La Belgique annonce un tournant sécuritaire dans sa politique migratoire. Dès cet été, le gouvernement fédéral mettra en place des « contrôles à l'entrée » du territoire afin de lutter contre l'immigration clandestine et secondaire, a déclaré la ministre de l'Asile et de la Migration Anneleen Van Bossuyt (N-VA), aux côtés du ministre de l'Intérieur Bernard Quintin (MR). Des contrôles ciblés sur le territoire national Contrairement à ce que le terme pourrait suggérer, il ne s'agit pas de contrôles aux frontières au sens strict, mais bien de contrôles à l'intérieur du territoire belge, autorisés par l'article 23 de l'accord de Schengen. Le gouvernement précise qu'il utilisera désormais pleinement cette possibilité. Les grands axes routiers, les parkings d'autoroute, les trains internationaux (notamment sur la ligne Dunkerque – La Panne) et les bus en provenance d'autres pays européens seront ciblés. Les gares comme Bruxelles-Midi, point névralgique des arrivées, seront également concernées. Cibler l'immigration dite « secondaire » Le dispositif vise prioritairement les personnes sans papiers, mais aussi les demandeurs d'asile ayant déjà obtenu une protection dans un autre Etat membre, notamment des pays comme la Grèce ou l'Italie, qui voient transiter de nombreux migrants vers l'Europe de l'Ouest. « Les personnes qui souhaitent entrer illégalement en Belgique ou qui ont obtenu une protection dans un autre pays ne sont plus les bienvenues », a martelé Anneleen Van Bossuyt. Ces mesures visent à répondre à un phénomène que la ministre qualifie d'« asile shopping », désignant les migrants qui cherchent à contourner le système d'accueil européen en multipliant les demandes dans plusieurs pays, ou en préférant s'installer dans des pays offrant de meilleures conditions sociales. Une application immédiate dès l'été La mise en place des contrôles est prévue dès l'été 2025, une période traditionnellement marquée par une hausse des flux migratoires. La ministre souhaite agir sans tarder afin d'éviter que la Belgique ne devienne, selon ses mots, « un aimant pour les refoulés des autres pays européens ». À noter que la France, l'Allemagne et les Pays-Bas ont déjà instauré des contrôles frontaliers temporaires dans un contexte de révision de la politique d'asile européenne. Une baisse des demandes d'asile déjà enregistrée Selon les derniers chiffres de l'Office des étrangers, les demandes d'asile en provenance de personnes déjà reconnues comme réfugiées ailleurs ont nettement diminué. Le pic avait été atteint en novembre dernier avec 1 100 demandes, contre environ 200 par mois actuellement. Une grande partie de ces demandes provenait de Palestiniens ayant déjà obtenu l'asile en Grèce, un pays souvent débordé par l'afflux migratoire. Entre gestion migratoire et stratégie politique Cette nouvelle orientation s'inscrit dans un durcissement de la politique migratoire belge, qui répond à des pressions internes croissantes sur le système d'accueil et à une volonté de mieux contrôler les flux intra-européens, notamment dans le cadre des règlements Dublin III. La terminologie utilisée – « contrôles à l'entrée » plutôt que « contrôles aux frontières » – reflète une volonté d'agir dans les limites du cadre juridique européen, tout en répondant aux attentes d'une partie de l'électorat préoccupée par les questions de sécurité, de cohésion sociale et de souveraineté. Par ailleurs, cette stratégie vise à prévenir l'effet d'appel que pourrait générer une politique d'accueil plus souple, alors que plusieurs voisins européens ferment progressivement leurs portes. En ciblant les « asile shoppers », le gouvernement envoie également un message aux pays membres du Sud de l'Europe pour réaffirmer la responsabilité du premier pays d'accueil. Enfin, ce durcissement pourrait avoir un effet dissuasif à court terme, mais devra s'accompagner de mécanismes de coopération renforcée au niveau européen pour éviter les déplacements de flux vers d'autres Etats membres. La Belgique, à l'instar d'autres pays de l'UE, devra également gérer les tensions diplomatiques et les enjeux humanitaires liés à ces décisions. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!