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Le crépuscule des tyrans
Publié dans L'expert le 18 - 04 - 2011

En cette aube du XXIème siècle, alors que personne ne s'y attendait, un vent de fraîcheur juvénile a soufflé sur un pan important de la carte planétaire. Un chapelet de tyrans ont sauté comme un bouchon de bouteille, cédant la place à de vivifiantes expériences démocratiques. D'autres quitteront la scène dans peu de temps. C'est de bon augure pour la suite de l'écheveau de l'histoire humaine. Du moins, c'est ce qu'espèrent de tout leur cœur les démocrates du monde.

Les astrologues, qui investissent copieusement les médias en fins d'années pour y prononcer leurs oracles, n'y ont rien vu venir. Les grands «visionnaires» politiques n'ont pas fait mieux. Sarkozy, Obama, Cameron et cie, les signes avant-coureurs du tsunami leur sont passés sous le nez sans qu'ils se soient rendu compte de quoi que ce soit. Au point que, peut-être dans une réaction d'orgueil de s'être laissé flouer, ils ont nié, au début, la réalité abrupte des faits, considérant l'étincelle qui avait enclenché en Tunisie la grande colère révolutionnaire, comme une vétille, sans lendemain et sans profondeur. Et pourtant la moisson allait être exceptionnelle. Miraculeuse. Unique même dans le long fil de l'histoire de l'humanité. Annonçant le crépuscule des tyrans.
Egrenons-en le chapelet: Ben Ali, Moubarak, Gbagbo et bientôt Ali Abdallah Salah et très probablement Kaddafi, qui mordront, vu les crimes et forfaits commis, la poussière, déboulonnés par la force magique et sémantique du fameux «Dégage!» Il y en a un sixième, inscrit dans la liste d'attente mais qui pourrait échapper au massacre, bénéficiant d'un environnement protecteur. Il s'agit du syrien Bachar Al-Assad, bien cuirassé par le voisinage immédiat de la Turquie, et celui, un peu plus éloigné, de l'Iran et du Hezbollah. Mais, diront certaines gens, il ne perdra rien pour attendre tant le raz-de-marée semble, à plus ou moins échéance, inéluctable, irrépressible! Mugabe, Ahmeddinejad ne disposent, en effet, que d'un sursis tant le vent de la liberté semble difficile à contenir selon une vision optimiste de l'Histoire. Car il y en a une autre, pessimiste celle-là, pour dire que si la tyrannie et le despotisme sont en perte de vitesse au niveau des individus et des partis, ils n'ont rien perdu de leurs nuisances au niveau des Etats. Car qu'est-ce les Etats-Unis ou Israël si ce n'est des sources d'arbitraire à la puissance infinie. Qui oserait adresser la moindre récrimination à ces deux pays sans encourir leur ire?

Comme l'atome dans la matière
Mais, puisque en Tunisie, la révolution semble bien résister aux tirs croisés de ses ennemis, gardons notre optimisme et énonçons une vérité de plus en plus évidente, une vérité avec un grand V: plus aucun peuple n'acceptera désormais le joug de la dictature, plus aucun peuple ne se fera ravir sa dignité, n'acceptera l'humiliation, ne se fera émasculer. Et c'est cela la grande leçon offerte au monde par la petite, mais néanmoins grande, Tunisie. On en a vu l'onde se répercuter jusqu'aux confins de la planète. La Chine, dit-on, en appréhende les effets dévastateurs le jour où la peur disparaîtra de l'Empire du Milieu. A la mutation numérique répondra nécessairement la mutation démocratique. C'est la loi de l'avenir. Celle qui énonce le nécessaire ancrage dans nos cœurs et nos consciences, comme l'atome dans la matière, des valeurs humaines suprêmes. «L'éternité est là, dit Breton, comme nulle part ailleurs, appréhendée dans l'instant même». Car cela ouvre généreusement le cœur à la fraternité, à la solidarité, au sens du partage et du respect de l'Autre.
Mais revenons à ce fait unique dans l'histoire, cette chute en série de dictateurs et de potentats en si peu de temps. Ce n'est pas la peine d'évoquer le rôle prépondérant joué par les réseaux sociaux d'Internet. Cela a été abondamment commenté dans la mesure où cela inaugure une nouvelle ère au cours de laquelle des bouleversements auront lieu à tous les niveaux du vécu. Mais penchons-nous plutôt sur l'itinéraire de ces hommes qui ont choisi d'asservir leurs concitoyens et de les plier à leurs quatre volontés. Ce qu'il y a de plus troublant c'est la similitude dans leurs façons d'imposer le carcan.
Tout d'abord, ces despotes s'imposent à l'occasion de l'avènement d'une période de désordre politique, ou économique ou social. Nantis d'un art consommé du maquillage et forts de leur capacité à se draper dans une bienveillante mâtinée d'hypocrisie, ils se glissent dans les interstices du réel, attendant avec une patience remarquable l'occasion idoine pouvant favoriser leur projet prédateur. Pour ce faire, ils se présentent comme les hommes providentiels que le bon peuple, dans sa naïveté première est censé accueillir comme des libérateurs. Et de fait, il se passe un bon intervalle de temps où ils se plaisent à prendre les mesures les plus bénéfiques, les décisions de salut public à engager les actions permettant le contact direct, la communication avec toutes les couches de la population.

Enfermement de la nation
En une deuxième étape, s'étant déjà assurés de l'adhésion de la nation et de la mise en veilleuse, (une mise en veilleuse menée benoitement et en douceur), des voix susceptibles de troubler le bel ordonnancement du régime établi, ils entreprennent de manipuler le texte de la Constitution, de le tripatouiller patiemment. Ensuite, à l'égard des voix discordantes, ils passent du stade de la mise en veilleuse à celui de la mise sous le boisseau. Les menées ciblent, en premier lieu, le monde des médias qui se trouvent peu à peu dans l'incapacité de dénoncer les violations et les crimes. Ils ciblent aussi, cela va de soi, les hommes politiques qui n'ont pas leur langue dans la poche et notamment les militants des droits de l'Homme. Et c'est alors qu'interviennent les incarcérations, les internements des opposants. Et surtout, ce qui est le plus grave et le plus attentatoire à la dignité de toute une nation, l'enfermement dans des murailles de silence. Murailles à l'abri desquelles est entreprise toute une immense institution de spoliation, de racket, de vols, de main basse sur les richesses du pays. Le tout au profit non seulement du tyran en personne mais aussi de sa famille, de son clan et, dans une moindre mesure de sa clientèle. L'argent et les joyaux s'entassent dans les coffres-forts ou bien sont transférés à l'étranger. Les palais se multiplient et tout le système bancaire et financier passe sous leurs coupes. Le tout avec force de signes ostentatoires de richesse, phénomène qui contraste avec les premiers pas discrets du début du règne.
Mais déjà la cassure s'élargit entre le pouvoir et le peuple. La muraille du silence s'élargit entre le pouvoir et le peuple. La muraille du silence s'épaissit. Et voilà notre tyran coupé de la réalité. La colère se met à sourdre dans les cœurs mais reste encore inaudible pour les hommes au pouvoir. Jusqu'au jour où se produit le réveil brutal. Souffrance pour souffrance, la population, autant la souffrance qui accompagne la libération, se disent les manifestants. La peur disparaît et l'on offre sa poitrine aux balles. La réaction du pouvoir s'opère alors en plusieurs paliers successifs. Durcissement du ton de menace chez le tyran, ce qui entraîne une accentuation de la colère. Puis assouplissement du ton avec des promesses souvent difficiles à tenir. Le peuple tient bon. Le tyran utilise alors la force brutale avec comme conséquences des morts qui jonchent le sol. Rien n'y fait, les manifestants n'en ont cure. Affolement en haut lieu. Le pouvoir lance des accusations contre de soi-disant interventions étrangères. Cela ne donne rien. L'affolement tourne à la déroute. Et c'est la fin du périple infernal. C'est là à peu près, le scénario classique que doivent désormais emprunter les tyrans encore en exercice. Et le salut final pour des centaines de millions d'opprimés dans le monde.


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