Il paraît que l'on s'est fourvoyé. Tout le monde s'est fourvoyé dans cette affaire. Il avait sans doute raison ; et on avait tout faux. Du moins, c'est le constat qui s'impose, après l'avoir entendu défendre, avec un flegme extraordinaire, l'idée que son parti : « Hizb Ettahrir », serait tout à fait compatible avec la Constitution tunisienne. Et qu'il fallait que l'on révise nos convictions, à l'aune de tous les arguments qu'il avait avancé, afin de justifier ses propos, lesquels viennent conforter la thèse, que la fameuse « Khilafa », serait susceptible de remettre le pays sur orbite, en le (re)plaçant sur le droit chemin. Duquel l'on aurait dévié, mécréants que nous sommes, pour suivre l'exemple d'un Occident « honni », qui nous aurait pervertis à dessein. Ah, les lumières, qui vont s'en venir balayer les ténèbres alentour... Foi de Ridha Belhaj et acolytes, qui rêvent, les yeux grands ouverts, à bâtir une Tunisie nouvelle: très avant-gardiste et moderne, reposant sur des principes universels, de liberté et de respect de l'humain. Quelle chance ! Cachons notre joie... Un véritable « morceau d'anthologie », s'il en est, l'émission dominicaine: « Li Man Yajrôo Faqat », avec un invité de cette prestance. Et ô combien édifiante ! Anticonstitutionnel « Hizb-Ettahrir »? Allons-donc : ils ont tout compris, et nous continuons par contre, de nager en pleine semoule. A l'instar de Raouf Ben Yaghlane, qui s'est emmêlé les pinceaux, en saisissant mal, dans l'esprit comme dans la lettre, le message essentiel d'un parti « progressiste », qui réserve à la femme tunisienne notamment, et aux artistes plus particulièrement, une place de choix. Entre la géhenne et le néant. En tout état de figure, le porte-parole de Hizb-Ettahrir pourra se targuer, grâce à l'émission de Samir El Wafi, d'avoir fait mouche. Il nous a convaincus. Nous ferons repentance. Et le suivrons volontiers jusqu'en enfer. C'est bien ce qu'il nous propose?