Un manque en quantités de pluies de l'ordre de 18% dans l'ensemble du pays et des excédents de production dans certaines filières comme le lait, les œufs, les viandes et les pommes de terre, telles sont les principales caractéristiques de la situation du secteur agricole, en ce moment, d'après le ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Sâad Seddik, qui parlait lors d'un point de presse tenu, hier, au siège du ministère. Il y a passé en revue les mesures prises en vue de préserver le bon rendement du secteur agricole en Tunisie, notant que grâce à ce bon rendement, la balance commerciale agricole et agroalimentaire a pu retrouver son équilibre en 2015, dans la mesure où la couverture des importations agricoles et agroalimentaires par les exportations agricoles a atteint 98%. Cependant, l'agriculture tunisienne continue de dépendre des conditions climatiques et souffre de dysfonctionnements structurels qui font que son rendement est instable et varie d'une année à l'autre. Au début de la rencontre, le ministre a exprimé la crainte que la rareté des précipitations, si elle continue, n'ait des effets négatifs sur la saison agricole. Parmi les secteurs affectés par les conditions climatiques, le ministre a signalé la production de l'huile d'olive qui atteindra, cette année, selon les estimations, 150 mille tonnes, contre 320 mille tonnes, la saison précédente, soit une baisse de 60%, tandis que la moyenne annuelle durant les 10 dernières années a été 185 mille tonnes. Les quantités exportées jusqu'à présent s'élèvent à 15 mille tonnes, contre 27 mille tonnes, pour la même période de l'année dernière, au moment où le quota de la Tunisie en matière d'exportations d'huile d'olive vers les pays de l'Union européenne a été porté à 86 mille tonnes par an au lieu de 56 mille tonnes. Cependant les quantités d'eau retenues dans les barrages sont satisfaisantes, atteignant 1116 millions mètres cubes. Traitement des excédents S'agissant des filières ayant enregistré des excédents et une production dépassant la demande, comme le lait, les œufs et les viandes de poulet, le ministre a signalé la décision portant sur l'autorisation de la reprise des exportations de ces produits, alors que l'importation du lait en poudre a été arrêtée afin d'encourager l'utilisation du lait frais tunisien dans la fabrication des fromages et des dérivées du lait, car l'excédent provient de l'utilisation du lait en poudre importé à cet effet, et ce parallèlement à la reprise des activités de l'usine tunisienne de production de lait en poudre avec une capacité mensuelle de l'ordre de 4 millions de litre. Il est envisagé d'instituer une prime forfaitaire pour la transformation du lait en poudre. Il a été décidé, en outre, d'absorber 3 millions de litres de lait frais par mois durant trois mois et de les distribuer au profit des familles nécessiteuses et des élèves. Des mesures ont été prises en vue de stocker l'excédent en pommes de terre afin de préserver les prix à la production contre un éventuel effondrement, sachant que les prix à la production des pommes de terre varient entre 350 et 400 millimes le kilo. Le ministre a signalé en outre les mesures prises pour absorber l'excédent en production de viandes rouges à travers des interventions de la société publique Ellouhoum, parallèlement à l'arrêt provisoire de l'importation des viandes rouges réfrigérées et congelées et des veaux d'engraissement. Toutefois, malgré ces excédents enregistrés dans les produits signalés, les prix à la consommation au grand public sont restés élevés et au niveau convenu pour les viandes rouges, le lait, les œufs ou encore les pommes de terre, entre autres, de sorte que le problème du marché tunisien ne réside pas toujours dans la production, comme l'ont fait remarquer spécialistes et agriculteurs, mais plutôt dans le fait qu'il est un marché faussé, n'obéissant pas à la règle de l'offre et de la demande et souffrant de dysfonctionnements structurels réclamant des réformes profondes . Ainsi, tout ce qui est attendu, à ce propos, est, comme l'a dit le ministre, la possibilité de réduire les taxes sur les dérivées du lait comme les yaourts, afin d'encourager leur consommation. En ce qui concerne la céréaliculture, le ministre a indiqué que les superficies réservées à ce secteur au cours de la nouvelle saison atteignent 1,2 millions hectares, contre 1,102 millions lors de la précédente saison, tandis que les opérations d'approvisionnement en matière d'engrais se déroulent normalement, soit le super 45, l'ammonitrate, et le dap (diammonium de phosphate).