C'est archiconnu, les bonnes choses, quoi qu'elles soient, quand on en fait trop, c'est trop ! Et en général, le résultat en devient à l'opposé de celui escompté au départ. Et parmi les bonnes choses, si on peut vraiment les qualifier de bonnes, qui ont proliféré en Tunisie depuis un certain hiver 2011, ce sont les « libertés débridées » qu'ont acquis certains tunisiens, en matière d'opinion et de parole, même si cette liberté n'en est pas moins demeurée virtuelle, se limitant à une vague « impression » de liberté pratiquée par quelques uns sur la toile et essentiellement, les réseaux sociaux, la plupart du temps caché derrière un faux profil. Or ce type de liberté quand il est mal compris et mal interprété par ses bénéficiaires ne tarde pas à se transformer en une calamité aux conséquences incalculables et imprévisibles. C'est ainsi que si personne ne peut renier le rôle « détonateur » joué par un groupe de jeunes férus d'électronique un certain hiver pour déclencher ce qui a, ensuite, été convenu d'appeler le printemps arabe, nul ne peut, non plus, ignorer, surtout maintenant avec le recul, que ces jeunes avaient été manipulés depuis de mystérieux cercles d' « amis de la Tunisie » bien installés dans des salles obscures derrière des claviers faiseurs de printemps. Et personne ne peut, par ailleurs, ignorer la quantité de mensonges véhiculés par ces réseaux. Mensonges dictés par des manipulateurs hors pair de l'opinion au pouvoir à la limite de l'hypnose. Or le problème c'est que cet engouement aux réseaux sociaux et à ce qu'ils colportent quotidiennement ne s'est pas émoussé après que les résultats escomptés aient été atteints. Cela était, sans doute, sans compter sur l'avidité innée des jeunes des contrées arabes à ces méthodes. Et on dirait que ce phénomène a fini par déraper et sortir du pouvoir de contrôle de ses créateurs, tel un Frankenstein lâché dans la nature, capable des pires atrocités. Et, d'ailleurs, l'exode massif des jeunes de tous bords en terre d'orient pour s'enrôler dans les rangs de DAECH, en s'appuyant sur les réseaux sociaux, n'en est que la plus illustre manifestation. Du côté de chez nous, aussi, les réseaux sociaux sont devenus incontrôlables, et vecteurs de tous les types de mensonges, de vérités et de contre vérités, à en perdre le nord. Et en cette période de campagne électorale, où par la faute, quelque part, des décideurs et des faiseurs de lois, les réseaux sociaux risquent de faire beaucoup de mal, dans le sens où ils vont se faire un point d'honneur d'induire dans l'erreur leurs concitoyens, et, en monnayant leurs pages à celui qui offrira le meilleur prix, ils vont semer le trouble dans l'esprit du tunisien, déjà par trop fébrile et par trop désespéré des prochaines échéances électorales. En effet, ni la loi électorale ni les instances de contrôles n'ont eu l'idée d'astreindre les administrateurs des pages facebook à certaines règles durant la campagne électorale. Du coup, délaissant les canaux officiels de communication, de nombreux candidats se sont rabattus sur les réseaux sociaux pour passer des messages par ailleurs interdits dans de pareilles conditions. Des messages pour médire les autres ou alors, pour vanter des mérites qu'ils sont loin d'avoir. Il y en a même qui ont mis la main dans la poche en se payant le luxe de sponsoriser à coups de devises des publications où ils se permettent de lyncher leurs concurrents. D'aucuns diraient que tout ceci est de bonne guerre ! Mais il ne faut pas négliger le fait que de se permettre de véhiculer de fausses vérités et de semer des mensonges à tous vents risque de tout fausser et de favoriser un climat de tension extrême à même de saborder les efforts fournis pour mettre un terme à la situation explosive que traverse le pays. Le dernier exemple qui vient en mémoire de cette volonté de manipulation de l'opinion, par certains, et par là, leur pouvoir de nuisance, la veillée d'armes qui a précédé il y a deux jours la visite pré-annoncée de Mondher Zenaïdi, candidat indépendant à la présidence, à sa ville natale, dans le cadre de retrouvailles avec les siens à l'occasion de l'Aïd, s'est-il époumoné à le répéter, et non point dans le cadre d'une quelconque campagne électorale. Veillée orchestrée par des pages dont les administrateurs avaient prêté depuis longtemps allégeance à des partis politiques connus de la place, et qui sonnaient l'Hallali pour préparer quelque coup fourré au candidat Zenaïdi. D'ailleurs, dès le lendemain matin, au moment même de la visite, ces mêmes pages reprenaient en chœur des messages d'autosatisfaction et d'auto-félicitation pour avoir réussi à « dégager » l'homme de la ville. Alors que force est de se rendre à l'évidence du fait que le contraire était vrai, et que la visite de l'enfant prodigue de la ville a été un moment fort d'émotion des retrouvailles et d'accueil populaire chaleureux. Et il aura fallu voir de visu les séquences vidéo reprises par la suite par les pages qui supportent la candidature de Zenaïdi à la présidence, pour comprendre ce qui s'est réellement passé. Donc à la place d'une mésaventure annoncée en grande pompe, et même confirmée, par des pages facebook résolument acquises aux causes de certains partis, Zenaïdi a eu droit à un accueil des plus chaleureux et à une liesse populaire devenue rare de nos jours où le dégoût d'une certaine classe politique corrompue est devenu de mise. Il aura, finalement, eu droit à une mésaventure uniquement virtuelle véhiculée par des pages dont les administrateurs aimeraient bien croire ne serait-ce qu'un soupçon de ce qu'ils véhiculent comme déformation de la réalité. Ceci n'étant qu'un petit exemple bien « bénin » de ce dont sont capables certains « mercenaires » du net, l'appréhension reste grande quand aux dérapages qui sont à craindre pendant la campagne électorale qui ne fait que commencer. Et une mesure de contrôle de ces réseaux n'aurait pu qu'être bénéfique dans ces conditions.