La semaine politique a commencé doucement, à l'image d'un homme qui venait de tomber du lit en baillant. Tout a déjà commencé par un non évènement qu'est la démission du poste de secrétaire général de Nida Tounès. Pour ceux qui connaissent un peu le fonctionnement opaque du premier parti du pays, savent que cette démission faite en ce moment précis ne fera aucun bruit. N'étant pas à sa première démission, il faut attendre plus du côté de Nida Tounès pour parler d'un véritable évènement. C'est que le parti de Béji Caïd Essebsi, ne fait que des bévues et des écarts, l'un plus grave que l'autre. Sa destruction consommée, il n' en reste qu'un champ de ruines à partager entre le fils du « patron » et ses opposants. Comme la durée de vie de ce parti est déjà limitée et déterminée d'avance, seuls des candides ou des opportunistes s'accrochent à sa fausse survie. On ne réinvente pas la roue. Nida ne vaut rien, sans son président Béji Caïd Essebsi, qui n'a accepté d'en être l'un des fondateurs, qu'à condition d'en faire une belle machine pour Carthage, où il peut allègrement terminer sa carrière politique en beauté et, le cas échéant occuper le bureau ou le lit de Bourguiba. Il a choisi le bureau où il était reçu par le Fondateur de la Tunisie moderne, depuis qu'il avait fait partie de son gouvernement postindépendance. A cette époque BCE avait moins de trente ans comme âge. Aujourd'hui, les hommes de confiance d'Essebsi ont tous plus de soixante-dix ans. Œdipe vous en dira plus. Quelle misère !!! Vivement un Gorbatchev pour Nida ! Enfin, arithmétiquement ce parti de plus en plus mal vu par ses anciens supporters qui l'avaient porté au ciel en gagnant les législatives grâce au mot d'ordre du vote utile est fini. Hafedh Caïd Essebsi, soutenu par les hommes d'affaires qui faisaient la queue pour une audience avec Mehdi Jomaâ quand il était chef du gouvernement et même, juste pour un temps, après son départ avec l'espoir qu'il revienne en septembre dernier à la scène publique et exerce son droit constitutionnel de faire de la politique, comme tout citoyen ordinaire. S'étant limité à un Thinkthank, les hommes d'affaires pressés ont choisi leur poulain, Hafedh Caïd Essebsi. Or, s'il gagne la direction du parti du vivant de son père, il sera hors circuit et totalement oublié, après le départ du père de Carthage dans moins de quatre ans. Il semble que BCE a omis cette donne de ses calculs, car jamais les Tunisiens ne se plieront aux pratiques royalistes de l'héritage. La catastrophe est là. Non seulement, Hafedh n'a pas brillé par un quelconque passé politique, déjà, il n'apparait nullement dans les sondages. IL est fort probable que le fin politicien Béji a laissé faire le fils pour l'écarter de fait par la suite. Le clan Hafedh, ne sera facilement accepté par l'opinion publique. Quant à l'autre côté, il s'agit d'un clan où les animateurs ont trop d'ego surdimensionnés et chacun se voit successeur de BCE, à la tête du parti. Conclusion, quel que soit le prochain patron, de quelque bord qu'il soit, Nida, c'est fini ! Il faudra un véritable Gorbatchev pour parer à la disparition totale. Nida n'en a formé aucun. Report des divergences en attendant le sort de Nida Tounès Passons au deuxième parti du pays : Ennahdha. Ce parti a réuni son groupe parlementaire samedi dernier et renouvelé la présidence de son bloc à Noureddine Bhiri. Et après ? Deviendra-t-il, un parti laïc, à l'image des démocrates chrétiens européens ? Rien n'est moins sûr. Où va-t-on ? Ce parti dirigé avec finesse par Rached Ghannouchi, offre au public l'image de la « Jamaâ unie », tout en bouillonnant à l'intérieur. Il sait reporter la résolution finale de ses conflits jusqu'à ce que le destin final de son allié Nida soit scellé dans un sens ou dans un autre. Il sait profiter de toute situation et des erreurs de ses concurrents. Ayant appris les leçons de l'expérience désastreuse de ses frères égyptiens, il sait faire durer les choses. Le machiavélisme n'a pas de religion. Ainsi, dans tout ce qui intéresse le pays, les deux Cheikhs se consultent et font passer à leurs troupes les mots d'ordre adéquats. Même sort, même motivation et même logique entre les deux super-grands maîtres du pays. Leurs partis respectifs disparaîtront de la même manière, par la désaffection de leurs supporters respectifs qui n'arrivent pas à comprendre cette rapidité dans les changement de positions faisant des ennemis jurés d'hier, de grands partenaires politique d'aujourd'hui. Un Essid attentiste Quant au Gouvernement Essid, il gère les bêtises des autres pour en minimiser les coûts. Devant son carnet de bord, sécuritaire, social et économique Essid doit naviguer en haute mère où les agitateurs politiques, si nombreux, font déplacer des vagues. Le capitaine, à La Kasbah, a bien pris le pli, pour éviter au pays les grandes crises. Il tient compte des tiraillements politiques tout en agissant comme s'ils n'existaient pas pour éviter qu'ils intoxiquent la vie interne du Gouvernement. Tout en mettant les dernières touches de son découpage de l'organigramme du Gouvernement. Surprendra-t-il au bon moment. Que peut-il faire ? Tout ce que les hommes politiques le laisse faire en bien comme les réformes tant attendues... Une société civile à mettre à niveau Enfin, du côté de la société civile, durant la paix sociale espérée, l'UGTT et l'UTICA doivent profiter des deux ou trois années de paix sociales à décréter, pour moderniser leurs méthodes de travail, revoir leurs structures internes et les hisser au niveau des attentes d'une Révolution faite mais dont les objectifs sont loin d'être réalisés. En même temps, l'Etat paiera ses dettes tout en assumant ses tâches évidentes, routinières et nécessaires. Ainsi, le mouvement de modernisation et de mise à niveau sera général. IL n'y a pas que l'administration à réformer. Les partis politiques et autres grandes structures sociales ont, elles aussi, besoin d'un coup de balai qui enlève ce que la dictature a généré durant des décennies. Tout le monde a besoin de réussir sa propre remise à neuf. Pour être au diapason du 21ème siècle. L'échec est généralisé, ce qui a amené une quarantaine d'intellectuels d'appeler à la création d'un nouveau parti. Lequel ? Quand ? Comment ? Des questions restées en suspens, car les intellectuels ont dépassé leur rôle. Ils peuvent faire un constat d'échec. Mais ce n'est pas aux intellectuels de proposer le remède adéquat !!!