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Deux modèles de société en compétition !
Dans l'arène des nouveaux gladiateurs :
Publié dans Le Temps le 30 - 09 - 2012

La petite conversation de notre pétillant collègue Mohamed Boughalleb avec Cheikh Rached Ghannouchi, sur la chaîne TV « Al Alamia » est très instructive à plus d'un titre.
Le journaliste a été sans concessions avec le patron de la Nahdha et celui-ci n'a rien cédé sur l'essentiel. D'où notre quête de lire à travers les « mots » et de chercher à savoir à quel destin nous sommes promis par l'homme fort de la « Troïka » de plus en plus semblable à un de ce éléphants d'Hannibal portant sur son dos quelques aspirants à la figuration politique.

Au niveau de la stratégie deux vecteurs importants pour le Cheikh. La remise en selle de la culture islamique et son redéploiement comme support à son projet de « démocratie islamique » en Tunisie et barrer la route, coûte que coûte, à la montée du « Nida Tounès » et Béji Caïd Essebsi décrété ennemi public numéro un de la Nahdha conquérante.

M.Rached Ghannouchi maintient par conséquent sa « voie » du « dialogue » avec les salafistes même les plus irréductibles dont la « répression » devra être individuelle et non collective et justifiée par des actes tombant sous le coup de la loi. Là il marque des points dans la mesure où la punition collective telle qu'elle a été opérée par Ben Ali à l'égard de « familles entières » d'Islamistes n'étaient pas légitimes parce que prohibée par le Droit humain. Sur le même sujet, le Cheikh est d'une lucidité sans pareille :

« Si nous sommes au pouvoir aujourd'hui, et si la Nahdha dirige le pays c'est parce que Ben Ali a réprimé les militants nahdhaouis par milliers ainsi que leurs familles... jusqu'aux enfants et aux femmes, qui n'ont rien fait de répréhensible » et il continue : « Alors, si vous voulez que demain, les Salafistes prennent le pouvoir... vous n'avez qu'à les réprimer collectivement », a-t-il martelé ! Exact et... rien à dire !

Mais là, où il y a matière à critique et interprétation c'est son affirmation que « l'Islam » a été défiguré et « traumatisé » par 30 ans de Bourguibisme relayés par plus de 20 ans de dictature de Ben Ali. D'où sa stratégie de remettre à flots « L'Islam » qui est le plus apte à rééquilibrer le pays et le rénover.

Cette hypothèse de départ est de fait, la plus problématique, pour ne pas dire tout à fait fausse. D'abord, il faut préciser de quel « Islam » il s'agit ! Celui qui revendique la modernisation ou celui qui colle à la « tradition » et qui n'a plus rien à voir avec le siècle.

Par ailleurs le « Bourguibisme », a-t-il été si « destructeur » de l'Islam comme l'affirme l'idéologue n°1 de la Nahdha !

Ne faut-il pas reprendre l'hypothèse de départ en disant plutôt que Bourguiba a, certes, réprimé des « Islamistes » qui sont des citoyens et des acteurs politiques mais qu'il a aussi réformé l'Islam.

Le bilan de Bourguiba au niveau de son action et de sa réflexion sur l'Islam est à faire objectivement. Mieux encore, il faut faire l'inventaire de toutes les mosquées qui ont été construites du temps de Bourguiba, celles qui ont été rénovées et réhabilitées par milliers, l'instruction civique et religieuse qui a été non seulement maintenue mais développée dans nos écoles et nos lycées. Bourguiba a-t-il empêché quelqu'un de faire ses prières, de jeûner le Ramadan ou d'aller à la Mecque pour la Omra (petit pèlerinage) ou le Haj ? En revanche, il a appelé à « l'Ijtihad », une relecture de l'Islam, ses textes sacrés et ses traditions pour l'adapter au monde moderne. En cela, il a tout simplement continué l'œuvre de la « Nahdha » historique de Mohamed Abdou, Kheïreddine et Afghani au 19ème siècle.

Finalement, rien n'a changé, aujourd'hui. Nous assistons à une confrontation entre deux modèles de culture islamique : le premier porté par l'Islam politique intransigeant et qui croit que la société ne peut vivre en dehors du cadre des textes sacrés et des traditions tels que vécus aux premiers temps de l'Etat musulman et des successeurs du Prophète.

Le second, celui porté par la nécessaire adaptation des préceptes de l'Islam à la vie moderne et en particulier à l'organisation des pouvoirs dans la société et aux droits politiques des citoyens. D'ailleurs, le Cheikh imperturbable, et serein jusque-là, s'est fait épinglé par le journaliste qui lui a posé la « colle » de la désignation des leaders de la Nahdha aux postes de premiers plans au sein du Parti islamiste et ailleurs :

« Nous ne nous portons pas candidats aux postes... c'est « El Ikhwan » (les frères) qui vous proposent aux postes... » et le cheikh d'ajouter que cela est une interprétation d'une sourate du Coran. Mais, cette démarche nécessite un « remue-ménage » bien sérieux dans notre perception de la sélection politique telle que pratiquée au niveau des démocraties classiques surtout occidentales.

Par conséquent, nous assistons avec M.Rached Ghannouchi, au même déficit de la pensée arabo-musulmane qui n'a pas connu Montesquieu, John Locke ou Alexis de tocqueville. Peut-être que la relance de l'enseignement zeitounien qu'il revendique et soutient, apportera-t-il les réformes qui nous rapprocheraient, nous Musulmans, de la pensée universelle et de la pratique démocratique véritable. Mais, pour cela, aussi, il faut une volonté réelle d'ouverture sur le monde actuel et d'autres pédagogues que le Cheikh Laâbidi.

Le second volet de sa stratégie c'est l'isolation de « Nida Tounès » et son leader M.Béji Caïd Essebsi. L'appel du pied à tous les partis politiques et surtout à M. Néjib Chebbi, leader d'El « Joumhouri » qui pourrait être le « bienvenu », selon le Cheikh, à faire partie du futur gouvernement d'une nouvelle « Troïka » en gestation, fait partie de cette stratégie qui consiste à affaiblir « Nida Tounès ».

Là encore, le Cheikh ramerait à contre courant, parce qu'il ne fait que doper la progression de « Nida Tounès » qui a encore une marge de progression non négligeable. Ce qui est à notre avis prévisible, c'est de voir toutes les Tunisiennes et les Tunisiens qui ne s'intègrent pas dans le projet « islamiste » de refonte de l'Etat et de la société, aller droit au but, et voter « utile » en faveur de « Nida Tounès », estimée de plus en plus, comme le seul parti capable de faire jeu égal avec la Nahdha. D'ailleurs, l'emblématique député constituant M. Ibrahim Gassas, l'affirme à sa manière sympathique, en comparant la « Nahdha » à un « Tsunami » que seul Nida Tounès pourrait contrer.

Comme vous le voyez, les enchères flambent et des alliances se préparent à l'horizon !

Pourvu que cela se passe sans violence et dans le respect des règles du jeu démocratique, car jusque-là, on a l'impression que les hommes au pouvoir n'y croient pas !

Madame Hillary Clinton aurait demandé récemment à un de nos ministres : « Qu'avez-vous fait de la Révolution lumineuse du peuple tunisien ! ».

Eh bien ! avec elle, nous attendons la réponse pour ne pas dire que nous la connaissons déjà !


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