Rafik Abdessalem, chef de la diplomatie tunisienne, ne cesse de surprendre et de brouiller et le message et la donne. En effet, après avoir chassé son chef de cabinet, Ghazi Jomaa, pour, probablement, collusion avec la dictature déchue, Rafik Abdessalem n'a éprouvé aucun embarras à faire figurer, entres autres, Ghazi Jomaa dans la délégation officielle qui l'a accompagné à New York pour représenter la Tunisie à la 67ème session de l'Assemblée Générale des Nations Unies dont les travaux s'ouvrent aujourd'hui. Encore un pavé dans la mare dont personne ne saisit le mobile et la signification. Il est légitime de s'interroger sur les dessous de cette décision. Si Rafik Abdessalem était convaincu des charges ayant pesé sur son ex- chef de cabinet (ce qui a motivé son évincement) pourquoi l'aurait-il intégré dans la délégation officielle ? En revanche, si Ghazi Jomaa n'a rien à se reprocher (dès lors qu'il a été invité à faire partie de la délégation à New York, ce qui constitue normalement une caution de respectabilité), pourquoi alors l'avoir sanctionné en l'écartant il y a quelques jours de son poste de chef de cabinet ? Est-ce que le président de la République, qui prendra part à ladite session en qualité de chef de délégation, est au fait de ce revirement ? Beaucoup de zones d'ombre et d'écrans de fumée que le ministre des affaires étrangères prend un malin plaisir à cultiver, à la grande frustration du corps diplomatique dont la grogne est actuellement à son comble et au bord de l'explosion suite au grand retard pris dans la désignation des chefs de poste diplomatiques et consulaires. L'opacité et l'égocentrisme, voir le narcissisme, avec lesquels Rafik Abdessalem gère le ministère des affaires étrangères ne sont plus à démontrer tellement il multiplie, consciemment ou inconsciemment, les foyers de tension et de cassure au sein du département et son personnel.