Créées en 2005 par l'association Afrique-Méditerranée, les Rencontres cinématographiques de Hergla en sont à leur dixième édition. Cette nouvelle session aura lieu du 3 au 7 septembre avec la participation de nombreux cinéastes et avec des oeuvres qui proviennent d'une dizaine de pays. L'ouverture du festival cher à Mohamed Challouf sera sous le signe du cinéma syrien avec la projection d'une oeuvre de Mohamed Malass, d'ailleurs récipiendaire du Tanit d'or de Carthage à deux reprises. Le cinéaste syrien sera d'ailleurs au centre d'un hommage, en tant qu'invité d'honneur des Rencontres. Trois de ses films seront projetés devant le public très motivé de Hergla. Il s'agit de "Ombres et Lumières", "Sur le sable" et "Le rêve". Hergla accueillera d'autres invités d'honneur qui sont le Palestinien Rachid Mashaaraoui et le Sud-Africain Chris Austin qui montreront également leurs oeuvres au public. Par ailleurs, des hommages sont également organisés par cette session des Rencontres de Hergla qui honoreront tout d'abord la mémoire d'Albert Sammama Chikly, pionnier du cinéma en Tunisie. L'auteur de "Zohra et "Ain Ghzal", premiers films tunisiens tournés dans les années vingt, sera évoqué à travers une exposition documentaire qui retrace plusieurs aspects de sa vie et de son oeuvre cinématographique. La section ""Hommages" des Rencontres comprend aussi le Syrien Nazih Chahbandar et le Chilien Raoul Ruiz. Notons également la projection du film "Le camp de Thiaroyé" de Ousmane Sembene afin de servir de prétexte à un débat sur la mémoire de la Première Guerre mondiale en Tunisie. Une trentaine de films au programme Des films tunisiens, arabes, méditerranéens et africains sont au programme de la dixième édition des Rencontres cinématographiques de Hergla. Il est important de noter que quasiment la moitié des films au programme sont tunisiens et soulignent la richesse de la production actuelle ainsi que le caractère confidentiel de sa diffusion. Les jeunes cinéastes seront ainsi à l'honneur et auront l'opportunité de comparer leurs oeuvres et analyser leurs expériences. Cette dimension de forum donne à Hergla une identité ouverte ainsi que la mission de mettre en exergue une production nationale trop diluée lorsqu'elle est présentée dans le cadre des JCC. A maints égards, ce festival est comparable à celui de Kélibia, les compétitions en moins. L'idée de réunir et confronter les films dans une ambiance conviviale et studieuse, car tournée vers la lecture des oeuvres, donne en effet toute sa spécificité aux Rencontres de Hergla qui tiennent plus du laboratoire que du festival. De fait, Hergla continue à entretenir la flamme des ciné-clubs en privilégiant le débat, l'analyse et le contenu profond des oeuvres participantes. A ce titre, ces rencontres méritent plus que beaucoup d'autres le soutien - trop chiche- des pouvoirs publics. Conçues comme une plateforme pédagogique, les Rencontres de Hergla sont à l'animation cinématographique ce que les JCC sont au niveau de la promotion du septième art arabe et africain. Enseigner par le cinéma Véritable matrice, ces rencontres s'inscrivent d'ailleurs clairement dans la continuité des JCC. Il ne s'agit pas d'un hasard car le fondateur de ces rencontres, Mohamed Challouf, a toujours reconnu l'influence de Tahar Cheriaa, natif de la ville voisine de Sayada, sur ses choix de politique culturelle. A ce titre, la clôture des Rencontres permettra de rendre un hommage à Cheriaa à travers la projection du film "A l'ombre du baobab" que Challouf a consacré à son mentor et modèle. Plusieurs ateliers et sections enrichissent la programmation des rencontres et investissent aussi dans la pédagogie. Ce choix d'enseigner par le cinéma se justifie amplement lorsqu'on sait que le public de Hergla est essentiellement composé de jeunes lycéens et étudiants pour lesquels le cinéma est un espace de découverte et que le festival sort de la torpeur et de la lassitude des feuilletons et autres productions télévisuelles. Consolider les ressources du festival Reste, en conclusion, la sempiternelle question des ressources de ces festivals périphériques qui ont une identité bien plus solide que nombre de manifestations plus importantes. A Hergla, c'est l'avenir de la cinéphilie qui est en chantier, en réinvention perpètuelle. A ce titre, ce petit festival a tout d'une sorte de think tank, d'un forum où naissent idées et projets. La responsabilité des pouvoirs publics est de soutenir ce genre de rencontres bien plus fécondes que plusieurs mastodontes budgétivores. Pourtant, le département de la culture continue à rechigner à appuyer de manière conséquente ces petits festivals qui, par ailleurs, donnent une visibilité culturelle à des villes comme Hergla dont le patrimoine et l'histoire antique sont impressionnants. Aux animateurs de ce festival de savoir négocier un avenir fertile qui leur tend les bras. Aux instances du gouvernorat de Sousse et de la Municipalité de Hergla de consolider ce festival, né d'un défi et qu'une décennie de militantisme a inscrit durablement dans le calendrier culturel national. Sans doute, cette dixième session sera un succès. Il faudra toutefois inscrire ce succès dans la durée en consolidant les ressources de l'association Afrique-Méditerranée pour que les prochaines sessions permettent de stabiliser ce festival des plus attachants.