La montée en puissance de la Turquie dans le cœur de la nation arabe constitue l'un des effets les plus marquants de l'odieux crime israélien perpétré contre la flottille de la liberté. Peu de gens s'y attendaient, il faut le reconnaître, persuadés que l'Etat hébreu n'oserait jamais arriver à cette macabre extrémité. En être réduit à telle folie montre d'ailleurs, comme nous l'avons dit dans un précédent éditorial, que non seulement il commet plus d'erreur qu'auparavant mais qu'il s'affole dès qu'un grain de sable se glisse dans les rouages de ses forfaits. Et du coup à chaque nouvel échec le front anti-israélien dans le monde se renforce. C'est dire donc que l'on ne s'y attendait guère dans nos chaumières. Ou si peu. Certes on observait avec sympathie le lent et inexorable changement de l'attitude d'Ankara en faveur de la cause palestinienne. Notamment depuis le bombardement de la Bande de Gaza et ses 1.500 victimes, on passant par la prise de bec entre Erdogan et Shimon Perez pendant le sommet de Davos et en arrivant aux efforts déployés pour impulser le processus de paix dans la région dans le sens de l'intérêt des Arabes. On sympathisait mais tout en étant dans l'expectative, sachant la difficulté qu'il y avait à effacer près d'un siècle de froid entre les Arabes et les Turcs. Un froid, faut-il le rappeler, qu'Israël, heureux de l'aubaine, a toujours cherché à attiser en un feu durable et néfaste pour la cause palestinienne et pour les intérêts de la nation arabe. Mais que dire aujourd'hui quand on entend le Premier ministre turc, Erdogan affirmer haut et fort que les relations avec l'Etat hébreu ne seront plus comme avant! Avouerons-nous dans notre for intérieur, nous autres Arabes que nous sommes mortifiés à tout jamais à force d'avoir avalé affront sur affront sans manifester la moindre réaction? N'y a-t-il pas dans la prise de position d'Erdogan un modèle de dignité et de courage que l'on devrait méditer? Surtout quand on voit un responsable israélien figurer dans un séminaire organisé dans un pays du Golfe au moment même où la soldatesque israélienne criblait de balles les corps des soldats de l'humain à bord d'un convoi qui porte, pourtant, le nom de «Liberté».