Des militants ayant participé à l'« flottille Soumoud» ont livré, ce week-end, des témoignages détaillés sur l'interception israélienne de leur convoi en haute mer et sur les conditions de détention qui ont suivi. À partir de la soirée de mercredi, les forces israéliennes ont saisi 42 navires en route vers Gaza et arrêté des centaines d'activistes internationaux à bord, alors que l'expédition affirmait naviguer en eaux internationales pour dénoncer le blocus maritime du territoire. Selon la diplomatie turque, 137 militants expulsés par Israël sont arrivés en Turquie samedi. Parmi eux, 36 citoyens turcs, mais aussi des ressortissants des Etats-Unis, Emirats arabes unis, Algérie, Maroc, Italie, Koweït, Libye, Malaisie, Mauritanie, Suisse, Tunisie et Jordanie. Les organisateurs rappellent que la flottille fédérait des participants issus de 72 pays, dont des députés, des syndicalistes, des avocats et des professionnels de divers secteurs. Traitement de Vengeance ? Plusieurs militantes turques décrivent des privation de nourriture et d'eau, des saisies d'effets personnels et des fouilles humiliantes. İkbal Görbunar affirme que les détenus ont été laissés sans eau potable et que des médicaments auraient été confisqués. Dans une pièce pour 14 personnes, dit-elle, « un seul plat » était servi, avec des aliments quasi dépourvus de calories. Zeynep Dilek Tek Ocak évoque une « montée de la violence » après des slogans hostiles à un ministre israélien, assurant que l'image d'Israël auprès de nombreux militants européens a subi une « rupture ». D'autres activistes racontent l'arraisonnement et le transfert. Osman Çetin Kaya, à bord du navire amiral, décrit des mains liées et un remorquage vers un port israélien, suivis d'un passage en camp de rétention, puis en prison. Une autre militante, Ayçin Kant oğlu, parle de fouilles à nu répétées et d'une affichette affichant une photo de Gaza détruite avec la mention « Bienvenue à Gaza » dans l'espace de détention des femmes. Elle affirme que certaines détenues ont été 40 heures sans nourriture et qu'on leur a dit de boire l'eau des toilettes. Des témoignages font état d'interventions de tireurs d'élite accompagnés de chiens dans les zones d'hébergement, de réveils forcés et d'une privation de sommeil. Le militant argentin Gonzalo Di Pretoro parle d'une « rudesse systématique », tandis que le Franco-Marocain Yassine Benjeloun assure que l'accès aux médicaments a été refusé et que l'eau n'a été donnée qu'après 32 heures. Le journaliste italien Lorenzo Agostino décrit, lui, plus de deux jours sans eau propre pour certains. Le Koweïtien Mohamed Jamal avance le chiffre de 700 membres des forces spéciales engagés dans l'opération et affirme que 20 soldats ont saisi le bateau sur lequel il se trouvait. Il dit avoir été laissé 12 heures en plein soleil entre la zone d'interception et le port d'Ashdod, sans nourriture et avec un accès limité à l'eau, avant un accueil policier « très dur » et des coups visant certains détenus. L'ONG juridique israélienne Adalah indique que certains militants n'ont pas pu joindre d'avocats, et qu'ils ont été privés d'eau, de médicaments et d'accès aux sanitaires pendant des périodes prolongées. L'organisation parle aussi de militants contraints de rester à genoux, mains attachées par des colliers en plastique pendant au moins cinq heures, après des slogans « Free Palestine ». Deux activistes — l'Américain Winfield Beaver et la Malaisienne Hazwani Helmi — ont déclaré à l'aéroport avoir vu la Suédoise Greta Thunberg bousculée et contrainte de porter un drapeau israélien . De nouvelles arrivées d'activistes expulsés sont attendues dans les prochains jours. Des ONG réclament l'accès d'avocats, la restitution des biens et l'ouverture d'enquêtes sur les allégations de mauvais traitements. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!