L'Ordre des Ingénieurs Tunisiens (OIT) a organisé jeudi une conférence de presse placée sous le thème « Formation des ingénieurs et les moyens de la promouvoir ». Lors de ce point presse, de nouvelles décisions, prises à l'issue d'une réunion générale qui s'est tenue fin janvier, ont été annoncées, concernant principalement la levée de la suspension d'inscription au tableau de l'OIT infligée en 2015 aux diplômés des écoles privées et la mise en place d'un comité d'évaluation des établissements privés de formation d'ingénieurs. Ainsi, l'OIT est finalement revenu sur sa décision antérieure concernant le gel des inscriptions au tableau de l'Ordre des ingénieurs aux diplômés des écoles privées. C'est ce qu'a annoncé Oussama Khriji, président de l'OIT, au cours de la conférence de presse. Cette mesure avait été prise en 2015 suite à la grogne des élèves ingénieurs, soutenus par le Syndicat des ingénieurs tunisiens et la menace d'une grève générale de trois jours brandie en février dernier. Les inscriptions reprendront donc normalement pour cette année tout en incluant les diplômés des promotions précédentes. Ces mesures ayant pour échéance la fin de l'année universitaire 2015-2016. A noter qu'une Instance d'accréditation devrait prochainement voir le jour. En parallèle, il a été décidé de constituer un comité d'évaluation des écoles privées d'ingénieurs afin d'évaluer et valider leur adhésion aux cahiers des charges. Pour ce faire, quatre critères fondamentaux seront pris en compte, à savoir le taux des enseignants permanents ainsi que celui d'encadrement des étudiants, les critères aboutissant à l'inscription des étudiants et enfin la qualité des espaces et des équipements dédiés à la formation. En prenant ces décisions, l'OIT se positionne clairement en tant que garant de la qualité de la formation d'ingénieurs, en total accord avec la mission que ses fondateurs s'étaient fixés à sa création en 1982. Selon l'Article 9 de son statut, l'OIT veille à la promotion de la profession d'ingénieur ainsi qu'à la qualité de formation et contribue à l'évaluation des besoins du pays en ingénieurs dans le cadre des plans de développement économique et social. Il lui incombe également d'informer périodiquement l'administration des spécialités et des profils d'ingénieurs disponibles. Hausse fulgurante et précarité de la situation A l'origine de la grogne des ingénieurs et des élèves ingénieurs ainsi que des tensions enregistrées au début de l'année 2015, la nette augmentation, atteignant presque le double, entre 2010 et 2015, du nombre de nouveaux diplômés. Cette hausse conséquente est principalement due à la multiplication du nombre d'écoles d'ingénieurs. Actuellement, la Tunisie en compte 33 publiques et 33 privées. Alors qu'en 2010 le nombre d'ingénieurs tunisiens était de 4292, il a dépassé en 2015 la barre des 8500. Loin d'être positifs, ces chiffres laissent planer un doute sur la qualité ainsi que sur la rigueur de la formation. De plus, cette fulgurante augmentation du nombre des nouveaux diplômés a creusé, encore plus, le fossé entre l'offre et la demande, portant le taux de chômage à 10 à 40 % dans certaines spécialités du secteur. En absence d'adoption d'une stratégie claire malgré l'urgence d'une intervention et d'une prise de décision rapide, les étudiants des écoles d'ingénieurs publiques ont entamé, début 2015, des mouvements de protestation soutenus, appelant à la restructuration de l'enseignement supérieur des ingénieurs et à la mise en application d'une série de mesures visant à promouvoir la formation en ingéniorat, tant publique que privée et à appliquer les mêmes critères de qualité pour toutes les écoles d'ingénieurs. Ces mouvements contestataires ont eu un impact sur le bon déroulement de l'année universitaire 2014-2015 puisque les cours ont été suspendus durant près de deux mois.