On ne saurait mieux dire : Midani M'barki et Rebai Fathi sont deux artistes tunisiens qui ont pu tisser des liens culturels entre les deux rives de la Méditerranées grâce à leurs œuvres picturales. En effet, les deux se sont installés depuis les années soixante-dix à Montmartre, la ville française des arts, y consacrant leur talent et leur créativité pour faire apprécier au monde entier l'école montmartroise. Le premier, Midani, est fondateur de l'Association Paris-Montmartre et de la revue trimestrielle du même nom, connu surtout par ses œuvres abstraites qui représentent le monde en perpétuel mouvement entrainant le spectateur dans un tourbillon d'exaltation et d'ivresse. Le second, Rebai, est un adepte d'Henri Matisse, son père spirituel pour qui il est resté fidèle, à travers une bonne part de son œuvre. Il reste pourtant attaché à son origine, la Tunisie, où il revient souvent pour y exposer ses dernières créations. La femme et le jazz restent ses thèmes récurrents. On reconnaît sa peinture grâce à sa légèreté, à la gaieté des couleurs et au recours à l'abstrait et au figuratif à la fois. Outre leurs multiples expositions à travers le monde, les deux artistes exposent aujourd'hui leurs œuvres respectives en Tunisie. Si Rebai a exposé maintes fois en Tunisie, Midani, lui, y expose pour la première fois. Midani présente 32 œuvres en petits-formats dont la plupart ont été achetées comme des petits pains, soit par des collectionneurs soit par des passionnés de l'art, dès les premières heures de l'exposition. Des expressions libres et spontanées faites, dans un style sans contraintes, en acrylique ou en pastel, excepté cinq tableaux en encre de Chine, représentant le paysage parisien. Un travail abstrait, minutieusement exécuté où l'on remarque une richesse chromatique et un raffinement du tracé : le visiteur ne saurait être qu'irrésistiblement envoûté par ces petits miracles où tout semble en mouvement continu. Là, se trouve toute la force de l'œuvre abstraite de Midani à travers ces petits-formats captivants qui représentent une chorégraphie de signes plastiques riches en couleur et en lumière. « Je suis très heureux d'avoir l'occasion d'exposer pour la première fois en Tunisie avec mon ami Rebai, afin de faire partager ma passion avec mes compatriotes, nous a déclaré l'artiste, j'ai vraiment eu peur au début, non de ne pas vendre, mais surtout peur de décevoir le public ! Il s'avère que les gens venus aujourd'hui sont vraiment passionnés de l'art et savent apprécier les différents travaux que je présente aujourd'hui. » Quant à Fathi Rebai, il présente 17 œuvres plastiques en grands-formats. Les thèmes sont divers allant de la femme au paysage, en passant par le jazz. Cependant, on ressent facilement cette touche tunisienne et orientale dans presque toutes les œuvres. Dans d'autres, les empreintes de Matisse sont assez remarquables. Sa peinture aux lignes sûres et aux formes élégantes chatouille les sensations et invite au voyage, au rêve et à l'évasion. « J'adore Matisse, nous a-t-il confié le jour du vernissage, mais il faut comprendre Matisse. Quand les gens disent Matisse, ils pensent au collage ; mais pour moi, c'est sa spontanéité qui m'inspire le plus ! Il y a cinq ans, j'ai fait une exposition à Montmartre en hommage à ce grand peintre, à l'occasion du cinquantenaire de son décès, ce qui a provoqué une vive controverse sur Internet. Pour revenir à l'actuelle exposition, je tiens à vous dire que toutes les œuvres ici exposées ont été exécutées en Tunisie, mon pays que j'aime tant et où je viens chaque mois. A l'étranger, je suis toujours étranger, même si on me disait M. Fathi ! » Aussi peut-on saluer le sens du patriotisme chez l'artiste qui, d'ailleurs ne manque pas de peindre la Tunisie dans cette exposition où l'on peut admirer ses tableaux intitulés « Hammamet », « Femmes tunisiennes » et « Chaleur de Tunisie »