Créée en 1994 par Mohamed Ali Hamza et feu Cheikh Adel Zaouali, la troupe Nawaress El Aissaouia de Mahdia est actuellement, selon les dires de ses fondateurs, une des rares troupes respectant les règles rythmiques des Noubas et pouvant jouer des morceaux très anciens relégués à l'oubli par certaines autres Aissaouia. Cheikhs Adel et Mohamed Ali sont tous les deux, les disciples du Cheikh Ameur Jemmali. Nul n'ignore qu'à Mahdia, la Aissaouia n'est pas pratiquée dans des Zaouias particulières. Cette musique ancestrale est restée de transmission orale, jouée à l'occasion des fêtes de mariage ou de circoncision. Et, jusqu'aux années soixante-dix, la Aissaouia était consacrée aux cérémonies exclusivement masculines ; les femmes devaient se contenter d'émettre des youyous et de voir le spectacle par les fenêtres qui donnent sur le patio ou depuis le toit de la maison. Heureusement que de nos jours, les fêtes sont devenues mixtes ; les jeunes y trouvent une occasion de défoulement, sur une percussion fort entraînante lors des soirées de réussite au baccalauréat. Un petit aperçu sur la troupe ; Nawaress El Aissaouia est composée de musiciens et d'une chorale appartenant à deux générations perpétuant ainsi la transmission d'un beau patrimoine si cher aux Mahdois. Ont participé au spectacle du week-end dernier, cinq joueurs de bendirs dont , Jabeur Haj Said et Khaled Mustapha Hamza, trois percussionnistes (derboukas): Nizar Sayah , Adel Ben Salem et Fethi Chebbah sans oublier, Ezzedine Haj Khlifa (Zokra), Khaled Hamza (Tbal), Zied Hamza (ksaidy), quatre porteurs de Snajeks et onze danseurs filles et garçons, tous étudiants dans différentes universités. Le programme était composé de cinq noubas ainsi que de tableaux de danse, une sorte de transe, typique de la ville de Mahdia dont l'objectif est de faire connaître l'un des volets d'un patrimoine musical aussi riche que diversifié, « mais qui malheureusement n'est pas protégé dans son authenticité », selon les dires de Samia Ben Zineb, médecin radiologue et originaire de Mahdia, instigatrice du projet. Fortement imprégnée par le patrimoine culturel immatériel de sa ville, Dr Samia Ben Zineb a rappelé lors de sa présentation du spectacle, que son but était de protéger ce legs ancestral d'une dérive vers un folklore quelconque ne relevant d'aucune des règles pourtant bien établies depuis des siècles. Rappelons que la troupe, Nawaress El Aissaouia de Mahdia a obtenu lors de ces dernières années, de nombreuses récompenses, dont le 1er prix au festival régional de Sidi Alouane avec comme président de jury, Cheikh Mahmoud Ben Mahmoud, (1997) ; le 1er prix Sidi Essahbi du Mouled de Kairouan (2012) et le 3ème prix de « Forsen El Inched Eddiny », organisé par la chaîne Watanya 2, (2013). Belle initiative couronnée de succès !