De Londres à Strasbourg, les manifestations ont assiégé les lieux où se sont déroulés respectivement le sommet G20 et le sommet de l'Otan. Dans la ville citée en second lieu, pas moins de dix milles agents de sécurité français ont été déployés sur terrain afin de garder l'ordre. Les affrontements brutaux avec les manifestants de nationalités différentes ont renvoyé des images peu fréquentes sur la répression au cœur des démocraties les plus enracinées dans le monde : l'Angleterre et la France. Le monde est en colère, nul doute. En réalité, la situation actuelle s'apparente à une véritable défaillance planétaire…à un échec universel. Mais même dans ce cas, ce sont les acteurs les plus puissants et les plus influents qui assument la grande part de responsabilité. Car ce n'est qu'à un vrai décideur que l'on peut reprocher d'avoir pris la mauvaise décision. C'est ce qui explique peut-être la concentration du mouvement de la protestation autour de ces deux sommets, en particulier. Deux évènements qui sont censés réunir les leaders, les « policymakers », donc les vrais coupables aux yeux d'une large tranche des citoyens du monde.
Le G20 représente près de 85% de l'économie mondiale. Le premier objectif de la réunion des chefs d'Etat de ce groupe, à Londres, a été la réhabilitation du capitalisme financier. Rien que cela ! Mission impossible, certains ne tarderaient pas à commenter. A vrai dire, la barre semble avoir été fixée très haut pour une génération de dirigeants incapables de changer le monde. Et il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que la plupart, voire la totalité, des participants voulait sa part du gâteau, à la lumière de l'inéluctable repli américain. De telles aspirations auraient été probablement légitimes si notre planète allait mieux. Mais dans le contexte actuel, cela ne fait qu'accroître la rage des foules déçues et insatisfaites.
Pire, la crise mondiale de confiance qui était partie des marchés financiers semble tourner en un véritable scepticisme global. Même les décisions attendues, voire souhaitées, se voient aujourd'hui farouchement contestées. Ainsi, la décision du G20 d'injecter 500 milliards de dollars dans les caisses du Fonds monétaire international, a finalement donné lieu à une nouvelle génération d'interrogations sceptiques, pour ne pas dire soupçonneuses. Où serait réinjecté cet argent ? Sur quelles bases ? Et les critères seraient-ils strictement économiques ? Va-t-on continuer à instrumentaliser les mécanismes d'aide financière aux pays en voie de développement ? Autant de questions récurrentes qui prouvent que rien n'a été, en fait, résolu au fond. Au contraire, c'est la même histoire de gouvernance mondiale. Et la perplexité subsistera tant que cette problématique de gouvernance sera traitée en dehors du débat général sur une réforme de l'ordre mondial, toutes dimensions comprises.
Les protestations qui ont accompagné le second évènement, à savoir le sommet de l'Otan, le prouvent bien d'ailleurs. Bien que l'alliance soit loin de constituer un forum économique, la réaction des manifestants « Strasbourgeois » n'a pas été moins emportée. Le message est clair : les revendications, tout comme les déboires, vont au-delà de la sphère économique.