Nous étions faits pour être libres... nous étions faits pour être heureux ! C'est ainsi que s'exprimait Louis Aragon, le grand poète français engagé, le « fou d'Elsa », immortalisé par les chansons et les chefs d'œuvre de Jean Ferrat et celle des plus sublimes « Aimer à perdre la raison ». Par conséquent, la liberté n'a pas de prix et c'est le lubrifiant du bonheur pour les individus et les peuples. Mais, il arrive parfois, ou même souvent, par les temps qui courent dans ces espaces du « Printemps arabe », défiguré par toutes les dérives possibles religieuses et maintenant sociales, à la limite du surréel, que cette liberté bénédiction, se transforme en mal de vivre permanent pour toucher au cœur le bien-être et le « bonheur » collectif. On aura beau célébré la nouvelle Constitution de 2014 avec tous les droits universels et les libertés publiques et privées, mais le constat est là : quand l'économie ne suit pas, quand la raison se perd dans les méandres de l'irresponsabilité de certains dirigeants politiques et sociaux, toutes ces libertés deviennent pénalisantes, parce qu'elles mettent le pays à la frontière de l'anarchie, de l'indiscipline et de la déconfiture. Le bon petit peuple des classes moyennes et périphériques proches qui a un attachement sans pareil au pays dont il est, depuis « Aristote », le « propriétaire » et non le « locataire » ou le simple « habitant », connait les limites nécessaires des libertés et des droits, pour pouvoir jouir comme le prescrivait l'Anglais, John Locke, dans son « gouvernement civil », de libertés et de droits essentiels préservés par le « contrat social ». Or, il arrive que le fameux « contrat social » ne soit pas respecté et pas seulement par les gouvernants mais aussi par les « gouvernés ». Aujourd'hui, la Tunisie vit les tentations les plus contradictoires. Avec toutes ces grèves en cascades, elle est, d'une part, « sous-gouvernée », car le gouvernement n'arrive pas à éteindre ces foyers de l'instabilité sociale et politique. Mais, et ça peut paraître paradoxal, le bon petit peuple des classes moyennes et populaires, exprime de plus en plus une exigence à nouveau de « sur-pouvoirs » et de gouvernance plus musclée. Autrement dit, les gens sans « histoire » des masses « silencieuses » commencent à exprimer leur désapprobation pour ne pas dire leur rejet de toutes ces grèves qui font perdre à l'Etat et au pays énormément de ressources, et qui empêchent le gouvernement justement de « gouverner », c'est-à-dire, de prendre en charge les exigences autrement plus prioritaires, comme le développement régional, la création des entreprises, l'investissement et la remise à flots de tous les projets qui sont bloqués pour une raison ou une autre. D'où cette mécanique du « sur-place » que nous vivons à bien des niveaux et qui frise la paralysie du développement productif de croissance et d'emplois nouveaux. Alors, que faire ! Revenir en arrière et remettre en question des droits et des libertés que nous n'avons pas encore mérités et c'est non seulement impossible, mais malsain et contre productif. Pénaliser les grévistes indisciplinés en déduisant de leurs salaires les journées « chômées » au titre des grèves et là je dirai un peu comme Bourguiba à Arafat après « Camp David » : « Trop tard et trop peu ! » Ou mettre tous les acteurs politiques et surtout sociaux devant leurs responsabilités... toutes leurs responsabilités. Le pays vit une crise majeure, côté production et valeur du travail. Les manques à gagner considérables, certains acteurs politisés veulent les compenser par la fiscalité. C'est comme si on encourageait les gens à ne pas travailler et produire, en leur servant des salaires et des primes non « méritées » et sans contrepartie. Du coup, ce sont les plus méritants, ceux qui travaillent en silence qui sont les plus pénalisés. Alors, « vacances » pour « vacances » pourquoi voulez-vous que les citoyens laborieux payent pour les fainéants ! Pour la fin un petit clin d'œil à mon ami Hassen Zargouni, le « Gallup » tunisien, grand professionnel des sondages : « Si Hassen... faites un sondage sur les grèves... et le droit illimité des grèves ». Peut être qu'on aura de très grandes surprises qui pourraient exprimer le ras-le-bol général de cette dérive sociale non contrôlée ! Oui, un peuple « libre » n'est pas toujours ce qu'on croit. Le « bonheur » d'Aragon est plutôt gâché par ceux qui ne croient pas au travail et aux devoirs... et dire que le travail... c'est la santé ! Alors, des grèves à répétition à la Santé, ça ne peut que détruire... et la santé et la culture du travail ! Basta ! SVP !