· La révolution tunisienne qui ne date que d'une centaine de jours, vit une instabilité à plusieurs niveaux · les transferts des Tunisiens résidents à l'étranger ont, baissé de 12% soit 530 MDT sur les trois premiers mois de l'année.
« La révolution a un coût, mais n'a pas de prix », et notre pays est en train de payer les frais d'une révolution inédite dans l'histoire du monde arabe. La Tunisie a eu un grand coup de publicité en faisant sa révolution, et tout le monde a salué les jeunes tunisiens. En contrepartie, la Tunisie s'est faite une mauvaise publicité après la révolution, avec l'insécurité, les sit-in, les grèves, et l'instabilité politique. Cette situation a eu un grand impact sur l'économie, avec une baisse significative des Investissements Directs Etrangers depuis le début de l'année, ainsi qu'une réduction grave de l'affluence touristique. La situation actuelle qui règne dans le pays, à tous les niveau politique, économique et social ne permet pas d'être optimiste. Au contraire le pessimisme est en train d'envahir tous les esprits. Un climat d'instabilité Après chaque révolution, les pays vivent un climat d'instabilité. Donc la Tunisie ne fait pas l'exception. En effet, les révolutions sont comme une naissance, c'est beau à voir, mais c'est pénible. La révolution tunisienne qui ne date que d'une centaine de jours, et elle vit une instabilité à plusieurs niveaux. Premièrement, l'instabilité politique, qui s'est caractérisée par 3 gouvernements successifs, n'arrivant pas à convaincre jusqu'à présent. L'instabilité s'est manifestée aussi à travers le bras de fer entre l'UGTT et le gouvernement en premier lieu, et ensuite entre le gouvernement et la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution et de la transition démocratique. Ce dernier vient de se terminer avec un compromis autour de l'article 15 de la loi électorale. De son côté Farhat Errajhi, l'ex ministre de l'intérieur, n'a fait qu'ajouter un peu de trouble à la scène politique du pays suite à ses déclarations, pour le moins irresponsables. Deuxièmement, l'instabilité était sociale et s'est manifestée par plusieurs grèves qui ont touché plusieurs secteurs et entreprises publiques comme privées. Les sit-in et les manifestations des demandeurs d'emplois caractérisent encore le paysage social de la Tunisie. Troisièmement, l'instabilité est sécuritaire, et c'est la plus grave. Le pays vit chaque jour, et ce depuis le 14 Janvier, des évènements de pillages, de vols, d'incendie et de saccage de propriétés privées et établissements publiques. Depuis une semaine nous vivons le phénomène des fuites de prison, dont la dernière vient d'avoir lieu à Sfax. Ces instabilités ont largement perturbé l'activité économique, et l'économie nationale « agonise » aujourd'hui. Les indicateurs économiques communiqués par le gouverneur de la BCT envoient beaucoup de signaux d'alarme sur le futur de la Tunisie. Une baisse significative des IDE Suite à la révolution du 14 Janvier, les agences de notation se sont acharnées sur la Tunisie sans prendre en considération la transition démocratique qu'elle est en train de vivre. En effet, les agences de notation Moody's, Standard and Poor's et Fitch Ratings avaient abaissé la note de la Tunisie en raison des «incertitudes économiques et politiques qui pèsent sur le pays». Moody's justifie sa décision par «l'instabilité du pays, due au récent changement inattendu du régime, résultant d'une crise politique qui a débuté par des émeutes sociales». Elle avait insisté sur la poursuite des troubles et la situation politique «qui mettent en danger la stabilité du pays». A cause de l'instabilité la Tunisie a perdu énormément de son attractivité. En effet, les investissements étrangers ont atteint au cours du premier trimestre de l'année 2011, 338,5 MDT contre 475,6 MDT durant la même période de 2010, soit une baisse de l'ordre de 29,7%. Plus de 34 entreprises étrangères ont mis les clés sous le paillasson et on quitté le pays à cause de l'insécurité ou des mouvements sociaux. D'autres menacent de le faire si la situation perdure encore. Avec toutes les défaillances du milieu des affaires sous l'ère Ben Ali, la Tunisie a été un site important d'investissement, et attiré plus de 2 milliards d'IDE en 2010 et ce malgré la crise. Aujourd'hui plusieurs investisseurs déjà implantés ont reporté leurs projets d'extension de leurs activités, et d'autres ont orienté leurs projets d'investissement vers d'autres pays concurrents. Les investisseurs manquent de visibilité sur l'avenir politique et économique de la Tunisie, face à un déficit flagrant de communication de la part du gouvernement de transition. Même, la FIPA ne fait pas d'efforts palpables pour redonner confiance aux investisseurs et promouvoir le site Tunisie après la révolution et la nécessité de miser sur le futur du pays. Même les Tunisiens résidents à l'étranger semblent perdre confiance dans leurs pays. En effet, les transferts des Tunisiens résidents à l'étranger ont, baissé de 12% soit 530 MDT sur les trois premiers mois de l'année. Un constat qui pose plusieurs points d'interrogations. Le tourisme ne fait plus recette Notre pays était une destination touristique importante, aujourd'hui les temps sont difficiles pour le secteur. Le rendement du secteur touristique a baissé de 45 à 55%, entrainant la fermeture totale de plus de 60 hôtels, et d'autres tournent à moins de 40% de leurs capacités. Cette situation a causé la perte de plusieurs milliers de postes d'emplois. Les efforts du ministère du Commerce et du tourisme ne portent pas leurs fruits jusqu'à présent et on semble rater « les vagues » de réservations, comme l'annonce à chaque fois le ministre du tourisme, qui « surfe » encore dans son ministère. Les évènements en Libye ont aussi pénalisé le secteur, tout en sachant que chaque année plus de 1,5 million de touristes libyens visitent notre pays. Aujourd'hui nous attendons nos amis algériens pour sauver la saison. Le tourisme ne fait plus recette et les touristes français, principaux clients boudent cette destination. En effet, selon un sondage CSA, 44% des Français interrogés qui comptaient se rendre en Tunisie dans les 12 prochains mois vont changer de destination et d'autres pays vont bénéficier de ce boycott. Ils ne seraient que 9,8 % à avoir décidé de maintenir leur voyage, dont 3,3 % « en dépit des troubles actuels », et 6,5 % « dès la fin » des troubles. Le climat des affaires va-t-il s'améliorer ? La Tunisie, dans sa situation actuelle, n'est plus attractive, pour les investisseurs comme pour les touristes. Mais avec la chute du régime corrompu de Ben Ali, le climat des affaires va certainement s'améliorer avec l'introduction de plus de transparence et de célérité dans l'action administrative. C'est pour cette raison qu'on pourra espérer dans le moyen terme, que la Tunisie reprenne son attractivité. Tout est tributaire de l'amélioration de la situation sécuritaire et de la stabilisation de la vie politique. Les investisseurs doivent prendre en considération cette donnée de taille et miser sur notre pays, avant qu'il ne soit trop tard.