La nouvelle tendance ne se démentit pas : Abu Dhabi, capitale des Emirats Arabes Unies, se met laborieusement et sûrement sur les traces de l'autre grande ville du pays, la fascinante Dubaï City. Les réticences du passé ont d'un coup disparu. A constater ce que Dubaï est devenu aujourd'hui, on ne peut que comprendre les ambitions de la famille qui gouverne Abu Dhabi, les Al-Nahyane. En effet, Dubaï est une mégalopole internationale et très moderne qui suscite les convoitises des investisseurs, des hautes compétences et des demandeurs d'emploi, de toutes les nationalités. Depuis quelques années, il est réellement devenu une destination très fréquentée des talentueux, des ambitieux et des rêveurs aussi. L'originalité de cette cité c'est qu'elle s'est mise à l'écart du modèle socio-économique qui règne dans les monarchies du Golfe, où le mode de vie demeure très marqué par l'abondance des ressources pétrolières. Car tout le développement et tout l'essor, le moins que l'on puisse dire, spectaculaires de cette ville ne dépendent pas du pétrole, contrairement à ce que nombreux le pensent. Elle constitue en fait une véritable plateforme internationale pour les services et les affaires, une place financière mondiale fort importante et une destination d'investissement très prisée. Par concurrence, voire par une certaine rivalité, Abu Dhabi, l'autre grand émirat et capitale du pays, semble être décidé de copier le modèle. Les chiffres peuvent tout expliquer. Abu Dhabi n'accueille que 24% de l'ensemble des investissements étrangers réalisés aux Emirats Arabes Unies. Ce qui est nettement au-dessous des aspirations de l'émirat-capitale. Plusieurs réformes touchant aux législations régissant le droit de propriété pour les étrangers et les participations dans les capitaux des sociétés sont actuellement engagées. Les objectifs primordiaux sont de drainer les investissements étrangers et de diminuer ainsi la dépendance de l'économie de l'émirat du pétrole, par la diversification des activités économiques. Une telle vision est basée certainement sur une réflexion prospective et anticipée sur l'après-pétrole. Tout est justifié en sachant que Abu Dhabi assure 9% de la production mondiale de pétrole. Le secteur pétrolier accapare à lui seul 353 millions de dirhams du PIB de l'émirat qui s'élève à 511 millions de dirhams ! Pour garantir des résultats rapides, aucun effort ne semble être épargné. A cet égard, l'achat du club anglais de football Manchester City n'est, à notre avis, qu'une grande action de marketing dans un domaine de showbiz par excellence. Ce n'est certainement pas par prodigalité que les nouveaux propriétaires viennent d'annoncer qu'ils sont prêts à débourser 100 millions de livres sterling pour faire de Man City le plus grand club de la Premier League. D'ailleurs, il n'échappe pas de souligner que des investisseurs de Dubaï insistent déjà, depuis deux années, à acquérir le club plus populaire, au palmarès plus riche, de Liverpool. Dans le même contexte, Abu Dhabi Media Company, bras médiatique du gouvernement de l'émirat, vient récemment de conclure un accord d'une valeur de 1 milliard de dollars avec de grands studios et producteurs hollywoodiens en vue de produire des films et des jeux vidéo. De tels partenariats reflètent, enfin, une parfaite conscience de la nécessité de changer le mode de vie dans l'émirat afin de pouvoir attirer les investisseurs étrangers et s'inspirent profondément de l'expérience de Dubaï. Cependant, cette transition n'est pas une tâche aisée dans un milieu remarquablement conservateur. En ce qui nous concerne, nous pouvons qu'espérer que l'essor attendu d'Abu Dhabi profite à certains de nos jeunes cadres et demandeurs d'emploi et que cet émirat se transforme, à son tour, à un grand investisseur dans la région arabe, à l'image de son voisin Dubaï.