Le mouvement de jeunesse marocain جيل زد 212 (GenZ 212) a annoncé, dans un communiqué diffusé lundi sur sa plateforme Discord, la reprise de manifestations pacifiques samedi prochain à travers plusieurs villes du royaume. Cette décision intervient après une suspension temporaire d'environ une semaine de ses protestations, initialement déclenchées fin septembre. Contexte et genèse du mouvement Le mouvement est né au milieu du mois de septembre à partir d'échanges sur Discord autour de la dégradation des services publics de santé et d'éducation. La mort de huit femmes enceintes dans un hôpital public d'Agadir, suite à des interventions par césarienne, a suscité une vague d'indignation et servi de déclencheur civil. La désignation « 212 » renvoie au code téléphonique international du Maroc, tandis que « جيل زد » évoque la génération née à l'ère numérique. Le mouvement se caractérise par l'absence de leadership formel, s'appuyant sur un fonctionnement horizontal et une coordination via des plateformes numériques. Revendications essentielles et nouvelles annonces Dans son communiqué, Génération Z détaille ses principales demandes : * Le droit à un enseignement de qualité et à une santé décente pour tous ; * La lutte contre la corruption ; * L'exigence prioritaire de libération immédiate de tous les prisonniers d'opinion ayant participé à des mouvements pacifiques ; * Une mention à une « campagne de boycott de produits », sans plus de précision. La formulation de ces demandes suggère une volonté de rassembler au-delà des cercles étudiants, en mobilisant « jeunes, citoyennes et citoyens ». Suspension temporaire et éclatement des violences Le mouvement avait annoncé le samedi précédent la suspension provisoire de ses actions après environ deux semaines de manifestations quotidiennes. Cependant, les rassemblements n'ont pas été exempts de heurts. Dans certaines villes, des affrontements avec les forces de l'ordre ont fait trois morts selon le bilan officiel. Le gouvernement a justifié l'usage de la force dans certains cas comme une réaction en légitime défense, notamment lors de tentatives présumées d'assaut contre des postes de gendarmerie, particulièrement dans la région d'Agadir. Réponse des autorités et position du pouvoir Dès jeudi, le gouvernement avait réaffirmé son ouverture au dialogue avec le mouvement. Toutefois, Génération Z a conditionné toute discussion à la démission de l'exécutif. Dans un discours prononcé vendredi, le roi Mohammed VI a appelé à accélérer les programmes de développement, en insistant sur l'emploi des jeunes et la relance des secteurs de la santé et de l'éducation. Il a souligné la nécessité de réduire les disparités régionales, sans pour autant mentionner explicitement le mouvement de protestation. Enjeux, défis et perspectives Le mouvement GenZ 212 cristallise plusieurs frustrations profondes dans la société marocaine : l'absence de réponses tangibles face aux défaillances des services publics, le sentiment de corruption généralisée, le chômage élevé chez les jeunes, et l'usage des ressources étatiques dans des projets d'infrastructures spectaculaires, notamment en lien avec la candidature du Maroc à la Coupe du Monde 2030, plutôt que dans le bien-être social. Pour le mouvement lui-même, le défi consiste à maintenir l'unité et la discipline — notamment en évitant l'escalade violente — tout en élargissant son audience et en contraignant les autorités à des engagements effectifs. L'absence de figure de proue, si elle protège contre la répression ciblée, fragilise aussi la possibilité de négociation structurée. Enfin, le choix du samedi pour relancer les manifestations pourrait témoigner d'une intention de maximiser la participation populaire, tout en réduisant les risques liés aux mouvements nocturnes. La réponse des forces de sécurité sera scrutée, tout comme la capacité du mouvement à traduire ses revendications en demandes concrètes pour la suite. Cet appel renouvelé à la mobilisation marque une étape cruciale dans l'évolution du mouvement GenZ 212 — entre affirmation d'une jeunesse exigeante et confrontation avec les limites du dialogue institutionnel. Commentaires Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!