Ce qu'à vécu et en train de vivre le monde actuellement à cause du Covid-19 est exceptionnel, et ses impacts sont importants. Entre confinement, et peur de la pandémie, notre mode de vie a été considérablement secoué, pour ne pas dire chamboulé. Le confinement sanitaire total décrété en Tunisie depuis le 22 Mars a eu et aura des impacts significatifs sur notre mode de consommation. Une situation inédite qui a engendré de nouvelles habitudes. Décryptage des principaux faits saillants de cette métamorphose. Les achats de panique et le retour du fait maison : Le phénomène le plus marquant au début et au cours du confinement général est sans doute cette folie des consommateurs pour l'approvisionnement en produits alimentaires. Ce sont les achats de panique, et qui sont justifiables vu le flou et la peur de la pandémie. Cette situation n'était pas propre à la Tunisie, et on a vu des scènes de rush dans les magasins et les grandes surfaces partout dans le monde. L'essentiel c'est d'assurer son approvisionnement des principaux denrées alimentaires, vu les limitations de déplacement durant le confinement. Les principaux produits achetés sont la farine, la semoule, les pâtes alimentaires, le lait, les produits d'hygiène et de nettoyage. On a même assisté à des scènes traduisant « une famine générale » avec des consommateurs qui s'arrachent les sacs de farine et semoule des camions de passage. Sur le plan des modes de consommation le « fait maison » a repris sa place dans la vie des ménages., En effet, les consommateurs ont repris le goût de cuisiner, le goût de manger ensemble et en famille, le goût des produits sains. Il est important de signaler à ce niveau que les dépenses alimentaires hors domicile représentaient généralement 29% des dépenses alimentaires globales. Les bonnes affaires du commerce électronique : Outre le Blackfriday, jamais le commerce électronique n'a connu un tel engouement. Durant le confinement, et vu l'interdiction de sortir, plusieurs consommateurs ont trouvé dans le commerce électronique un moyen rapide et efficace pour s'approvisionner. Selon nos contacts avec certaines plateformes de vente en ligne, le chiffre d'affaire a augmenté entre 30 et 40% par rapport au rythme normal. Des sites de commerce électroniques ont même était obligés de rallonger leurs délais de livraison. Sur la plateforme founa.com de l'enseigne Magasin Général, on donnait des délais de livraison d'une semaine après la commande, alors que d'habitude la livraison est effectuée le jour même. Plusieurs enseignes qui n'avaient pas d'interface de vente en ligne, ont été obligés à offrir ce service pour assurer un minimum d'activité. Des pages Facebook, ont même poussé comme des champignons durant la période de confinement, offrant des services de livraison à domicile de plusieurs produits. Au niveau de la livraison, et vu les restrictions de déplacement, la machine a tourné à plein régime. Un chef d'entreprise de vente en ligne m'a affirmé qu'il s'est lui-même investi dans la livraison en l'assurant avec sa propre voiture pour satisfaire les clients. A ce niveau on a même assisté à la reconversion des réseaux de transports des personnes telles que « intigo », ou « Tayssir » vers le transport de marchandises. Les principaux produits commandés par les tunisiens sont en premier lieu les produits électroniques et électroménagers, les produits alimentaires, les produits de nettoyage et d'hygiène. Cette ruée vers ces produits traduit les principales préoccupations des tunisiens durant le confinement à savoir se connecter et occuper son temps ou travailler à distance (pc portable), s'alimenter, et s'occuper de l'hygiène et de la propreté pour éviter la propagation du virus. Pour s'occuper durant le confinement et suivre l'actualité et l'évolution de la pandémie dans le monde, les tunisiens se sont scotchés à leur téléphones et PC. Pour occuper les enfants durant le confinement, on ne peut mieux trouver que les jeux électroniques et les jeux en ligne. Cette habitude a généré une hausse importante du trafic internet durant le confinement. Cette hausse a été évaluée par l'Observatoire de l'Instance Nationale des Télécommunications entre 15 et 20%. Une augmentation de la consommation internet qui a même poussé le ministère des technologies de la communication à appeler les consommateurs à rationaliser leur consommation en évitant les films en streaming ou les jeux en ligne durant les heures de pointe. Un communiqué étrange qui dénote de notre incapacité à assurer un service continue avec un bon débit, malgré les investissements réalisés. Ce communiqué est à mon sens à la limite du scandale, dans un pays qui se vante d'être connecté. Afin de défendre l'indéfendable et se rendant compte de la portée du communiqué, un responsable du ministère a affirmé que l'objectif était de garantir un bon débit pour le personnel de santé…..mon œil… L'épargne forcée face à la pauvreté : Avec le confinement sanitaire total, les opportunités de dépenses pour les tunisiens étaient restreintes Baisse des dépenses relatives à l'éducation (frais de scolarité, argent de poche, cours particuliers,…), les dépenses alimentaires hors domicile, les loisirs,….autant de dépenses habituellement engagées, sont restés dans les « bourses » des consommateurs. On ajoute aussi la baisse des dépenses des hydrocarbures Cloués dans leurs maisons, les ménages tunisiens motorisés, ont pu aussi épargner les dépenses liées à la consommation d'hydrocarbures puisqu'on a enregistré une baisse de 21% durant la période de Mars à Avril 2020, selon les chiffres du Ministère de l'Eneregie. Prenant en considération ces éléments il est légitime de parler de « l'épargne forcée ». Cette épargne a été estimée par l'Observatoire Français de la Conjoncture économique à 55 milliards d'euros pour les ménages français. Un expert de la consommation en Tunisie avait estimé ce montant entre 1150 et 1300 MD. Cette question d'épargne forcée généralement ne concerne que les fonctionnaires et les salariés dont les salaires sont versés périodiquement ou ceux ayant constitué une certaine épargne. En contrepartie, plusieurs ménages tunisiens ont été obligés de puiser dans leur épargne, pour ceux qui en ont, afin de subvenir aux besoins durant le confinement. Nous rappelons à ce niveau que l'épargne des ménages a enregistré durant les dernières années une chute importante passant d'un taux de 11.8% en 2012 à 6% en 2018. ou dont les revenus se sont arrêtés à cause du confinement général. Généralement le confinement sanitaire général a ancré encore plus le sentiment d'appauvrissement des ménages tunisiens, ce qui a poussé l'Etat à intervenir via des aides sociales, qui demeurent une goûte d'eau dans un océan. On dénombre aussi selon le FAO plus de 600 milles personnes dans une situation de malnutrition. Les constations qu'on vient de soulever doivent faire l'objet de plus d'analyses comportementales et sociales parce que l'impact de cette phase est très important au niveau des habitudes de consommation. Sur un autre plan, la consommation privée peut constituer un élément important pour la relance économique dans la phase post-confinement. Mais il fallait créer les conditions nécessaires pour ce moteur surtout à travers les salaires et les facilités au niveau des crédits de consommation.