Le couple artistique Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi continue de présenter leur pièce violence(s) à l'espace 4ème Art Tunis. Une pièce, produite par le Théâtre National Tunisien, où huit comédiens se livrent à une prestation sanglante. Un théâtre-fiction où plusieurs questionnements font surface, sur la citoyenneté, les acquis de la révolution des jasmins, le destin de la Tunisie en tant que pays mondialisé... Avec un texte riche assaisonné de fragments de poésie, les deux dramaturges, Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi mettent en avant les problèmes actuels auxquels la Tunisie fait face dont la violence , une pourriture issues d'une révolution démocratique qui génère tourmente et angoisse. Toute la pièce tourne autour du message métaphorique que l'explosion révolutionnaire déclenchée par l'homme a conduit à la création de l'homme monstre. Un homme incontrôlable dont les actes détruisent tout sur son passage. Deux heures durant, les acteurs dégagent de grandes émotions dans un jeu de comédien savamment dosé. Accompagné d'une musique bien synchronisée avec les scènes, l'acte des dramaturges est beaucoup plus intense et donne un autre sens plus profond à ces dernières. C'est la dernière scène qui reste gravée le plus clôturé par Jalila Baccar, muette, sans dire un mot en grimaçant. Cette scène est émotionnellement d'une puissance intense. Elle fait traduire combien le mal est inouï chez l'homme, combien il est violent, comment ce mal a le pouvoir de nous ravager jusqu'à étendre ses tentacules sur notre entourage. Une scène dramatique sans paroles mais à la portée incommensurable. Violence(s) une pièce qui alterne entre le relâchement et la retenue dans une narration fragmentaire, une nouveauté dans le monde théâtral qui se démarque de la narration classique.