L'annonce du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement l'Etat de Palestine en septembre prochain, devant l'Assemblée générale des Nations Unies, a provoqué une onde de choc géopolitique. Tandis que de nombreuses capitales arabes ont salué ce geste qualifié d'« historique », Israël et les Etats-Unis y voient une grave erreur stratégique. Un soutien arabe unanime à Paris Du côté palestinien, les réactions ont été immédiates. Hussein al-Sheikh, haut responsable de l'Autorité palestinienne, a salué une décision « conforme au droit international » et qui témoigne du « soutien de la France au droit du peuple palestinien à l'autodétermination ». La réaction de la mouvance islamiste Hamas n'a pas tardé non plus : qualifiant la décision de Macron de « pas positif dans la bonne direction », elle y voit un « développement politique révélateur de la reconnaissance croissante de la légitimité de la cause palestinienne à l'échelle mondiale ». Le mouvement appelle les autres pays européens à suivre l'exemple français, y voyant également un levier de pression « politique et moral » contre l'occupation israélienne. L'Arabie saoudite a également exprimé son approbation, qualifiant la décision de « moment historique » et rappelant que le peuple palestinien a droit à un Etat indépendant. Le ministère saoudien des Affaires étrangères, dans une publication sur X (anciennement Twitter), a exhorté les pays n'ayant pas encore reconnu la Palestine à « adopter cette même approche positive ». L'initiative de la France intervient dans un contexte diplomatique actif : Paris et Riyad coprésideront ensemble une conférence internationale sur l'avenir de la Palestine les 28 et 29 juillet prochains au siège de l'ONU à New York. De son côté, la Jordanie a également exprimé sa satisfaction. Dans un communiqué, le ministère jordanien des Affaires étrangères a décrit la décision française comme « un pas important pour faire face aux tentatives de nier le droit inaliénable du peuple palestinien à l'autodétermination » et un « soutien direct à la solution à deux Etats ». Une levée de boucliers israélo-américaine À l'opposé, la réaction israélienne a été cinglante. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, actuellement visé par un mandat de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre présumés à Gaza, a vivement dénoncé la démarche française. « Cette décision récompense le terrorisme », a-t-il affirmé, accusant les Palestiniens de ne pas vouloir un Etat à côté d'Israël, mais « à sa place ». Son vice-Premier ministre, Yariv Levin, a quant à lui qualifié l'initiative française de « tache noire dans l'histoire de la diplomatie française » et d'« encouragement direct au terrorisme », appelant à une accélération de l'annexion de la Cisjordanie. Le ministre israélien de la Défense, Yisrael Katz, a fustigé « une capitulation face au terrorisme » et promis qu'Israël s'opposerait « à tout Etat palestinien qui menacerait notre sécurité et notre existence ». Les Etats-Unis ont également exprimé leur désaccord par la voix du secrétaire d'Etat Marco Rubio, qui a condamné « fermement » le projet français. Selon lui, cette décision « imprudente » ne ferait que « servir la propagande du Hamas et retarderait la paix ». Washington maintient sa position traditionnelle en faveur d'une reconnaissance qui ne peut intervenir qu'à l'issue de négociations bilatérales directes. La France maintient sa position Dans un communiqué publié jeudi, Emmanuel Macron a réaffirmé la volonté de la France de contribuer « de manière décisive à une paix juste et durable au Moyen-Orient ». Il a précisé que l'annonce de la reconnaissance interviendrait officiellement en septembre devant l'ONU, dans le cadre d'un effort plus large visant à mettre fin à la guerre à Gaza et à protéger les populations civiles. Dans un message personnel adressé au président Mahmoud Abbas, le chef de l'Etat français a souligné que cette reconnaissance constituait un « engagement historique » de Paris, et qu'il comptait mobiliser d'autres partenaires internationaux autour de cette dynamique. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a salué cette prise de position et appelé les autres capitales européennes à s'unir pour « protéger la solution à deux Etats », qu'il estime mise en péril par le gouvernement Netanyahu. Ainsi, la reconnaissance imminente de l'Etat de Palestine par la France pourrait marquer un tournant diplomatique majeur au sein de l'Union européenne. Si le soutien arabe à cette décision est massif, la polarisation israélo-américaine souligne les profondes divisions internationales autour du conflit israélo-palestinien. À quelques semaines de l'annonce formelle à l'ONU, les regards sont désormais tournés vers les chancelleries européennes et les réactions qu'elles pourraient adopter. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!