L'Islam politique et la Nahdha s'enfoncent dans le conservatisme de toujours malgré les éclaircies réformatrices et libérales de Rached Ghannouchi. Alors qu'on commençait à y croire à cette volonté de changement vigoureusement défendue par le leader de la centrale islamiste et son « seul » poulain acquis à ses idées Lotfi Zitoun, tous les indices sur le terrain de l'expérimentation politique indiquent le contraire à savoir que la Nahdha n'a pas changé et ne changera pas sur le court terme ou très difficilement ! Au niveau de ce qu'on croit être la doctrine et les valeurs, rien n'a changé et il suffit de l'apparition de certains faits qui touchent au fond pour revoir la Nahdha et ses cadres dirigeants revenir au point de départ avec la défense du « système » qu'ils ont implanté depuis le M.T.I en 1970. Je commencerai par les Imams Takfiristes et les « mosquées » hors la loi pour arriver au limogeage de M. Noureddine Khademi de l'Imamat de la Mosquée El Fateh en plein Tunis. Du côté de la Nahdha on continue à défendre cette « valeur » tout à fait légitime au niveau de la culture musulmane à savoir que les mosquées sont des maisons de Dieu et que ceux qui les construisent sont des bienfaiteurs ! Jusque-là c'est parfait ! Mais quand ces « mosquées » deviennent des pseudos « salles d'opérations » pré-terroristes, avec des Imams qui ne disent pas la parole de Dieu, mais appellent à la discorde, au Jihad en Syrie et ailleurs et même au meurtre, elles changent de vocation pour tomber sous le coup de la loi anti-terrorisme. Et là la Nahdha et son état major reste muets et dans un silence complice, à l'exception de Rached Ghannouchi, pour critiquer timidement la tendance au takfirisme de ce nouveau « clergé » d'une nouvelle religion qui n'a rien à voir avec l'Islam ! J'en arrive au cas de l'ancien Ministre des Affaires religieuses M. Noureddine Khademi qui est défendu par les ténors de la Nahdha bec et ongle avec un tel acharnement qu'on se croirait aux temps de la « Assabiya » khaldounienne et « tribale » du « Onsor Akhaka dhaliman aw Madhlouman » ! Voilà un Monsieur qui a participé largement du temps où il était en charge du Ministère de « l'identité religieuse », à démolir de la manière la plus persistante et la plus méthodique le tissu identitaire tunisien, cette synthèse heureuse entre la grande Zitouna et la grande Sadiki, entre les cheikhs Ben Achour, Bourguiba et Mahmoud Messaâdi, bref tout ce qui a fait la noblesse et le bonheur vécus de l'Islam spécifique tunisien et des musulmans bons croyants mais tolérants et libéraux non wahabites. Durant son mandat, les mosquées (par milliers et pas par centaines... S.V.P) ont été livrées aux takfiristes et salafistes, purs et durs sans aucune réaction d'envergure du Ministre qui laissait-faire comme ce bon vieux grand-père qui au mois de Ramadan « grondait » ses petits enfants : « Ne me mettait pas du tabac dans le nez, je risque de rompre le jeûne ! » « Ya lawlad Ma Tnafounich.. rani nofter... » ! Par ailleurs des milliers d'associations dites « caritatives » avec financement douteux et souvent occultes ont vu le jour. Quant aux « jardins d'enfants » véritables laveries de cerveaux pour mômes au-dessous de quatre ans et qui imposent le « voile » aux fillettes de trois ans, il vaut mieux en pleurer ! Et puis de quel droit un partisan politique ancien Ministre doit il continuer à assurer le service de l'Imamat dans la Mosquée El Fateh. Tant qu'on y est qui empêche un nidaïste ou du Front Populaire à le faire ! Là on touche à l'essentiel ! La Nahdha ne veut pas qu'on touche à ses acquis fondamentaux et en premier lieu à la confusion entre la politique et la Religion ! Alors tout le reste tombe à l'eau, et le Cheikh Rached Ghannouchi qui n'arrête pas de rassurer les démocrates et les puissances du monde entier en diffusant son projet de la « démocratie islamique » inspirée de la « démocratie chrétienne » occidentale doit nous dire sincèrement ce qu'il veut, et si la Nahdha est réellement capable de faire le saut vers une sorte de « Laïcité musulmane », comme l'occident qui a séparé l'Eglise de l'Etat et de la politique. Tout est là, La Nahdha semble ne pas être encore acquise au projet réformateur de l'Islam politique de son leader Rached Ghannouchi. En termes « d'étapes », Rached Ghannouchi et Lotfi Zitoune sont les seuls à l'avant-garde de l'Islam « démocratique et civil ». Alors que le gros des troupes et des cadres de la Nahdha sont très attachés, encore et pour le moment, à « l'Islam-Etat » des Khomeïni, et des Frères musulmans... on s'arrête là ! C'est bien mieux ! Oui Rached Ghannouchi est bien seul navigateur de la Nahdha qui semble voir loin... Mais il doit convaincre les siens, avant d'avoir la confiance des Tunisiennes, des Tunisiens et des puissances occidentales qui l'écoutent... avec intérêt et même sympathie en attendant les réformes intangibles ! Courageux Ghannouchi, certes mais pas encore décisif. Il faut peut-être laisser le temps au temps et voir si le Président de la Nahdha peut être le « Bourguiba » de l'Islam politique tunisien ! A suivre de très près... tout dépendra aussi de l'évolution de l'environnement proche surtout en Libye ! Vous savez beaucoup de Tunisiennes et de Tunisiens, avancent que c'est bien le Général « Essissi » d'Egypte, qui a poussé la Nahdha à changer son fusil d'épaule ! Je préfère ne pas les croire ! K.G