La ville du Kef dont on parle un peu plus souvent, des spécificités environnementales et culturelles, incite d'autre part à expliciter, dans une digression historique, quelques événements d'importance locale, voire régionale. Les ressortissants français qui avaient vécu en ville, durant l'ère coloniale , étaient pacifiques et entretenaient, avec les autochtones, indépendamment des exactions militaires de l'époque, des liens de citoyenneté et de respect. Camille Mifort, le plus jeune d'entre eux et qui n'avait de ce fait, pas vécu la période coloniale, était professeur coopérant au collège du Kef. Ayant adhéré aux mœurs de la collectivité locale, il devint l'ami de la nouvelle génération et notamment de ceux qui lui doivent, dans le domaine de sa compétence, une formation de base. Par nostalgie de la terre d'accueil, de nombreux Français qui avaient réintégré la métropole, ont créé, sous la présidence de Monique Saucourt , native du Kef, une amicale franco keffoise, dans la ville de Draguignan et à laquelle s'était joint Mifort, cadet du groupe. Ce qui est à souligner, c'est qu'après avoir quitté le Kef, Monique et Camille reviennent régulièrement, pour partager à nouveau, avec les autochtones , non seulement les éthiques de vie, mais aussi l'odeur et l'amour de la terre sur laquelle, ils avaient vécu, en toute sécurité. Ecrivain talentueux et prolifique, le ressortissant français est l'auteur de deux ouvrages « vivre au Kef » et « combattre au Kef en 1881 » dans lesquels il rapporte des secrets d'époque sur la complexité de la vie urbaine et les mœurs de ce temps. Il nous revient de souligner que les Français , nous ont laissé à leur départ , d'indélébiles souvenirs, en l'occurrence , Drdebauchez , le keffois kaddour , maitre Kalm Mme Scali , Arrighi , Sarfati , Mme Paollilo et d'autres qui avaient marqué par les soins, la générosité, la bonté, le civisme , l'éducation et la citoyenneté, la société civile du Kef . Monique et Camille effectuent chaque année et sans omission, une villégiature keffoise, une manière de pérenniser, dans la citoyenneté retrouvée, leurs relations avec les citoyens de notoriété locale. N'est -ce pas là un bel exemple d'une amitié franco keffoise qui renaît soixante ans après l'indépendance.