La grande figure de la chanson kabyle, le chantre algérien Idir, a fait un tabac, ce lundi 17 août, au théâtre plein-air du Festival de Boukornine. Dès son apparition sur scène, en jean et la guitare en bandoulière, il fut chaleureusement accueilli par les applaudissements tonitruants du public venu nombreux ce soir pour écouter les chansons amazighes. Les femmes poussaient des you-you et les jeunes l'acclamaient très fort en brandissant les drapeaux tunisiens et algériens, en signe de fraternité et d'union entre les deux peuples maghrébins. D'autres scandaient « A vava Inouva », cette chanson populaire datant des années 70 qui a été traduite en plusieurs langues et a rendu l'artiste très célèbre à travers le monde. Mais l'artiste devait interpréter d'autres chansons non moins belles qui avaient enflammé la foule, devenue aussitôt hystérique. Quoique les tubes présentés étaient en langue kabyle, les spectateurs semblaient les apprendre par cœur puisqu'ils reprenaient sans faille et à la grande surprise de l'artiste, les refrains de chaque morceau. L'artiste, accompagné d'une troupe composée d'un percussionniste, d'un organiste, d'un flûtiste et d'un guitariste, jouait lui-même de la guitare et parfois de la flûte. Dès les premières notes, ce fut le délire ! Chaque chanson est reliée à une histoire, à une anecdote ou à un souvenir personnel que l'artiste garde encore en mémoire et dont il faisait le récit avec beaucoup de poésie au public ; c'est ainsi qu'il chanta une chanson qui renvoie à sa petite enfance, une autre qui rappelle les années qu'il avait passées dans un internat d'Alger, faute de lycées secondaires en Kabylie. Encore une autre qu'il interpréta en hommage à sa propre mère, pour les sacrifices qu'elle avait consentis pour la famille, en la dédiant à toutes les mères en Tunisie. Le grand chanteur d'expression kabyle a enchaîné avec d'autres nouvelles chansons qui rappellent le vécu des kabyles, le paysage et les traditions des habitants, les fêtes foraines dans cette contrée montagneuse, jusqu'à l'arrivée de l'immortelle chanson, attendue de tous, « A vava Inova », qui fut d'ailleurs le clou du spectacle, et que les spectateurs chantaient en chœur, en se mettant debout. Bientôt, elle sera suivie de l'inoubliable chanson « Azwaw » (dont Cheb Mami a fait une version intitulée « Au pays des merveilles »), qui a mis tout le théâtre en effervescence. Mais de temps en temps, le micro est cédé à Thanina, la fille de l'artiste, une jeune voix douce, pour interpréter en solo des chansons, tantôt en amazigh, tantôt en français, comme « Lettre à ma fille », une chanson extraite de l'album « La France des couleurs », sorti en 2007 et qui relate le départ de la fille qui quitte pour la première fois sa famille pour aller rejoindre son mari pour la vie conjugale ! Une chanson très émouvante qui fut bien appréciée de la foule. L'artiste finit la soirée par d'autres chansons rythmées, mêlant les mélodies typiques de Kabylie, l'électro et le pop, délectant ainsi son public qui s'est mis à danser jusqu'à la fin du concert. Emu, le chanteur kabyle, s'est adressé en fin de soirée, aux assistants avec des paroles très amicales, heureux d'être encore une fois en Tunisie, parmi ses frères tunisiens.