Le substitut du président du Tribunal de première instance de Tunis a publié, hier, une décision stipulant la suspension des activités du parti religieux Hizb Ettahrrir pour une durée de trente jours. Cette décision a été prise suite à une plainte déposée par la présidence du gouvernement qui s'est basée sur la loi organisant les partis politiques et leurs activités. Cette loi stipule que le gouvernement doit avertir les partis du dépassement de leurs activités avant de procéder au dépôt d'une plainte. Ainsi, la justice tunisienne a entamé la dernière étape (suspension des activités pendant trente jours) avant la dissolution définitive du parti. Au cours de la journée du dimanche, des patrouilles policières se seraient rendus au local du parti, situé dans la ville de l'Ariana, et auraient arraché l'enseigne géante qui y était dressée. Selon Ettahrrir, les pompiers qui accompagnaient la police auraient refusé de prendre part à l'acte laissant, ainsi, les agents se débrouiller tous seuls dans leur mission. En dépit de ces actions et de cette décision, Hizb Ettahrrir semble avoir ignoré le verdict puisqu'une heure après sa publication, le parti a envoyé des invitations pour une conférence de presse qui sera tenue au cours de cette journée. La conférence, qui se tiendra dans le même local, aura pour objet la décision judiciaire à l'encontre du parti. Bien qu'il ne s'agisse pas de la première fois où Ettahrrir défie, ouvertement, l'Etat, cette fois, ses dirigeants ont tout-de-même évité de signer ladite invitation par leurs noms et ont juste marqué, en dessus du texte, le bureau médiatique du parti. Ayant obtenu son visa légal en 2012 – sous le gouvernement d'Hamadi Jebali – Hizb Ettahrrir a toujours adopté une attitude hostile à l'Etat, à son régime, à son drapeau et à son unité. Lors de ses deux derniers congrès annuels, Ettahrrir avait même brandi des affiches appelant à la tenue d'un Etat religieux abolissant l'Etat civil et les frontières. En début de cette année, et suite aux protestations survenues dans l'île de Kerkennah, le chef du gouvernement partant, Habib Essid, avait assuré, lors d'un passage télévisé, détenir des preuves matérielles prouvant l'implication directe de Hizb Ettahrrir dans les différentes violences qui avaient éclaté dans l'île. Plusieurs mois plus tard, la présidence du gouvernement a tenu ses engagements en lançant les procédures judiciaires nécessaires. Si la dissolution de Hizb Ettahrrir se concrétise, ce dernier serait le deuxième parti à être juridiquement dissout en Tunisie postrévolutionnaire après le Rassemblement constitutionnel destourien. Cependant, et vu la première réaction des chefs d'Ettahrrir, les autorités seraient probablement appelées à maintenir la pression et la fermeté afin que la justice soit respectée. Lorsque le ministère de l'Intérieur avait tenté d'annuler le dernier congrès annuel d'Ettahrrir, certains de ses chefs s'étaient autorisés de monter le ton contre l'Etat et ses institutions à coup de communiqués et d'interventions médiatiques. Aujourd'hui, il est du devoir de tout le monde, médias compris, de ne pas céder sous la pression et de permettre aux autorités d'appliquer la loi réagissant les partis et leurs activités.