Fin de la visite papale au Proche-Orient. Elle avait suscité à ses débuts beaucoup d'interrogations. Obéissait-elle à des mobiles politiques ou était-elle un simple pèlerinage au berceau du christianisme, comme n'avait pas manqué de le souligner Benoit XVI dès sa descente d'avion. Il avait pris grand soin de le dire, un peu comme Ban Ki-Moon, le secrétaire général des NU, qui avait inscrit sa visite à Gaza meurtrie dans le seul contexte humanitaire. Cette première impression laissée par le pape a été encore corroborée par l'absence de toute allusion au drame de Gaza, dans son entretien avec le Roi Abdallah de Jordanie. Mais peut-on décemment faire l'impasse sur la dimension politique dans cette région tourmentée de la planète? Chef d'une communauté, l'Eglise catholique, qui pèse d'un grand poids sur le destin de l'humanité, il s'était contenté de propos frappés au sceau d'une haute spiritualité. Contrairement au souverain hachémite qui avait, lui, mis le doigt sur les points cruciaux du conflit. La déception du monde arabe était très grande. Mais petit à petit, Benoit XVI rectifiait le tir. Il a parlé de la nécessité pour les Palestiniens de se maintenir sur la terre de leurs ancêtres. Il a parlé également du blocus de Gaza. Et, surtout, il a évoqué la thèse fortement refusée par Israël, celle de deux Etats aux frontières bien délimitées, vivant côte à côte dans la paix et la concorde. L'accueil froid que lui a réservé Natanyahu en dit long sur ce passage de la dimension religieuse à la dimension politique. Et là, on peut affirmer que c'est un grand acquis pour la cause palestinienne.