Après une accalmie d'environ quatre mois, les remous reprennent de plus belle au sein du Mouvement du Projet Tunisie (MPT, Harakat Machrou Tounes). L'exclusion du député Walid Jallad, un député frondeur de cette formation née d'une scission de Nidâa Tounes, a ravivé les feux qui couvaient sous la cendre et provoqué une volée de bois vert contre les «pouvoirs pharaoniques» du secrétaire général du parti, Mohsen Marzouk. Dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion tenue mardi dernier, le bloc parlementaire Al Horra, a décidé de limoger Walid Jalled de ce bloc regroupant les députés démissionnaires de Nidaâ Tounes dont certains ont rejoint le MPT alors que d'autres tenaient à rester non encartés. Selon le communiqué, ce député est coupable d'avoir tenu des propos qui représentent une violation du règlement intérieur du bloc en question. Dans un statut publié sur le réseau social Facebook, le député évincé avait annoncé son retrait des Journées parlementaires du bloc tenues le week-end denier à Sfax en raison de «l'accélération suspecte du processus du changement du nom du bloc», notant que cette «décision précipitée et non concertée survient dans le but de camoufler de plus importantes divergences et failles au sein du mouvement». Le député a également estimé que son exclusion «a fait tomber le masque faussement démocratique de Mohsen Marzouk », tout en rappelant que «Nidaâ Tounes n'a jamais pris une décision de ce genre malgré toutes les attaques et insultes qui ont visé le président de la République et les membres de sa famille». Déficit démocratique et égo démesuré De leur côté, Mondher Bel Hadj Ali et Mustapha Ben Ahmed, deux autres députés du bloc Al Horra, se sont déclarés contre l'exclusion de Walid Jalled. «Par-dessus son caractère abusif, cette décision représente une atteinte à la liberté d'opinion et d'expression et aux principes fondamentaux de la Constitution», ont-ils indiqué dans une déclaration commune, tout en appelant les membres du bloc à reconsidérer leur position afin de préserver l'unité du parti. Fort de ce soutien, Walid Jalled a annoncé le lancement d'un «processus de redressement du MPT en vue d' «édifier un projet de parti patriotique et moderniste et de mettre fin au monopole de décision détenu exclusivement par le secrétaire général du parti Mohsen Marzouk». Lancée conjointement avec nombre de députés du groupe parlementaire et du parti, cette initiative intervient, selon lui, «en réaction à un déficit démocratique dans la gestion du parti et aux tentatives d'exercer une mainmise sur ses institutions» D'après le même document, Mohsen Marzouk cherchait à prendre le contrôle du bloc parlementaire et à faire du parti un instrument pour «affirmer son leadership et assouvir des ambitions personnelles et son égo démesuré». Sur les pas de Nidaâ Tounes ? Dernier épisode en date de la fronde contre les agissements de Mohsen Marzouk, la dirigeante du MPT Salma Znaïdi a chargé l'avocat Abdessattar Messaoudi, qui était lui-même un ancien membre du parti, d'intenter deux procès contre Mohsen Marzouk pour l'annulation des résultats des élections des membres Bureau politique et du Bureau exécutif. Selon la plaignante, les élections n'ont pas été démocratiques et malgré les contestations, il n'y a eu aucune réaction de la part de la direction du MPT. «Pour que justice soit faite, nous avons dû aller au tribunal. Nous avons donc déposé plainte contre le parti et non contre la personne de Mohsen Marzouk. J'insiste bien non contre Mohsen Marzouk. Mais puisque ce dernier est son représentant légal, c'est lui qui comparaîtra et répondra aux accusations», a-t-elle déclaré. Le MPT a déjà connu des remous au printemps dernier, lorsque la députée Fatma Mseddi et le membre du comité national de préparation du congrès constitutif Adnane Belhaj Amor ont claqué bruyamment la porte en raison d'«un déficit démocratie interne au sein du parti et de pratiques de copinage ». «Je ne peux rester davantage dans un parti sans orientations, dirigé par un «propriétaire» qui n'obéit qu'à la règle des copains et des coquins», avait notamment écrit Adnane Belhaj Amor dans sa lettre de démission. La multiplication de ces querelles de chapelle pousse certains observateurs à considérer que le MPT est en train de commettre les mêmes erreurs et de reproduire les mêmes faux pas du parti dont il est une excroissance.