El Gusto, un ensemble réunissant les premiers élèves, algériens et français, du maître Mohamed El Anka, dirigé par le chanteur Abdelmadjid Meskoud, a enflammé récemment le théâtre d'Hammamet .Cette première soirée de l'orchestre était menée par cinq élèves du maître : Abdelmadjid Meskoud, Abdelkader Chercham, Rachid Berkani, Liamine Haimoun et Youba . Cet ensemble réunit des amoureux de ce style musical qui ont été séparés en 1962 lors de l'indépendance de l'Algérie, et qui se sont retrouvés en 2006 pour leur première scène au TNA. Depuis la production du film qui leur est dédié, la troupe d'El Gusto s'est produite dans de nombreuses villes du monde. Le public, notamment de nombreuses familles algériennes venues avec leurs enfants, n'a pas été avare en applaudissements. Le jeu harmonieux de l'orchestre en dit long sur un apprentissage des plus étoffés et une parfaite maîtrise dans l'exécution et l'interprétation de son répertoire constitué surtout d'œuvres du Châabi qui ont fait la réputation du groupe. Accompagnés de jeunes musiciens algériens aux violons, guitares et percussions, les cinq maîtres de la chanson algérienne Chaâbi ont démontré, devant un public nombreux, qu'il était possible de donner un spectacle raffiné, rythmé et puissant de ce genre musical. Une heure et demie durant, dix-huit musiciens algériens ont agréablement joué pour fournir à l'assistance des airs et des rythmes de la musique populaire algérienne. Après « Ahla Oua Sahla » le chanteur Abdelkader Chercham, accueilli par les You You et les ovations, a annoncé la couleur en interprétant « Al Haraz. » La voix chaude du chanteur et sa douce musique ont égayé le public qui a dansé longuement sur les gradins du théâtre de plein air d'Hammamet. « C'est toujours un plaisir pour moi d'être là, c'est également une preuve que le peule algérien et tunisien sont éternellement unis » a déclaré Abdelkader Cherchem. Cheikh Liamine, a, quant à lui, fait monter d'un cran l'enthousiasme de l'assistance avec ses mélodies très rythmées « El Djazair Ya Habibiti » et « Edounith. » La fête continuait avec Allal qui s'illustra par son tube « Chahlet Layani. » Très décontracté, cet ensemble a pu magnétiser le public avec ses belles chansons. A la fois douce et puissante, leur interprétation est en effet servie par les plus brillants paroliers. La profondeur du répertoire de ces chanteurs chevronnés, leur souci permanent de rénovation, font d'eux de dignes ambassadeurs de la chanson algérienne. Communion L'assistance a apprécié la voix de Youba qui enchanta le public par ses chansons « Rah El Ghali » « Kahwa Wella Latay », « Julietta » et « L'oriental. » Et là intervient l'humoriste de la troupe Mohamed Ferkioui pour nous dire que le verre du thé est beaucoup plus cher que celui du café, une manière d'amuser l'assistance. Le public a même surpris les musiciens algériens, en allant reprendre en chœur certains morceaux de ce genre bien algérois. Les You You des algériens, venus nombreux assister à ce concert, ont ajouté au spectacle, résonnent comme le pouls de l'Algérie profonde. Allal invite le public à danser. Il régala l'assistance par son tube « Alger Algéria. » Les spectateurs envahissent les allées libres du théâtre pour transformer les gradins en pistes de danse spacieuses. La musique irrésistiblement entraînante et incontournable d'Al Gusto bien dirigée par Timouh, laissait place aux désormais fatals "One two tree, viva l'Algérie" qui fusent de nos hôtes algériens. Dans une parfaite communion, le public est captivé par les rythmes endiablés et les percussions de l'orchestre accompagnant les chanteurs. La soirée s'est poursuivie jusqu'à une heure avancée de la nuit avec le grand succès « Ya Rayah » bien interprété par Chercham et Youba. Allal a remercié le public pour ‘‘tant de chaleur et d'hospitalité'' tout en saluant le caractère quasi miraculeux de l'exploit réalisé par Safina Bousbia qui a pu rassembler ce groupe de copains, pour la plupart septuagénaires, férus de musique Chaâbi.