Il faudrait entendre un son de cloche nouveau... Une réconciliation nationale, on veut bien, si c'est ce qui va sauver le pays du chaos. Mais conditionnée : à savoir qu'il n'est pas question d'absoudre les crimes impayés, comme celui du martyr Mohamed Brahmi, tombé un certain triste 25 juillet 2013. Comme celui de Chokri Belaid également, mort pour la République, tandis que les assassins courent toujours. Brahmi, Belaid, et tous nos martyrs, ont été offerts en sacrifice pour avoir trop aimé leur pays. Qu'avons-nous fait pour leur rendre justice ? En réalité, concrètement, rien qui mérite d'être applaudi. Rien qui vaille, puisque l'on continue d'entourer, d'un mystère épais, le fin mot de l'histoire, avec l'espoir, peut-être, qu'avec le temps, tout soit oublié. Or, il ne s'agit pas ici, d'un vulgaire crime de droit commun, mais bien d'assassinats politiques en règle, dont les commanditaires, pas du tout inquiétés, ni inquiets d'ailleurs, du reste du déroulement de ces affaires, continuent de dormir du sommeil du juste, derrière leurs murs lambrissés, aux couleurs de la traîtrise et de la lâcheté. Ceux-là mêmes, et ils se reconnaîtront, ne sont pas dignes de la République. Au fait, elle baisse la tête piteusement lorsqu'ils se retrouvent dans son champ de vision. Mais elle n'en pense pas moins... Ce n'est pas suffisant. Certes, il faut parer à d'autres urgences, mais ce ne sont, ni les compromis, ni les compromissions, qui contribueront à nous sortir de cette auberge, où nous nous sommes embourbés parce qu'à un certain moment, nous n'avons pas su faire les bons choix. Adopter la politique de l'Autruche, comme stratégie de louvoiement en attendant de voir venir, ça va un temps jusqu'à ce que ça n'aille plus. Nous avons espoir que le pays se remette enfin sur pied, débarrassé de toute cette vermine qui s'est accumulée depuis que le navire a connu trop de capitaines à son bord, à en perdre le nord. Mais tant que le tableau sera en demi-teinte, la République aura du mal à relever la tête. Nous la voulons fière et farouche, avec de la poigne et libre et souveraine. Et juste. Nous voulons tout simplement qu'elle ait le dernier mot...