C'est un grand ouf de satisfaction qu'ont dû pousser les chefs d'Etat et chefs d'Etat-major embourbés dans le conflit afghan à l'annonce de la victoire par défaut du président sortant Hamid Karzaï. Que voilà une épine qui vient de leur être ôtée du pied! Ils sont en effet débarrassés de deux choses. D'abord du vide politique qui faisait craindre une aggravation de la montée des Talibans sur la scène militaire, ensuite des réactions négatives que pourraient entraîner le soupçon de nouvelles fraudes électorales. L'on repartirait ainsi quasiment de zéro au plan politique avec l'espoir que, sous de très fortes pressions, Karzaï jouerait à plein la règle démocratique et gagnerait ainsi un peu de cette crédibilité qui lui avait fait défaut lors de ses années antérieures au pouvoir. L'annonce du retrait à quelques jours du second tour du rival Abdullah Abdullah, a-t-elle réellement contribué à assainir quelque peu la situation et à introduire de la transparence dans la gestion du pays? Certains en doutent. Car Karzaï pourrait considérer sa réélection comme un blanc-seing accordé par les puissances prenantes du conflit. Il pourrait donc récidiver, convaincu qu'il bénéficie aujourd'hui d'une certaine légitimité. D'autre part, la situation sur le terrain s'est tellement complexifiée qu'il semble impossible de remédier au chaos existant. Les appels du pied d'Obama aux éléments «modérés» des Talibans n'ont rien donné. L'intensification des combats rien non plus. Il apparaît de plus en plus que la violence est consubstantielle à la nation afghane.