Près de 90. 000 fonctionnaires recrutés en 2012 contre 9934 une année auparavant ! L'Equipement et l'Agriculture ont enregistré des augmentations respectives de 351,68% et de 307,28% du nombre de leurs fonctionnaires en 2012 Alors que le gouvernement s'apprête à prendre des mesures d'austérité pour réduire la faramineuse masse salariale dans le secteur public sur recommandation des bailleurs de fonds multilatéraux, FMI et Banque mondiale en tête, l'Institut national des statistiques (INS) vient de publier des données officielles précises et inédites sur l'évolution du nombre des fonctionnaires entre 2010 et 2014. Il en ressort que le nombre de fonctionnaires a atteint 591.173 en 2014 contre 435.487 en 2010, soit un surplus de 155.686 agents en l'espace de quatre ans seulement ! Fait encore plus surprenant: plus de la moitié de ces nouveaux recrutements ont eu lieu en 2012. Cette année durant laquelle une coalition tripartite dominée par le mouvement islamiste Ennahdha était au pouvoir, quelque 88049 ont été recrutés dans différents ministères contre 9934 fonctionnaires seulement une année auparavant. Le rythme de recrutements a par la suite baissé même s'il est demeuré au dessous des moyennes enregistrées avant la révolution: 25504 personnes recrutées dans la fonction publique en 2013 et 32586 personnes en 2014. Ces données révélées pour la première fois par un organisme officiel confirment les pratiques de « recrutements partisans» qui avaient été fustigées par l'opposition et les organisations de la société civile tout au long du règne de la Troïka. Une loi «exceptionnelle» relative au recrutement dans la fonction publique avait été en effet adoptée à l'Assemblée nationale constituante le 15 juin 2012 et promulguée par le président de la République Moncef Marzouki une semaine plus tard. Cette loi avait ouvert la voie aux recrutements sans concours des bénéficiaires de la loi sur l'amnistie générale adoptée le20 janvier 2011, six jours seulement après la fuite de Ben Ali. L'Union générale tunisienne du travail (UGTT) avait alors décrié des recrutements partisans, allant jusqu'à les qualifier de véritable opération de noyautage de l'administration. «Ces recrutements, effectués secrètement, n'obéissent ni à la loi relative au recrutement ni aux besoins des établissements concernés», avait alors déploré Sami Tahri, le secrétaire général adjoint de la puissante centrale syndicale. «Il est inéquitable et injuste de recruter des personnes qui n'ont pas le profil requis rien que parce qu'elles appartiennent au mouvement Ennahdha, au parti du Congrès pour la République et aux ligues de protection de la révolution, alors que des diplômés du supérieur, au chômage pendant une dizaine ou une vingtaine d'année, attendent les résultats des concours qu'ils ont passés», avait-il ajouté, cité par l'agence TAP. L'Union tunisienne du service public et de la neutralité de l'administration (UTSPNA) avait, quant à elle, révélé que «93% des nominations pour les membres de la Troïka dans le secteur public ont été en faveur des partisans d'Ennahdha». Le mouvement Ennahdha avait jusqu'ici minimisé l'ampleur de ces recrutements, notant que le nombre de bénéficiaires de l'amnistie générale recrutés en 2012 ne dépasse pas quelques milliers. Les données de l'INS montrent, par ailleurs, que le ministère de l'Education arrive en tête de liste des ministères qui ont recruté le plus entre 2010 et 2014, passant 162.447 à 230.009 fonctionnaires, soit 67.562 nouveaux fonctionnaires en quatre ans. Viennent ensuite le ministère de la Santé publique (55.863 recrues) et le ministère de l'Agriculture (49.598 recrues). Sur la seule année 2012, la palme revient aussi au ministère de l'Education avec 57.609 nouveaux fonctionnaires recrutés. En termes de variation sur un an, c'est cependant le ministère de l'Equipement qui occupe le premier rang, avec une hausse de 351,68 % du nombre de fonctionnaires. Au sein ministère de l'Agriculture où le nombre de fonctionnaire a augmenté de 307,28% alors que la présidence du gouvernement a vu ses effectifs croître de 260,9% entre 2011 et 2012.