Après avoir été balayés, piétinés, réduits en poussière, les épis de l'espoir sont en train de renaître. La grande dissidence Juvénile qui, de la révolte était passée à la révolution, et qui a bousculé les désespoirs générés par une tyrannie sans pareille, l'une des plus impitoyables dans les annales de l'Histoire, cette dissidence Juvénile goûte aux saveurs d'un succès que ne lui conteste plus personne. Toutes les âmes éprises de justice, de liberté et de dignité sont prêtes aujourd'hui à chanter cette renaissance, à chanter avec. A chanter à l'unisson ce magnifique élan de vie que le martyre de Mohamed Bouazizi a fait naître en chacun de nous. Ce surgissement de la conscience au moment où le héros rendait l'âme, a eu lieu en réponse d'un appel venu de l'Au-delà. Si cet appel a été pendant un bon bout de temps rendu inaudible par des voix bassement vengeresses, qui en voulaient à tout prix à l'aurore naissante, il ne l'est plus aujourd'hui. Ce qu'elle réclamait, la rue elle l'a eu. Ou alors, si ces voix haineuses perduraient, la manière forte s'imposerait, manu militari, et on peut dire à ce moment là adieu à tout jamais à toute velléité de démocratie. Que ce soit pour notre pays ou pour tout le monde arabe. La persécution de la conscience n'en finira jamais. Car des Ben Ali, il y en a encore, il y en aura toujours. C'est le versant opaque de la nature humaine qui provoqué par intermittence des glaciations cloitrant l'esprit humain dans les carcans de l'obscurantisme et du despotisme. Répondant à l'appel du peuple, le Président par intérim, Foued Mebazaâ a annoncé dans un discours télévisé l'élection le 24 juillet d'une assemblée constituante qui dotera la Tunisie d'une nouvelle constitution. Le lendemain le Premier ministre confortait chez le citoyen tunisien la conviction forte qu'il pouvait mener le navire à bon port. Cinq mois c'est suffisant pour que la tâche soit réalisée. Certes la majorité des Tunisiens considère que l'on a perdu bêtement un mois et demi. Il y en d'autres pour qui, par contre l'extraordinaire fermentation des idées pendant cet intervalle de temps aura peut-être contribué à clarifier certains concepts à préciser certaines orientations à mettre l'accent sur les vertus du dialogue, et surtout à enraciner davantage chez le citoyen la notion d'intérêt général, la nécessité de l'union sacré la signification de l'engagement.
N'oublions pas que la langue de bois a fait des ravages inouïs dans le discours politique, opacifiant tout processus de communication, entravant les cabrioles de l'imagination créatrice. Et surtout instillant une peur qui ankylosait toute embardée hors du politiquement correct.
Maintenant que nous changeons de cap dans la courbe de notre destin et que nous arborons fièrement sur la proue de notre navire, les emblèmes des grandes valeurs de la démocratie et des droits de l'Homme, maintenant que nous ciblons fortement l'exigence de l'union politique, de l'équilibre social et de l'équité dans la distribution des richesses, attelons-nous à fendre résolument l'écume des flots tout en ne donnant aucune prise aux ennemis de la nation. Nous en connaissant aujourd'hui la capacité de nuisance. Un homme averti en vaut deux. L'autorité de l'Etat que M. Caïd Essebsi entend restaurer nous y aidera beaucoup.