Les tractations au sujet du « nouveau » gouvernement d'union nationale vont bon train, mais quelque part, nous risquons, côté certains partis politiques, velléitaires de toujours, une fable au goût du « Héron » de M.de la Fontaine. En effet, à force de faire la fine bouche et de poser des conditions, la « carpe » espérée risque de passer au colimaçon ! A vous de juger ! D'abord, cette opposition minoritaire qui dispose à peine d'une quinzaine de députés à l'ARP, et dont certains « leaders » (mon Dieu quelle dénomination atroce depuis la Révolution que celle du fameux « Kiyadi »), qui veulent tout et rien au nom d'une représentativité non institutionnelle mais aussi vague que les manifs de Rue à tout vent ! Vouloir imposer aux deux partis « éléphants » de ce pays, au vu des résultats des urnes de décembre 2014, que sont le Nida et Ennahdha la conduite à suivre, relèverait dans d'autres pays démocratiques de culture ancienne, de la pure prétention. Mais, comme ce pays a inventé l'autre culture millénaire du « Consensus », il faut accepter de gaité de cœur les fantasmes des « politiques » minoritaires enthousiasmés par les idéologies des années 50-60 du siècle dernier ! A croire que le confort de l'opposition est de loin préférable au charbon ardent de la responsabilité gouvernementale. Autre soutien ambigu, mais critique, à l'initiative présidentielle, celui de l'UGTT. La centrale historique de Farhat Hached, développe une évaluation négative du gouvernement Essid et s'accroche à ses fondamentaux de ne pas « cautionner », ni se « mouiller » avec un quelconque gouvernement, ce qui n'était pas sa politique du temps de feu Ahmed Tlili, membre du bureau politique du Néo-destour et ministre de Bourguiba, en 1956, ni du temps de feu Mohamed Kraïm, syndicaliste et proche de feu Habib Achour, le Secrétaire général rebelle et fougueux, très populaire et attachant auprès des masses laborieuses, qui était ministre de la Jeunesse et du Sport. Il y en avait aussi bien d'autres, dont le professeur Farhat Dachraoui et le militant de la première heure, Mustapha El Filali, ou enfin, le grand Mahmoud El Messaâdi. Par conséquent, BCE connait bien les méandres de l'UGTT et il sait que les temps ont changé, le syndicat national préférant le rôle de « pressions/propositions » que de s'impliquer à nouveau avec le gouvernement et les risques « d'échecs », dont il ne veut en aucune manière endosser les conséquences et l'impopularité. Rappelons, quand même, que le défunt secrétaire général Habib Achour, a été décisif par deux fois, historiquement au moins, la première au congrès de Sfax du Néo destour, où il a pris le parti de Bourguiba contre Ben Youssef et la seconde, quand il a soutenu le gouvernement Nouira au détriment de Ben Salah lui-même ancien secrétaire général de l'UGTT. Finalement BCE se contenterait peut être d'un « soutien » affirmatif de l'UGTT qui placerait discrètement quelques ministres « allies », calibre Ammar Younbaï ancien ministre des Affaires sociales, connu pour être proche de l'UGTT. Ennahdha, quant à elle, revient au soutien massif à BCE sachant qu'elle a été secourue à des moments critiques et décisifs par le président de la République qui est allé jusqu'à honorer de sa présence, oh combien symbolique, le dernier congrès « Show » de la centrale islamiste. Rached Ghannouchi sait plus que quiconque et surtout son premier conseiller Lotfi Zitoune, ce que Ennahdha doit à BCE sur les plans national et international et ce n'est pas son excellence l'Ambassadeur américain à Tunis qui risquerait de nous contredire ! Le Nida, quant à lui, n'a jamais digéré et accepté de gaité de cœur du temps même de M.Mohsen Marzouk, ancien secrétaire général, d'avoir été « séché » au gouvernement Essid, alors qu'il était vainqueur aux élections de 2014. Bien mieux, les « leaders » du Nida unanimes (sauf un... et comme au temps du général de Gaulle, les « uns » finissent toujours par gagner), dont les Nidaïstes estiment avoir été marginalisés et « spoliés » en se faisant écarter de la charge de diriger eux-mêmes le gouvernement après leur victoire historique sur Ennahdha et la Troïka ! Aujourd'hui tous soutiennent l'initiative de BCE, à une sensibilité prés celle, justement de M.Mohsen Marzouk qui ne donne pas de la voix et préfère s'occuper de « son » congrès dans un mois ou presque. Que reste-t il donc ! Le CPR... une « fourmi sur le dos d'un éléphant » aurait dit notre collègue humoriste feu Mohamed Boughnim, ou le parti de l'ancien Président de la République, Dr Moncef Marzouki et son « Harak », auquel je préfère mille fois, le « mouvement des citoyens » inspiré de M.Pierre Chevènement ancien ministre et socialiste – démocrate français. Ces deux formations viennent de communiquer leur rejet de l'initiative assimilée selon eux à une « manœuvre » de pure forme ! Mais ces partis ont presque disparus des sondages d'opinion et donc très peu crédibles dans les temps présents. Un dernier mot... et M.Habib Essid dans tout cela ?! Il espère bien orienter l'initiative du Président vers le remaniement « partiel » même d'envergure comme nous l'écrivions dimanche dernier. Mais l'initiative semble irréversible et engagée, et le changement pourrait s'accélérer avec les premières lueurs de l'Aïd ! Ceci dit les voies du Seigneur sont toujours impénétrables... surtout en politique ! Bon Ramadan à toutes et à tous... Nous avons là de quoi meubler ces belles veillées du mois Saint ! K.G