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Lectures ramadanesques: "Arabesques, l'aventure de la langue arabe en Occident",.. Un livre d'Henriette Walter et Bassam Baraké, Editions du temps.. Al-Andalus
Publié dans Le Temps le 28 - 06 - 2015

L'expansion musulmane, qui avait atteint au Moyen Age les limites du monde connu de la Chine jusqu'à Poitiers et de l'Afrique jusqu'à steppes de la Sibérie a subi des destins différents selon les peuples et la nature géographique des lieux conquis et a laissé en Europe des traces durables.
Al-Andalus ne se confond pas avec l'Andalousie
Al-Andalus et l'Andalousie ont bien la même étymologie mais les historiens et les géographes font une nette distinction entre Al-Andalus, qui correspond à la région historique de la péninsule Ibérique sous domination arabo-musulmane au Moyen Age ( le Portugal et la plus grande partie de l'Espagne actuelle ) et l'Andalousie actuelle située au sud de l'Espagne et dont la superficie est beaucoup plus réduite.
En 711, le gouverneur de l'Afrique du Nord, de la dynastie des Omeyyades, envoie une armée constituée principalement de Berbères convertis à l'islam pour conquérir la péninsule Ibérique, un pays riche et divisé dont la façade sur la Méditerranée constitue un atout sur le plan militaire et commercial. L'occupation a débuté dans les grandes villes pour atteindre sa plus grande extension géographique vers le milieu du Xe siècle.
Une population d'origines diverses
Le peuplement de l'Espagne à la suite de l'occupation arabe était très diversifié et constituait une "véritable mosaïque" : en plus des Arabes, qui étaient en réalité minoritaires par rapport au reste de la population, al-Andalus était habité principalement par des Berbères venus d'Afrique du Nord, par des "néo-musulmans" c'est-à-dire des chrétiens espagnols convertis à la nouvelle religion, par des chrétiens et des juifs ayant gardé leur religion, et enfin par des esclaves venus du soudan. Mais, malgré ces différences ethniques et religieuses, la population d'al-Andalus s'est transformée en une grande communauté multiculturelle mais relativement homogène.
Toutes les composantes de cette société vivaient dans un respect mutuel. Les pratiques religieuses étaient généralement tolérées et pouvaient s'exprimer librement. Les églises, par exemple, étaient nombreuses et le dimanche était jour de congé.
Vers le milieu du Xe siècle, les relations entre la population et les multiples émirs et califes qui ont régné sur ce pays avaient atteint un certain équilibre, l'ensemble d'al-Andalus étant devenu majoritairement musulman et arabophone.
L'arabe, langue unificatrice
C'est en effet essentiellement par la langue arabe que la société andalouse s'était unifiée. Stabilisée dans toute la Péninsule, cette langue était rapidement devenue le moyen de communication de tous les habitants. Les Berbères s'y étaient tellement attachés qu'ils avaient presque abandonné leur langue d'origine et le reste de la population, convertie ou non à l'islam, l'avait peu à peu apprise et adoptée.
Il est remarquable, par exemple, que les Mozarabes parlaient aussi bien et peut-être mieux, l'arabe que le latin. Le terme mozarabe vient de musta'rab "arabisé".
Grâce à leur bilinguisme actif et à leur connaissance des acquis scientifiques et de la pensée philosophique de l'Orient musulman, les Mozarabes étaient devenus un "véritable pont culturel entre les deux mondes qui cohabitaient en Espagne à cette époque."
Il faut ajouter que certains Mozarabes qui, on l'a vu, parlaient un arabe excellent, étaient même capables d'écrire dans un arabe excellent, étaient même capables d'écrire dans un arabe plus châtié que celui des musulmans. En fait, il était apparu que la langue arabe véhiculait une culture vraiment originale, qui fascinait les peuples de l'Europe, lesquels s'en inspiraient abondamment, ce qui pouvait inquiéter certains esprits chagrins. C'est ainsi qu'au Ixe siècle Alvaro de Cordoue, prédicateur de renom, avait reproché aux savants chrétiens de perdre leur temps à imiter les travaux arabes alors que lui-même écrivait parfois en arabe, au détriment du latin.
L'arabe langue du dialogue
De façon plus positive, le mélange des ethnies et des religions suscitera dans l'Espagne du Moyen Age un grand mouvement de dialogues et parfois de controverses, la plupart du temps en langue arabe. La langue du Coran, devenue la langue de l'érudition était alors adoptée pour présenter des "dialogues imaginaires" où l'auteur mettait en scène des discussions entre les défenseurs de deux ou de plusieurs religions.
C'est aussi en arabe qu'un auteur juif, Yehuda ha-Levi, rédigera un ouvrage sous forme de polémique entre trois sages, un musulman, un juif et un chrétien, chacun essayant de convaincre le roi de Khazars que sa religion était la seule vraie. Ce livre, intitulé "Le livre des preuves et des arguments dans l'explication de la meilleure religion", n'a été traduit en hébreu qu'une quarantaine d'années après sa parution en arabe.
L'arabe, langue de la poésie
Enfin, l'arabe était aussi par excellence la langue de la poésie. Sous sa forme soutenue et classique, cette langue était devenue le mode d'expression le plus naturel de l'amour courtois, de la chevalerie ou des combats épiques. Toutefois, il n'était pas rare de voir les poètes intégrer dans leurs poèmes écrits en arabe quelques expressions en langue romane signe d'un attachement réel aux deux langues en présence. Du fait de ce mélange des peuples et des langues, des dialectes hybrides avaient même été composés dans ces dialectes, où des formes romanes se mêlaient harmonieusement à l'arabe.
Al-Andalus, berceau de formes poétiques originales
Bien qu'al-Andalus soit géographiquement éloigné de Badgad, foyer de la culture arabo-musulmane, cette région a vu l'essor d'une nouvelle orientation de la civilisation arabe. Il est vrai que la plupart des mouvements culturels avaient leur origine à Bagdad ou à Damas. Les livres écrits par des philosophes arabes ou traduits du grec et du persan provenaient des grandes villes d'Orient et étaient régulièrement demandés en Espagne. De plus, les poèmes récités dans les cours de Bagdad ou de Damas étaient immédiatement transmis et répétés dans les cours de Cordoue et de Grenade. Au cours des siècles, les penseurs andalous de toutes les confessions deviendront les disciples des grands maîtres et des philosophes des centres culturels de l'Orient. Certains courants littéraires étaient même parfois plus répandus et mieux connus dans al-Andalus que dans leur berceau d'origine.
L'engouement pour la vie culturelle et intellectuelle de Bagdad ne touchait pas les seuls musulmans d'al-Andalus :un penseur juif, Shelomoh ibn Gabirol, qui vivait au XIème siècle, est généralement considéré comme lepremier disciple espagnol du célèbre philosophe et savant Ibn Sînâ (Avicenne), qui professait à Bagdad.
Bien que toujours à l'écoute de tout ce qui venait de l'Orient, la sensibilité locale et les sources d'inspiration propres à l'univers culturel d'al-Andalus réussiront cependant à créer de nouvelles formes littéraires, des formes qui ont largement contribué à l'évolution de l'art poétique en Occident.
Poésie arabe et amour courtois
Des recherches particulières sur le vocabulaire et les structures rythmiques de la poésie des troubadours du sud de la France ont permis de reconnaître une origine «andalous» à ce genre littéraire.


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