Une soixantaine de minutes, voire moins, suffisent pour se rendre en voiture à Sounine en partant de Tunis. Une heure de route sépare la métropole de ce petit village du nord, niché à l'abri des regards où la nature sauvage et le calme absolu sont les maîtres mots. Ici, le dépaysement est total et garanti. Des terres agricoles d'un côté et une mer d'un bleu turquoise exceptionnel de l'autre, Sounine est un petit bout de paradis qui regorge de trésors naturels. Reportage. Situé entre Cap Farina et Ras Jebel (Bizerte) et bien qu'abritant l'une des plus belles plages de Tunisie, Sounine, au charme désuet, a su garder intactes ses richesses naturelles et son côté sauvage. Les amateurs de nature vierge, de sable fin, de mer cristalline et de verdure à perte de vue apprécieront certainement ce décor unique. Si Rafraf est à l'heure actuelle bondée de monde et prise d'assaut par les estivants dès les premiers jours du mois de juin, Sounine accueille peu de vacanciers en dehors des week-ends. Eté comme hiver, c'est le calme plat ou presque en cours de semaine. C'est que contrairement aux autres plages, celle de Sounine est difficile d'accès. D'abord, pour accéder au village, il faut emprunter, à un certain moment, une route jonchée de nids de poule. De même, pour se rendre à Aïn Mestir, la fameuse plage située en bas d'une côte rocheuse, il faut parcourir à pied ou en voiture une étroite piste rocailleuse qui n'est pas des plus agréables à longer. Enfin, pour pouvoir s'étendre sur le sable chaud et se baigner dans la mer, il faut descendre la centaine de marches taillées dans la roche. Un escalier de fortune qui en aura dissuadé plus d'un, dit-on. Mais après l'effort, le réconfort et les plus téméraires seront récompensés par une baignade exceptionnelle. Certes, de plus en plus de maisons sont bâties sur les hauteurs de la colline qui surplombe la plage mais ce détail ne saurait gâcher le plaisir des baigneurs, surtout qu'au beau milieu de l'eau se dresse l'imposant « rocher du Pilau ». Culminant à 116 mètres de hauteur, ce mont conique abrite une île rocheuse, celle de « Pilau ». Elle est parfois aussi appelée « K'minnaria », qui signifie « sommet en feu » en arabe. Un charme intemporel A Sounine, les habitants, dont le nombre ne dépasse pas les deux mille, ont gardé toute leur authenticité. Leur blancheur de peau et leurs yeux clairs sont agrémentés d'un délicat accent aux sonorités musicales. Dans les quelques ruelles du village, peu de voitures circulent, contrairement aux motos qui sont légion dans le coin. Le minuscule centre-ville est constitué de quelques commerces de légumes, d'épiceries, d'une boucherie, d'une pâtisserie, d'une menuiserie, d'un bureau de poste, d'une pizzeria, d'un café pour hommes, d'une salle de jeux et d'une mosquée. Sans oublier bien sûr les vendeurs de « tabouna », ce pain à la forme ronde auquel sont ajoutées de graines de nigelle et traditionnellement cuit dans un four en terre cuite. Si les commerces de Sounine proposent des produits de base, pour les grandes courses mieux vaut se rendre à Ras Jbel, située à moins d'un quart d'heure en voiture. En été, les devantures des maisons sont agrémentées de cordes sur les quelles sont accrochés de gros poivrons rouges. Séchés à l'air libre et sous un soleil de plomb, ces légumes serviront à préparer le « hrouss », une pâte très pimentée qui relève savoureusement le goût des plats. Les habitants effectuent aussi la salaison d'olives et de petits piments verts qu'ils vendent ensuite dans des bocaux. Parmi les autres fruits et légumes phare disponibles dans les étals des commerces du coin, les pommes de terre, les mûres, les raisins, les poires et les potirons au goût délectable. L'Eden des permaculteurs C'est qu'à Sounine, les terres sont fertiles et gorgées d'eau. Et cela n'est pas pour déplaire à Abdelhamid Amani, un jeune retraité tunisien qui a fait de son potager, grand d'à peine un millier de mètres carrés, un véritable paradis aux richesses insoupçonnées. On y retrouve des arbres aux fruits assez répandus en Tunisie tels que des figues, des mûres, des citrons, des abricots, des grenades, des amandes et des cerises mais aussi beaucoup plus rares tels que des bananes, des goyaves, des kiwis et des pamplemousses. Abdelhamid est l'un des pionniers de la permaculture en Tunisie, un ensemble de pratiques agricoles et une philosophie de vie visant à créer une production soutenable, très économe en énergie et respectueuse de la nature. Le principe est simple : des interactions fertiles du monde vivant, naissent et évoluent des écosystèmes résistants et durables. Depuis des années, l'homme baigne dans cet environnement d'agriculture biologique et savoure chaque jour l'avancée de son projet. Un plaisir qu'il partage désormais avec d'autres mordus de permaculture. Une association est née de cette passion commune, l'association tunisienne de permaculture, qui compte aujourd'hui une vingtaine de membres. S'ils sont convaincus de l'utilité de ce concept novateur d'agriculture citoyenne, les permaculteurs tunisiens avouent avoir beaucoup de peine à introduire ce nouveau concept auprès du grand public.