le français Yvon Lambert ou l'américain Larry Gagosian. Mais ne vient à la Fiac qui veut. Sur 750 candidatures, la commissaire Jennifer Flay n'a retenu que 182 galeristes, représentatifs de 25 pays. « Une sélection très rigoureuse s'impose comme garantie de qualité pour le public international de la Fiac ».
L'art contemporain ne connaît pas la crise
Malgré la crise, l'art contemporain résiste. Entre 2011 et 2012, ce secteur a même réalisé le troisième meilleur résultat de son histoire. Témoin de cette vitalité l'américain Larry Gagosian qui vient tout juste d'ouvrir une méga-galerie en Seine-Saint-Denis dans le 93, en banlieue parisienne, juste en face de l'aéroport du Bourget, là où se posent les jets privés. Il vise les milliardaires –pas les banlieusards- histoire de les faire « kiffer » sur une œuvre de l'artiste allemand Anselm Kiefer à 500 000 euros.
L'Amérique débarque en puissance
Les Américains ont opéré une véritable montée en puissance cette année à la Fiac. Ils sont venus dans un esprit de conquérants avec 30 galeries mais pour l'instant la Chine conserve sa première place en réalisant 38% des recettes de l'art contemporain vendu aux enchères sur le marché mondial. La France reste à la quatrième place. Avec 62 stands à la Fiac, les galeries françaises boudent les artistes de l'hexagone. Le marchand d'art parisien Daniel Templon dénonce cette situation : « Parce que les artistes français sont sous-cotés, le rôle des galeries est de les montrer en priorité dans l'objectif de faire savoir au public international qu'il y a autant de bons artistes en France qu'ailleurs. C'est mon combat depuis 40 ans. »
La situation de l'art contemporain en France ressemble à un tableau inachevé, déséquilibré. Pour Thierry Ehrmann, président d'Art Price, la bible du marché de l'art, la France est à la traîne. Elle réalise seulement 2,5% des ventes sur le marché international. « La France a vraiment loupé le coche, c'est triste. C'est dommage que la plupart des grands collectionneurs européens et notamment français n'achètent que des valeurs sûres anglo-saxonnes. En ayant ce raisonnement là, ils ne font qu'affaiblir la France. Il faut qu'ils diversifient leurs collections et que leur regard se tourne vers les artistes français. Mais il faut également que ces derniers apprennent à se mêler aux autres. Si le grand artiste sétois Robert Combas n'avait pas claqué la porte de Leo Castelli qui est un des plus importants galeristes au monde, il aurait eu sur son chèque quelques zéros en plus. Et puis il y a cette curiosité en France où c'est encore le Quai d'Orsay, la politique donc qui exporte la culture française. »
La Fiac affiche un enthousiasme et une certaine euphorie marqués notamment par l'afflux de grands collectionneurs venus d'Amérique latine et d'Asie qui boudaient autrefois ce rendez-vous. C'est un signe d'ouverture qui va de pair avec l'esprit de la Foire internationale d'art contemporain. A l'exception des Sud-Africains, aucune galerie de l'Afrique subsaharienne n'est au rendez-vous du Grand Palais. (Agences)