Les préoccupations des familles des martyrs et blessés de la Révolution à la lumière des derniers développements qu'a connus l'examen de cette affaire par les instances judiciaires compétentes ont été, hier, au centre d'une réunion d'information organisée à l'initiative de l'association des familles des martyrs et blessés de la Révolution au siège des Archives nationales, à Tunis. Cette réunion s'est déroulée en présence de la présidente de l'Association, l'avocate Lamia Farhani, quelques familles des martyrs et blessés de la Révolution, ainsi que de nombreuses personnalités du monde de la justice, du barreau, et de la société civile, venues manifester leur soutien à la cause des martyrs et blessés de la révolution, dont la présidente de l'Association des magistrats tunisiens (AMT), Raoudha Grafi, le président de l'Observatoire tunisien de l'indépendance de la justice (OTIM), Ahmed Rahmouni, et la magistrate Kalthoum Kennou, ancienne présidente de l'AMT. La présidente de l'Association des familles et martyrs de la Révolution, Lamia Farhani, a indiqué que cette réunion se tient, deux ans, jour pour jour, après la prononciation des verdicts dans ladite l'affaire des martyrs et blessés de la révolution du Grand Tunis qui couvre 8 gouvernorats et celle des martyrs et blessés de Thala et Kasserine, par la Cour d'Appel militaire, le 12 avril 2014. «Des verdicts injustes, trop cléments et sans commune mesure avec les crimes réels commis par les accusés, à la faveur d'une requalification injustifiée des accusations portées contre eux », a estimé Mme Farhani, ajoutant que les jugements avaient suscité un tollé général et la consternation autant chez les familles des martyrs et blessés de la Révolution, que chez les avocats et l'opinion publique, en général, car tous les accusés ont été libérés après ces verdicts, soit parce qu'ils avaient passé la peine en détention préventive, soit parce qu'ils avaient été condamnés à des peines de prison avec sursis, ou encore bénéficié d'un non lieu comme pour l'ancien ministre de l'Intérieur de l'ancien président Ben Ali, Rafik Haj Kacem, au moment où Ben Ali avait été condamné, pour participation, à la prison à vie. Elle a rappelé le pourvoi en cassation déposé par la partie civile et la décision prise, à ce sujet, en avril 2015, par la Cour de cassation qui a accepté le pourvoi sur le plan de la forme et l'a rejeté sur le plan du fond, en cassant le jugement de la Cour d'Appel militaire et en ordonnant que l'affaire soit jugée de nouveau par un tribunal militaire autrement composé, sur le plan de la forme seulement, c'est-à-dire que la partie civile, soit les familles des martyrs et blessés, n' a plus, désormais, droit de cité, de sorte que l'affaire est rejugée sans la présence de la partie civile et de ses avocats. Elle a ajouté que la loi sur la justice transitionnelle est ensuite venue pour stipuler que les faits relatifs à la répression des manifestants lors de la Révolution sont de graves violations des droits de l'Homme et doivent être jugés par des chambres spéciales devant être créées à cet effet au sein des tribunaux de première instance relevant de la justice ordinaire ou la justice civile. Mais, a-t-elle indiqué, le problème consiste à savoir comment le tribunal militaire va se dessaisir de l'affaire au profit de ces chambres spéciales, et par quelles modalités ce transfert va avoir lieu, de sorte que les familles des martyrs et des blessés de la Révolution attendent encore ce transfert bien que les chambres spéciales aient été, déjà, créées. Sur un autre plan, la présidente de l'Association des familles des martyrs et blessés de la Révolution a indiqué que les familles attendent, aussi, la publication de la liste définitive des martyrs et blessés de la Révolution afin d'être tranquillisées, à ce propos, signalant que cette liste définitive a été dressée, et qu'elle est prête, depuis cinq mois, mais elle n'a pas été publiée jusqu'à présent.