* Près de 2,5 millions de quintaux de céréales abandonnés en plein air et les régions agricoles protestent De nombreux départements battent de l'aile, mais lorsqu'il s'agit des besoins du citoyen, il n'y a plus lieu de se taire, surtout que l'été se présente sous de mauvais auspices pour l'agriculture, la pêche et les ressources hydrauliques qui sont trois éléments cruciaux pour l'autosuffisance alimentaire. Il fut un temps où l'agriculture était choyée, surtout qu'elle représente un élément essentiel dans l'économie nationale. Mais, malheureusement, en cette année où tout le monde applaudit une récolte exceptionnelle, des millions de quintaux de céréales sont abandonnés en plein air. Pour ce qui est de la pêche, même les sardines sont hors de prix et le commun des mortels doit payer cher son poisson. En même temps, les citoyens sont privés des ressources hydrauliques qui sont, cette année, abondantes, du nord au sud du pays. Pourquoi est-on arrivés à ce stade ? Tout le monde se demande pourquoi le ministère de l'Agriculture, de la Pêche et des ressources hydrauliques n'a pas anticipé, pour résoudre certains problèmes, pourtant prévisibles, alors qu'il compte des sommités parmi les plus renommées dans le monde. Pourtant, tout le monde s'attendait à une récolte exceptionnelle de céréales, avec des quantités de collectées durant cette saison agricole où la récolte a atteint tous les records à environ 23 millions de quintaux. Cependant, près 2,5 millions de quintaux sont abandonnés en plein air en raison de problèmes liés à la faiblesse de la capacité du stockage et du transport. Afin de faire face à cette situation, une salle d'opérations a été aménagée au ministère de l'agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche dans l'objectif de fixer un programme d'actions pour les dix prochains jours et adopter un agenda d'actions quotidiennes, a affirmé le ministère de l'agriculture, Samir Taieb, lors d'une réunion tenue, samedi, au siège du département. Mais, n'est-ce pas un peu tard, monsieur le Ministre, surtout que le temps presse et qu'il faut s'attendre à des changements climatiques imprévus ? Le ministre a reconnu, au cours de cette réunion, que des problèmes structurels se posent aux niveaux de la capacité de stockage des centres de collectes (179 centres) et du transport ce qui a entravé la collecte rapide de la récolte. Certes, c'est bien de reconnaître ses erreurs, mais, faut-il, encore qu'il en assume les responsabilités de pertes. Une feuille de route sera également élaborée entre les différentes parties concernées, afin d'intensifier la coordination entre les différents intervenants dont les commissariats régionaux et les centres de collecte, de manière à assurer une meilleure exploitation de tous les centres de collecte régionaux. Il a été décidé en outre d'autoriser exceptionnellement, les camions à circuler avec la charge maximale lors du transport des céréales (35 tonnes), et d'occorder l'autorisation de transport de céréales à tous les transporteurs. Les gouvernorats du Kef et de Siliana sont particulièrement, confrontés à des problèmes de déficit de moyens de stockage avec des quantités importantes de céréales laissées en plein air. Le gouverneur du Kef, Mnawer Ouertani a, dans ce sens, évoqué l'existence de 2 millions de quintaux en plein air, soulignant que le transport constitue le principal problème ». A Siliana, plus de 600 mille quintaux sont délaissés en plein air, a précisé le gouverneur Abderrazek Dkhil, notant « qu'il faut accélérer l'opération d'évacuation ». Le taux d'évacuation de la récolte dans le gouvernorat de Siliana ne dépasse pas les 22%, selon le gouverneur. * * Outre les gouverneurs de Jendouba, Béja, Le Kef, Bizerte, Siliana et Kasserine, ainsi que le président-directeur général de la SNCFT et des représentants des organisations professionnelles ont assisté à cette réunion. A l'issue d'une réunion au ministère de l'agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche sur les problèmes entravant le stockage de la récolte céréalière, les décisions suivantes ont été prises, avec l'espoir qu'elles seront appliquées immédiatement : – Identifier les zones prioritaires et les points noirs où la récolte céréalière est abandonnée en plein air et adopter un calendrier d'interventions quotidiennes. – Former une cellule de suivi centralisé au sein du département de l'agriculture. – Mettre en œuvre un programme d'actions précises et un agenda quotidien couvrant les 10 prochains jours avec le suivi minutieux des quantités stockées en plein air. – Charger l'Office national des céréales de vendre les quotas des mois de juillet et août 2019 aux minoteries, en rajoutant 400 mille quintaux pour le stockage et se lancer immédiatement dans l'opération d'évacuation. – Généraliser l'opération de protection des céréales stockées en plein air, en recourant à des bâches. – Appliquer la décision du ministre du transport de permettre aux transporteurs non spécialisés de bénéficier des autorisations exceptionnelles pour exercer l'activité du transport des céréales. – Mettre en œuvre la décision des ministres de l'intérieur, de transport et de l'agriculture permettant aux transporteurs de céréales de transporter la charge maximum de 35 tonnes au cours de cette saison. – Accélérer le rythme du transport ferroviaire des céréales. Ce ne sont là que des calme-douleur et le ministre doit faire mieux pour préserver ces ressources céréalières. Pour ce qui est de la pêche, la situation n'est pas plus reluisante et la contestation bat son plein, dans cette profession, alors que, dans les marchés, les prix du poisson flambent de jour en jour, au point où les sardines ne sont plus abordables, avec des prix frôlant les cinq dinars le kilo. En plus, la Tunisie qui dispose de plus d'un millier de kilomètres de côtes n'arrive pas à satisfaire les besoins du marché local et elle est obligée d'importer de pays voisins. Au niveau des ressources hydrauliques, c'est pire, encore, et des régions du nord au sud du pays sont condamnées à la soif, en cet été où la chaleur a atteint des sommets sans pareils et sans précédents. Pourtant, l'année a été pluvieuse et le ministre nous avait gavé de belles paroles, annonçant que les barrages sont quasiment pleins et qu'on ne risque pas d'avoir soif. Une erreur, ça peut passer. A partir de deux, cela donne à réfléchir. Mais, à partir de la troisième, on ne peut que commercer à parler d'incompétence et d'absence d'une vision prospective.