C'était une conférence de presse grandiose et digne des attentes des tunisiens en rapport avec l'élucidation de nombreuses questions et zones d'ombre qui entouraient les faits et incidents qui ont émaillé la vie politique et sociale du pays ces derniers mois. Il y en a même qui ont en eu plus qu'ils n'en espéraient, car la démonstration des limiers du ministère de l'intérieur, était riche. Riche en détails, riche en renseignements, riche en informations... Les patrons de la police tunisienne ont fait, au cours de cette conférence de presse, étalage de leur savoir et, surtout, de leurs faits de guerre, et ils ne sont pas négligeables. Ils ont fait la lumière sur beaucoup de zones d'ombre, et ont détaillé l'organigramme de l'organisation terroriste qui projetait de sévir en Tunisie, avec force de noms, de prénoms, de pièces d'identité, d'armement saisi, d'attentats déjoués... Ils ont même enrichi leur présentation par des séquences vidéo montrant des faits de terrain et des interrogatoires avec les aveux de quelques suspects. N'empêche que la question qui brûlait toutes les lèvres ce matin est restée sans réponse. Même les quelques journalistes qui ont eu le culot de la poser sont restés sur leur faim. Car il est bien beau de montrer toute la machine de guerre de cette organisation et de citer ses membres un par un, il est bien beau aussi, de dévoiler leurs secrets desseins et les attentats qu'ils projetaient, cette machine n'en demeure pas moins qu'une simple machine de guerre, ou plutôt d'exécution. Et comme toujours, le tunisien reste sur sa faim concernant son désir de connaitre les parties qui se cachent derrière cette organisation, qui la soutiennent, qui la financent et qui, très probablement, donnent les ordres. On a beau essayer de nous convaincre que c'est un groupe qui agit tout seul, sans aucun lien avec les politiques du pays, on a bien beau nous « dorloter » par la thèse qui veut que le martyr Chokri Bélaïd a été assassiné à cause de sa prise de position contre l'accueil en Tunisie d'un obscur Cheikh wahhabite, on voit mal ce que les gens qui figurent sur la longue liste des cibles choisies par l'organisation en vue de les éliminer, ont à faire avec Ansar Achariaâ, ni en quoi ils les dérangeaient au point de leur en vouloir à mort, alors que tout le monde sait qu'en apparence, les membres d'Ansar Achariaâ en ont plutôt après les représentants du gouvernement et d'Ennahdha en particulier, qu'ils accusent de leur avoir coupé l'herbe sous les pieds. Donc, la conférence de presse en a laissé plus d'un avec un arrière goût d'inachevé, concernant les relations de ce présumé groupe terroriste avec des parties politiques et sécuritaires en Tunisie, bien que cet inachevé risque fort d'être comblé par les soins même des Ansar Achariaâ qui ont déjà menacé de tout « balancer » à propos de leurs alliances avec des parties officielles dans le pays. Reste aussi à savoir quel rôle auront joué dans cette affaire les services de renseignements étrangers, car il ne faudrait pas oublier le passage d'Abou Iyadh par Londres où il aurait été « en contact » avec les services secrets de sa Majesté, ni le parcours de Kamel Gadhgadhi où il est mentionné qu'il avait fait un passage aux Etats Unis, passage sur lequel bien peu de personne savent quoi que ce soit. Restons quand même pleins d'espoir et de bonne foi en nous disant que ces lacunes sont très probablement dues au secret de l'instruction.