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Crise économique et sociale : Blocage persistant… mais, pour quand le redécollage ?
Publié dans L'expert le 15 - 07 - 2019

L'EXPERT – Les Tunisiens gardent un espoir, malgré les aléas, parce qu'ils ont appris à espérer et pensent, toujours, que le pays peut redécoller, grâce à ses compétences et au savoir-faire de ses enfants. Mais, pour cette fois-ci, le redécollage tarde et le pays plonge dans le marasme et la crise économique. Cette situation est attribuée à plusieurs facteurs, surtout au niveau du manque d'initiatives claires et fondées, ainsi que de l'incompétence de certains responsables qui occupent de hautes responsabilités, alors qu'ils sont incapables de diriger, même, leurs foyers. Peut-on, quand même, continuer à espérer un regain de forme, alors que tous les analystes sont optimistes et que rares sont ceux qui présentent des solutions ?
« La crise économique et sociale que traverse le pays plonge ses racines dans un échec politique patent », a affirmé l'ex-gouverneur de la BCT, Mustapha Kamel Nabli, lors d'un débat organisé fin juin, sur son essai » J'y crois toujours, au-delà de la débâcle… une Tunisie démocratique et prospère » (Sud Edition, 2019).
« L'explication de cet échec réside d'abord dans la nature de la jeune démocratie qui a mis au pouvoir des personnes inexpérimentées, non préparées pour gérer une économie en transition. Certes, les observateurs étrangers font remarquer que le pays a relativement bien réussi sa transition démocratique, mais on ne peut pas réussir sur un seul plan et échouer dans les domaines économique et social, car les deux réussites sont étroitement liées », a-t-il indiqué.
En effet, Nabli a estimé que « trois faits importants ont marqué le cours des événements, à savoir l'arrêt de la production du phosphate et la paralysie de toutes les activités qui en dépendent, l'effondrement du secteur de l'énergie et les coups portés au tourisme par les attentats terroristes. Il s'agit de trois secteurs sinistrés ».
Le FMI et le plongeon vers l'inconnu de 2013 Et de rappeler que l'année 2013, a marqué un tournant pour le pays, c'est à partir de cette date, que la Tunisie est entrée dans le cycle infernal de l'endettement, notamment en recourant au FMI : un signe annonciateur d'une crise financière inévitable ». En 2014, la situation s'est encore détériorée à cause des attentats politiques et d'une vive tension sociale. Après l'élaboration de la nouvelle constitution et les élections d'une nouvelle classe politique
l'année 2015 promettait une amélioration de la situation sur tous les plans, mais il n'en fut rien. Bien au contraire, la Tunisie est entrée dans une nouvelle crise politique difficile à gérer, qui eut pour conséquence la fin de toute confiance dans l'élite dirigeante ainsi qu'une aggravation de la situation économique. Aujourd'hui encore, le pays est confronté à une exacerbation du déficit commercial, un recul de la croissance et une montée du chômage et des pressions inflationnistes ».
Pour l'ex-gouverneur de la BCT, « l'erreur qui a été commise par les responsables politiques a consisté à trouver des solutions au coup par coup, favorisant ainsi, celles à court terme alors que la crise est chronique. Une telle manière de procéder a enfoncé le pays dans l'endettement et aggravé la situation économique ».
« Chaque équipe au pouvoir a cherché à résoudre les problèmes économiques et sociaux à travers le recours à des solutions techniques inappropriées relevant du populisme et du souci de sauvegarder des intérêts personnels, alors que la solution doit être fondamentalement politique. Mais c'est la volonté politique qui a fait défaut ».
Un scénario miracle
Nabli a parlé d'un « scénario miracle » qui verrait le peuple accepter les sacrifices nécessaires au sauvetage du pays, encouragé en cela par l'exemple de tous, élite comprise.
Il s'est déclaré optimiste malgré tout, » 2019, année des élections présidentielle et législatives, ne marquera pas la fin de la crise. Dans le meilleur des cas, c'est avec l'année 2020, que nous pourrons espérer une prise de conscience de la gravité de la situation qui débouchera sur le déclenchement d'une dynamique de réformes sérieuses pour sortir de l'abîme ».
» La solution reste globale, elle nécessite d'abord, le bon diagnostic, et ensuite une détermination politique pour instaurer les réformes nécessaires aussi bien au niveau de la gouvernance politique qu'au niveau économique ».
Interrogé sur la nostalgie manifestée par certains aux régimes autoritaires, laquelle serait justifiée par les mauvaises performances économiques de la période post-révolution de janvier 2011, Nabli rappelle « qu'un pays dirigé par un seul homme fort présente toujours plus de risques qu'une jeune démocratie avec un pouvoir politique faible. Le dérapage dans le premier cas est plus coûteux pour l'économie, alors que dans une démocratie, il y a des forces de rappel qui jouent le rôle d'amortisseur pour atténuer les chocs « .
A ce propos, aussi, les solutions dépendent d'une administration performante capable d'anticiper et de trouver les solutions au bon moment et de pallier les défaillances. Malheureusement, en Tunisie, ce n'est plus le cas, avec des services administratifs dans l'attentisme et vivant un absentéisme et une léthargie néfastes.
Il suffit de voir les entraves à tout entreprenariat économique pour se rendre compte de l'ampleur du mal, avec les tiraillements politiques et la mainmise du mouvement islamiste Ennahdha qui ne cesse pas de faire des dégâts.
Halte aux clivages partisans
Le ministre de la fonction publique et de la modernisation de l'administration et des politiques publiques, Kamel Morjane, a souligné que la situation du pays et son expérience démocratique naissante nécessitent la neutralisation totale de l'administration, loin des rivalités politiques et des clivages partisans.
Morjane qui s'adressait à la presse, à l'issue d'une audition devant la commission parlementaire d'organisation de l'administration et des affaires des forces armées, a ajouté qu'il importe de prémunir l'administration contre toute action ou orientation politique, par souci d'intérêt général. Il s'est prononcé à ce propos sur la nécessité de revoir la nomination des gouverneurs, des délégués, des cadres régionaux et locaux issus du monde politique.
« La neutralisation de l'administration, en particulier régionale et locale, au service de la démocratie et de l'Etat moderne, ne peut être réalisée que par une formation scientifique continue à l'Ecole nationale de gestion, en faisant appel à la compétence et à l'expérience pour rétablir la confiance des citoyens loin de la politisation », a-t-il affirmé.
L'audition a porté sur la stratégie de modernisation de l'administration, les préoccupations de certains syndicats sectoriels et le statut des diplômés de l'Ecole nationale d'administration, ainsi que sur les progrès accomplis dans la révision de la législation sur l'emploi public afin de réformer le secteur.
En ce qui concerne le rapprochement des services administratifs des citoyens, Morjane a reconnu que le diagnostic établi depuis 2016 montrait un écart significatif dans le pourcentage de couverture administrative, ce qui oblige à reconsidérer le sujet dans son ensemble, indiquant que le taux national de couverture des services administratifs pour les citoyens est actuellement de 45%, alors que le taux ne dépasse pas 20% dans 65 délégations.
Instabilité dérangeante des responsables
En réponse à une question de la commission sur le statut d'un certain nombre de délégués et Omdas ayant repris du service après leur révocation, le ministre a qualifié le sujet de « dérangeant », évoquant le règlement des dossiers d'un certain nombre d'entre eux par le biais du recrutement et la poursuite des efforts pour rechercher des solutions à tous les cas.
Morjane a passé en revue d'autre part un rapport sur la stratégie de modernisation de l'administration et de réforme de la fonction publique, qui comprend notamment les axes les plus importants de cette stratégie, tels que la révision du statut des fonctionnaires, dans le cadre d'une commission paritaire réunissant la présidence du gouvernement et l »Union générale tunisienne du travail. Les travaux de la commission ont été soumis en mai dernier à l'avis de la centrale syndicale.
Concernant les volets sur la gestion des ressources humaines, la modernisation du système salarial et les corps de la fonction publique, le ministre a précisé que des équipes avaient été formées dans le cadre d'un projet de coopération avec l'Union européenne, qui opère début le mois de janvier dernier en coordination avec divers ministères et intervenants.
S'agissant de la stratégie de modernisation de l'administration, il a évoqué la mise en œuvre du plan de travail pour le projet des maisons de services administratifs pour la période 2019-2020, en plus du projet de cadre juridique régissant ces structures. Il a reconnu que le ministère manquait de continuité dans la réforme du service public et la modernisation de l'administration, ce qui a perturbé la mise en œuvre des réformes exigées.
Concevoir un modèle alternatif
Le constat de cet échec dans la gestion des affaires du pays a été fait par la FTDES) qui a présenté des solutions, mais va-t-elle être écoutée ?
Le modèle de développement actuel contredit les droits économiques et sociaux consacrés institués par la Constitution de 2014 et dont la réalisation requiert une forte culture de solidarité et un Etat garant de ces droits, a estimé le responsable du Département des études du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Abdeljalil Bedoui.
Lors d'une conférence de presse, tenue, à Tunis, sur le Thème » Quel modèle de développement alternatif durable, équitable et démocratique « , Bedoui a souligné la nécessité de » concevoir un modèle de développement alternatif dont les principales orientations doivent être soutenues par un minimum de consensus et qui doit faire valoir l'intérêt du pays « .
L'économiste a, par ailleurs, évoqué les défaillances du modèle libéral actuel qui était selon lui » derrière le creusement des disparités régionales et sociales, l'émergence des emplois précaires et la détérioration de la qualité des services sociaux « .
Il a épinglé le coût grandissant du modèle du développement actuel et les politiques de dumping qu'il favorise et qui ne servent aucunement les enjeux de la transition démocratique et économique. Le projet de modèle alternatif proposé par le forum se base, selon Bedoui, sur la rupture avec le dogmatisme ambiant et les considérations idéologiques spécifiques au modèle libéral mais aussi sur la nécessité de réformer l'Etat et les liens qu'il entretient avec la société et l'économie.
Pour ce qui concerne le diagnostic du tissu économique, Bedoui a souligné la nécessité de la transition du mode d'extension en mode d'intensification et d'un tissu économique éparpillé en un tissu cohérent intégré et complémentaire sur les plans sectoriel et territorial, ce qui est de nature à former un tissu économique plus développé.
Il a insisté sur la nécessité de donner au rôle de l'Etat la place qu'il mérite surtout dans le domaine des politiques sectorielles et la redistribution des richesses, avec la réalisation de grandes réformes au niveau de la relation de l'Etat avec la société et l'économie ainsi qu'au plan des relations internationales.
Redistribution des recherches
Bedoui a mis l'accent sur l'importance de l'adoption de politiques de répartition et de redistribution des richesses, depuis un modèle alternatif de développement qui fait des questions sociales un domaine axial faisant office d'un moteur de développement pour limiter les effets négatifs des choix néolibéraux.
Il a estimé que la mise en place des politiques de répartition et de redistribution actives et équitables des richesses demande d'accélérer la réforme du système fiscal garantissant le partage des charges fiscales d'une manière exhaustive à travers la soumission de l'économie informelle à la contribution à l'effort fiscal surtout que cette économie devient le monopole d'une grande partie des richesses, outre la lutte contre l'évasion fiscale et la spoliation de l'argent.
L'interlocuteur a jeté l'éclairage sur une partie du projet alternatif du développement dans ce dernier axe concernant le développement de la capacité du financement de l'économie, à travers l'augmentation de l'épargne nationale surtout l'épargne publique qui nécessite une réforme fiscale réelle, intégrale et équitable au niveau de la répartition des charges fiscales.
Il a insisté sur la nécessité de limiter le recours au financement étranger afin de réduire l'endettement extérieur, d'orienter les IDE vers les secteurs prioritaires et d'encourager l'investissement des bénéfices de ces projets à l'échelle locale.
Il convient de rappeler que le projet alternatif du développement, présenté dans le cadre de la conférence internationale, tenue sous le thème « quel schéma de développement, équitable, durable et démocratique », est un travail analytique effectué par le FTDES en collaboration avec des experts des représentants de la société civile, des organisations professionnelles et des mouvements régionaux et centraux sur un modèle de développement alternatif pour la Tunisie au cours de la prochaine étape.


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