Depuis le 17 juin 2012, la municipalité de Sfax souffre d'un problème de légitimité aux yeux de la Troïka qui veut mettre la main sur les structures municipales de « la capitale économique »du pays. La population de Sfax et les organisations associatives et non gouvernementales ont décidé de constituer une délégation spéciale composée de citoyens n'appartenant pas à un parti politique quelconque, en remplacement de l'ancienne délégation. La Troïka joue au plus malin avec la délégation spéciale D'après le décret-loi portant constitution de la délégation spéciale actuelle de la municipalité de Sfax en date du 18 juin 2011, le mandat s'achève le 17 juin 2012. Dans ce cas, deux possibilités pour la constitution d'un nouveau conseil municipal se présentent : En premier lieu, le gouvernement peut prendre la décision de prolonger le délai de fonctionnement du conseil municipal actuel. En deuxième lieu, le gouvernement peut organiser des élections municipales, mais un problème se pose puisque la législation électorale n'a pas encore été fixée par l'Assemblée Nationale Constituante. En revanche, une troisième solution a été proposée par le Gouvernorat de Sfax, visant à remplacer cette délégation par une nouvelle que se partagent les trois partis de la Troïka. Ainsi, le mouvement Ennahdha, le parti CPR et le parti Ettakatol, devaient avoir 17 sièges sur les 24 dans la nouvelle délégation, d'après les propositions du gouvernorat de Sfax. Mohamed Ali Halouani, un membre actif du Forum du citoyen appartenant à la société civile, a affirmé à TunisieNumérique, qu'une quarantaine d'associations civiles ont adressé récemment une requête aux trois présidences (de la République, du gouvernement et de l'Assemblée Nationale Constituante) ainsi qu'au ministre de l'Intérieur et au gouverneur de Sfax. La requête contient une demande d'adoption de la même démarche dans la nomination de la nouvelle équipe. En effet, cette nomination doit être effectuée en rejetant le critère de l'appartenance politique des candidats. Le Gouvernement atermoie pendant que les procédures administratives sont bloquées Jusqu'à présent, aucune décision officielle n'a été prise par le gouvernement, sachant que l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) a déjà déclaré « oralement » à la délégation spéciale une prolongation du délai du mandat de trois mois. Néanmoins, cette prolongation n'a jamais été confirmée par écrit, ce qui enlève toute légalité à la prorogation du mandat de la délégation spéciale. Dans ce conflit politique entre la délégation spéciale et les partis du gouvernement provisoire, les grands perdants sont les citoyens Sfaxiens, car des nombreuses procédures administratives de la municipalité sont bloquées, en absence d'une légalité institutionnelle. Ce qui parait étrange, c'est que le gouvernement ne se préoccupe pas de ce problème vécu au sein de la délégation, puisque la signature du président de la municipalité n'a plus de valeur légale, à l'heure actuelle. Les membres de la délégation spéciale sont en désaccord avec le choix du gouvernement provisoire actuel, qui veut imposer une majorité de représentants de la Troïka au sein du nouveau conseil municipal. Ces membres insistent pour que la nomination du nouveau conseil municipal se fasse en laissant de coté le critère de l'appartenance politique. Qui va gagner la dernière manche, la délégation spéciale actuelle ou la Troïka ? Il est à signaler qu'une manifestation a eu lieu le 2 juin 2012, devant le siège du gouvernorat de Sfax, pour soutenir la décision prise par la Troïka, en précisant que Habib Ellouze, membre du comité constitutif du mouvement Ennahdha, a déclaré devant les manifestants qu'il n'avait pas l'intention de présider la délégation spécifique de la municipalité, pour couper court aux rumeurs circulant sur ce sujet. Est-ce que la Troïka a impliqué les manifestants pro-gouvernementaux pour faire passer « en force » sa liste de candidats préparée à l'avance, ou s'agit-il d'une simple coïncidence et les manifestants souhaitent-ils sincèrement et en toute liberté une délégation municipale composée majoritairement de membre de la Troïka ?. Ajoutons qu'une conférence de presse est organisée le 11 juillet 2012 au siège de la municipalité de Sfax, pour évoquer ce problème.