Finalement, cette tactique du « laisser-faire laisser-pourrir » semble convenir à bien du monde ! L'UGTT n'est pas pressée de décréter la trêve sociale car elle vise le changement du « modèle » économique, dont il ne reste plus d'ailleurs, grand-chose à part le laisser-aller intégral et la culture de l'assistance et du « parallèle » depuis la Révolution. Son attitude sur le volet « service public » est d'ailleurs, des plus contradictoires. D'un côté, elle veut protéger le service public et son patrimoine de la privatisation et de l'autre elle le livre à la vindicte des syndicats de base qui sont en train de lui porter des coups mortels. Rien qu'à voir le délabrement de tout ce qui est étatique pour s'en convaincre et la faute n'est ni celle des « PDG » accusés souvent gratuitement, ni celle des ministres en charge, mais des employés toutes catégories et personne ne veut en parler car le sujet est classé : « tabou-sacré » ! Les statistiques publiées de temps à autre sur l'effectivité du travail dans le secteur public, relèvent de la science fiction, et rien qu'à voir l'accumulation des « dossiers » dans des bureaux désertés par leurs employés, il y a de quoi désespérer du renouveau du service public. Les partis politiques, de leur côté, ne sont pas en reste et ils laissent « pourrir » pour accélérer le changement politique par la rue, qu'on attend au bout du ras le bol des masses jusque là silencieuses et faire la nature, afin de dégoûter les gens de la politique. De toute façon, les peuples n'ont que les gouvernements qu'ils méritent ! Certains analystes ont trouvé remède à cette sinistrose générale en appelant « à décréter l'état d'urgence économique » ! L'idée n'est pas mauvaise dans la mesure où après l'aboutissement « heureux » ou disons-le, au moindre coût du processus politique, il va falloir se pencher sérieusement sur le volet économique. Ce ventre mou de la Tunisie depuis toujours. Les gens ont souvent tendance à oublier que l'Etat national moderne à l'aube de l'indépendance en 1956 n'a pas hérité de la Californie ou de la Bavière ou pour être plus modeste de l'Andalousie espagnole. Malgré tout, ce qui a été fait et entrepris, la précarité et le sous-développement régional, côté dorsale Ouest et saharienne sont encore là et nécessitent un vrai sursaut économique d'envergure. Le réaménagement urbain, cette fois national du Nord au Sud et d'Est en Ouest, avec une vision stratégique pour le demi-siècle à venir est aussi une grande priorité. Le Premier ministre, Habib Essid a, enfin, dit tout haut ce qu'on a toujours souligné modestement dans ces colonnes depuis des années, que 40% de la population tunisienne vivent dans le Grand Tunis... et encore ! sans le génie et la détermination de Bourguiba qui a imposé le planning familial et la libération de la femme, on serait aujourd'hui plus de 23 millions d'âmes à vivre sur ce territoire qui n'a pas bougé depuis le tertiaire ! Même la « mer » du pétrole évoquée par le délire hallucinant des vendeurs de mirages, n'aurait pas suffi à faire vivre décemment notre peuple. Par conséquent, les problèmes ne sont pas aisés et risquent une accumulation croissante si on ne prend pas le temps et la peine de réfléchir, planifier et préparer la logistique du financement pour tous les projets présents et à venir. Mais, comment y arriver, alors que le bateau se fait naufrager par ses propres occupants ! A notre humble avis il faut décréter fermement « l'application de la loi » à toutes les parties quel que soit leur volume économique, social ou politique ! Un parti politique qui enfreint la constitution, qui défie l'Etat en brandissant les drapeaux noirs de « l'Etat islamique » terroriste doit être dissous sans état d'âme ni calcul politicien. D'ailleurs, ses promoteurs multiplient les arrogances malgré une mise en garde timide et bien « civilisée » (à l'excès) du porte-parole de la Présidence de la République, Moëz Sinaoui et déclarent triomphalement : « Ils n'oseront pas » (Lan yajraou !). « Les Boss » du parti « Tahrir », ont tout compris. Le déficit d'Etat est arrivé à un point tel qu'il n'est plus possible pour le gouvernement d'appliquer des lois douloureuses dans des secteurs dits « sensibles ». Alors on laisse faire et qui vivra... verra ! Ridha Belhaj peut dormir tranquille, son parti hors la loi ne risque rien ! Idem pour le volet social et les grèves sauvages. (Au fait, où faut-il trouver les grèves « non sauvages ») ! Chacun fait à sa tête et au bout du compte, M. Ammar Younbaï, ministre des Affaires sociales, finira par éteindre le feu, apaiser et surtout consentir les augmentations de salaires, qu'elles soient justifiées ou non, prioritaires ou non ! Autre proposition que nous formulons, pour détendre l'atmosphère encombrée par l'accumulation des dérives populistes et toute la pression des exigences, c'est de décréter « le jour de la Raison », au moins une fois par an, afin de faire comprendre aux Tunisiennes et aux Tunisiens que ce pays a des ressources limitées depuis la nuit des temps à cause de la géographie et de la turpitude des hommes. Et que seule la culture du travail a permis à ce rocher de survivre dans un environnement compliqué et souvent menaçant de l'extérieur ! Oui, aimer la Tunisie aujourd'hui, c'est ménager ses forces après les égarements d'une certaine classe politique et sociale, qui a perdu le Nord ! Alors, vivement la... raison salutaire ! K.G