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La révolution libyenne et l'économie tunisienne
Publié dans L'expert le 04 - 03 - 2011

De réelles perspectives pour un véritable gagnant-gagnant

● Nos importations de la Libye totalisent plus de 1.2 milliards de dinars, principalement énergétique, soit 5% du total des exportations de la Libye
● La Libye est un marché important pour la Tunisie. On doit se préparer dès aujourd'hui à l'étape de l'après révolution

L'économie tunisienne a deux poumons par lesquels elle respire depuis des années : le marché européen et la Libye. Si l'union européenne vit encore sa crise économique mondiale, la Libye est en pleine crise, ce qui asphyxie l'économie tunisienne encore plus. Une économie qui souffre déjà d'une crise économique mondiale et l'impact encore persistant de la révolution du 14 janvier. Nous sommes donc une économie qui étouffe, pour ne pas dire qui agonise. La situation en Libye, va de pire en pire avec une population libyenne massacrée par Gueddafi, qui ne veut pas lâcher son siège. Les évènements chez nos voisins et qui s'étendent sur nos terres à travers les migrations à Ras Jedir, posent un nouveau problème pour notre économie, ce qui risque de nous plonger dans le chaos.

Une situation confuse
Les relations tuniso-libyenne ont connu au fil des années un renforcement croissant sur le plan économique, et politique ; malgré quelques perturbations «graves» de temps à autre causées par l'imprévisibilité du «leader» Moammer. Des relations qualifiées d'exemplaires, qui ont été renforcées par des relations humaines entre les deux populations. C'est dans ce contexte que les évènements en Libye ont un impact important sur l'économie tunisienne, surtout que la révolution dure depuis quelques jours et que son issue n'est pas claire, puisque Gueddafi est capable de tout faire. En tout cas, nous espérons un dénouement rapide de cette crise, pour éviter un nouveau bain de sang, et pour que notre voisin retrouve sa stabilité. La Tunisie s'est trouvée impliquée pleinement dans les évènements en Libye à travers les milliers de réfugiés qui se sont rués à Ras Jedir, issus de différentes nationalités. On suit avec prudence la situation dans ce pays, dont l'issu semble ne pas échapper à deux hypothèses:
- la démission de Gueddafi volontairement (difficile à croire si l'on se réfère à ses déclarations), ou son limogeage par la révolution dans une vaste attaque sur Tripoli.
- le déclenchement d'une véritable guerre civile entre l'Est et l'Ouest, et qui peut durer des mois. Un scénario qu'on prie pour qu'il ne se produise pas.

Des relations économiques très développées
La Libye est l'un des partenaires économiques privilégiés de la Tunisie. En effet, elle est le premier partenaire, au niveau maghrébin et arabe, et le cinquième à l'échelle mondiale. Les échanges commerciaux ont dépassé 2.2 milliards de dinars. En 2010, les exportations tunisiennes vers le marché libyen ont atteint 1050 millions de dinars. Il existe aujourd'hui plus de 1200 entreprises tunisiennes qui exportent vers ce marché. Certaines, au nombre de 50, ont choisi de s'implanter sur le marché libyen, comme le groupe Poulina. Les exportations tunisiennes sont principalement dans des domaines tels que l'agroalimentaire, le bâtiment, et les mécaniques électriques. La Libye accapare 5% de nos exportations, ce qui est important en comparaison avec d'autres marchés de la région.
On ne doit pas négliger à cet égard nos exportations de services, qui se manifestent principalement à travers le tourisme médical, et le tourisme de shopping et de vacances. En effet, plus de 1.7 millions de Libyens visitent notre pays chaque année. Ils ont un pouvoir d'achat important et font tourner plusieurs secteurs tels que l'hôtellerie, et en plus la location de maisons et de résidences. Le tourisme médical de son côté représente 5% de nos exportations des services et ¼ du chiffre d'affaires des cliniques privées tunisiennes. Certaines cliniques sont aujourd'hui au point mort, et il existe un réel danger pour leur fermeture. Dans un élan de solidarité louable, ces cliniques ont proposé de soigner les victimes libyennes des récents évènements, gratuitement.
De l'autre côté, nos importations de la Libye totalisent plus de 1.2 milliards de dinars, principalement énergétique, soit 5% du total des exportations de la Libye. Une quarantaine d'entreprises libyennes opèrent sur notre sol, pour un montant total de 2 milliards de dollars et employant plus de 3000 personnes. Ces entreprises opèrent principalement dans le secteur industriel, et d'autres dans le tourisme, en l'occurrence le groupe LAICO.
On signale aussi que la Libye accueille plus de 50 mille travailleurs tunisiens, qui ont pris depuis quelques jours le chemin du retour. Ce sont aussi 50 mille chômeurs provisoires en plus et des cas sociaux auxquels doit trouver des solutions, en attendant le retour au calme en Libye. On salue au passage le geste de la Banque Centrale tunisienne qui a accepté d'échanger des dinars libyens contre des dinars tunisiens, à hauteur de mille dinars, des travailleurs tunisiens de retour de ce pays.
La région de Ben Guerdane qui vit principalement des flux commerciaux avec la Libye est en arrêt depuis le déclenchement des évènements. Ce sont plus de 50 mille familles, qui travaillent directement ou indirectement grâce au marché libyen. On se rappelle les émeutes qui se sont produits l'année dernière à Ben Guerdane lorsque le colonel Gueddafi a décidé, unilatéralement et brusquement de fermer les frontières.

La nécessité d'un plan d'urgence
Plusieurs opérateurs économiques touchent déjà le fond, et sont dans une situation économique désastreuse. Une situation qui aura certainement un impact sur l'emploi. Alors que la Tunisie est en pleine ébullition politique, surtout après la démission de Mohamed Ghannouchi, les questions économiques n'ont pas retrouvé jusqu'à présent l'intérêt nécessaire. Des voix qui disent que si le politique se stabilise, l'économie suivra ensuite, alors que d'autres voix affirment qu'il faut régler les questions économiques, et le politique peut aller en parallèle. C'est ce débat qui divise une grande partie de la scène en Tunisie. Un débat «byzantin» qui risque de plonger le pays dans une situation très critique. La reprise doit être immédiate car il y a urgence. C'est dans ce cadre que les structures de soutien, professionnelles et étatiques, doivent retrouver leur cadence de travail et proposer leur aide et encadrement aux entreprises économiques ayant des difficultés. Ce sont principalement l'UTICA, le Cepex, l'UTAP, les groupements professionnels, et les chambres de commerce et d'industrie, qui doivent voler aux secours des entreprises.
De leur côté, les banques, et malgré les quelques pépins qu'elles vivent aujourd'hui, sont tenues de continuer à financer les activités des entreprises et proposer des rééchelonnements de dettes, et même des crédits à taux favorables, comme ils l'ont déjà fait avec les entreprises du clan Ben Ali et Trabelsi.
L'administration fiscale de sa part doit être plus clémente. Tout en prenant en considération les besoins actuels des finances publiques, il est nécessaire de retarder certaines exigences du devoir fiscal des entreprises, car la situation l'impose. La sécurité sociale doit aussi contribuer aux efforts de soutien aux entreprises en difficulté à travers le report de certaines échéances du paiement de la contribution patronale.
Le gouvernement Caïd Essebsi est devant un grand défi et doit mettre le dossier économique dans les priorités de l'action gouvernementale.

Penser à la Libye de l'après crise
La Libye est un marché important pour la Tunisie. On doit se préparer dès aujourd'hui à l'étape de l'après révolution. Les entreprises tunisiennes doivent maintenir le contact avec les importateurs libyens. Il est important de continuer certaines livraisons dans la région stable de la Libye (Benghazi), et retarder le paiement en attendant le retour à la normale.
Les entreprises tunisiennes doivent dès à présent préparer les études et les produits pour être les premiers sur le marché libyen, après la chute attendue du dictateur Gueddafi, et profiter de la proximité. On pense à ce niveau à des entreprises de l'agroalimentaire et du bâtiment.
On espère que la crise libyenne trouve une issue heureuse pour un retour rapide à la normale.


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