Un bureau spécialisé de la place, 3CEtudes, en l'occurrence, vient de sortir le dernier né de ses sondages d'opinion, quant à la situation politique dans le pays et, notamment, l'évolution des intentions de vote des tunisiens. L'enseignement clé du résultat de ce sondage réside dans deux chiffres ahurissants : 52% des sondés ne comptent pas aller voter. Et 24% ne savent toujours pas pour qui voter. L'explication de ces chiffres s'impose d'elle-même : « On » est arrivé à dégoûter les tunisiens de tout ce qui a trait à la politique, et plus précisément, aux magouilles de la politique. Et c'est là, toute la finesse et tout l'art de l'entreprise du parti au pouvoir qui, bien qu'en apparence, fustige ses concurrents car en guise de programme électoral, ils se focalisent sur un effort pour les « casser », fait exactement de même, mais plus finement et plus intelligemment, en laissant tomber les discours pour le travail de sape en catimini. Car, en dehors des deux chiffres cités précédemment, il y en a un troisième qui est bien autant éloquent, celui de la stagnation de la masse des votants d'Ennahdha aux alentours de 10%. Car c'est justement une barre fatidique qu'ils ne sont pas arrivés à dépasser. Ils pourraient bien, moyennant une logistique, maintenant rodée, d'argent politique venant de toutes parts, gagner encore 5% comme ce fut le cas en octobre 2011, mais sans plus. Et çà ne sera pas évident de gagner encore une fois avec ce même taux. A moins que ! A moins que ces 15% représentent encore une fois une majorité presque absolue, et cela sera possible si on arrive pour de bon à dégoûter le tunisien de tout ce qui est intérêt à la politique. Et c'est de cette façon qu'on pourra dissuader plus de la moitié des citoyens d'aller voter, et du coup les 15% remonteront à 30%. Et si on arrive, de surcroit, à en dégoûter encore quelques uns, on arrivera à laisser dans l'indécision encore 25% des votants, de sorte à ce qu'automatiquement les 15% se transforment quasi miraculeusement en 60%. Et voilà, le tour sera joué. Et pour dégoûter les gens de la politique, ils sont forts nos dirigeants. Ils nous imposent des règles déprimantes, ils nous harassent de réformes ahurissantes, ils nous gratifient de responsables qui excellent dans l'arrogance et même le dédain du citoyen. Pour le reste, çà devient un jeu d'enfants : Il suffit de démontrer, comme ils l'ont déjà fait, l'immaturité et la cupidité de l'opposition, pour que tout un chacun ayant un minimum de cervelle, se détourne carrément de la scène politique. Mais d'un autre côté, le dernier enseignement du sondage d'opinion en question, c'est qu'avec 50% d'abstentionnistes et 25% d'indécis, il suffirait qu'une autre force politique, mais surtout, administrative riche en compétences et qui n'a plus à faire ses preuves sur ce plan, saute sur ces trois quarts de citoyens et parvient à les fédérer autour de son projet, pour que la donne change complètement et pour que le vent tourne à 180°. Reste à savoir quelle sera la partie, en Tunisie, qui a encore des ressources pareilles capables de peser de façon sérieuse dans la balance, et s'ériger contre l'hégémonie du parti actuellement au pouvoir ?