L'information qui bravait la censure devient de la désinformation plongeant les gens dans la paranoïa, la passion qui unissait le peuple face à un régime étouffant, est celle la même qui les divise servant des intérêts particuliers avec le même outil dont l'utilisation pour rétablir les droits de l'Homme en Tunisie avait fasciné le monde, est aujourd'hui utilisé pour nuire aux personnes et aux biens. Ainsi se présente la toile huit mois après la révolution. En se mettant sur les réseaux rassemblant les Tunisiens et en naviguant sur la toile "tunisienne" on a alors l'impression d'être pris dans une gigantesque toile dont la maîtresse est une monte religieuse, qui ne dévore pas seulement ses mâles, mais tout le monde, en s'autodétruisant en dernier. Là où dans la vie quotidienne, l'on écope de peine de prison, dans l'anonymat qu'offre la virtualité l'on se permet les injures, les incitations à la haine et même à la mort et à la destruction des biens publics et privés, les insultes, les mensonges (…). D'un côté l'on se croit intouchable et d'un autre, si l'on se fait catcher, l'on devient victime que l'opinion publique défend et sort même dans la rue pour en défendre la cause. Il est vrai que jusqu'à aujourd'hui, des personnes, aimant en premier la Tunisie, luttant pour la démocratie, l'équité et le rétablissement de la justice existent encore, mais le nombre infini de vidéos, photos et propos qui œuvrent pour autre chose déséquilibrent le combat. Citons comme exemple les vidéos qui, découpant les propos d'un politicien, penseur, écrivain, et choisissant une phrase, la sortant ainsi de son contexte qui est "refusée" par l'héritage social des Tunisiens le mettent soudainement dans le champ de mire de milliers d'internautes prêts à partager cela, dénonçant "le traître" et attaquant son intégrité. D'un autre côté, les plus vils deviennent héros. Prenant l'exemple d'un évènement passé il y a quelques mois : un policier qui tabasse un manifestant lors de la révolution et qui n'a pas alors été publié, mais qui reprise aujourd'hui, est postée. Le peuple, et l'on parle de la tranche des jeunes est vite remontée et prête à descendre dans la rue. Quelques têtes, vivant à l'étranger et devenues célèbres sur la toile et dont on taira ici les noms, nous ont également habituée à nous sortir leurs vidéos, appelant les jeunes à sortir, accusant d'autres personnes de traîtrise, et c'est tout ce qu'il faut aujourd'hui pour discréditer quelqu'un. Et le danger est minime comparé aux pages dont on ne cerne pas les « administrateurs » et qui jouissant de centaines de milliers de fans peuvent véhiculer une information en un rien de temps et engendrer le plus grand désastre, tel incendier des postes de police ou agresser des responsables ou ternir la réputation de quelqu'un. Entre manipulation et absence du sens des responsabilités Qui peut bien être derrière cette nuisance à la Tunisie avant tout, à la démocratie, à l'ordre public, aux personnes, aux musulmans, aux non musulmans, bref aux différentes couches de la société tunisienne, puisque tout le monde en souffre? Sommes-nous vraiment un peuple qui n'a pas été préparé à la liberté d'expression et avons-nous besoin de la censure pour imposer l'ordre social et public? A vrai dire, c'est à cela que font penser certains comportements. Et si c'était les "anti-révolutionnaires" qui sont derrière ces débordements? Ceci les arrangerait et ils auraient atteint leur but : discréditer les Tunisiens et les présenter sous l'image d'un peuple pas encore prêt à la liberté. Il y a bien des personnes ayant été trop gâtées par les privilèges de l'ancien régime qu'elles ne veulent pas lâcher prise, cela est évident. Et il est clair qu'elles se battront et utiliseront également le même moyen ayant servi la Révolution, mais il serait naïf de croire qu'elles sont les seules responsables de ce débordement. Certains administrateurs de page se montrent trop capables de travail méthodique en se consacrant à un seul sujet ou à une seule catégorie de personnes pour être des jeunes afflués d'information et travaillant indépendamment. Il n'est pas étrange alors que les partis s'engagent dans un combat sur le net en se nuisant les uns les autres, mais en passant également sur l'intégrité des personnes, des croyances et des libertés individuelles, poussant le peuple à se diviser et les tunisiens à se haïr les uns les autres selon leurs convictions ou croyances. Les jeunes, qui n'ont pas assez d'expérience politique et qui, au lieu de prendre le temps d'y méditer, d'apprendre et d'analyser, se jettent dans le militantisme populiste participent également dans cet état de choses, qui malheureusement ne nuit pas seulement sur la toile, mais exerce des conséquences sur la vie réelle. Nul ne veut arrêter le combat et on veut tous continuer le chemin jusqu'au bout dans l'instauration de la liberté et de la démocratie en Tunisie, mais la toile qui y a grandement participé par le passé, pointe aujourd'hui son arme, consciemment ou inconsciemment dans le cœur de la Tunisie, déchirant son peuple et ternissant sa réputation. Il est clair que nul ne souhaite le retour de la censure et qu'elle ne sera jamais la solution. C'est la prise de conscience individuelle, l'instauration ou l'application de lois punissant ceux qui se permettent de nuire aux autres, tout comme c'est le cas dans la vie réelle, et la vérification de tout ce que l'on publie s'impose aujourd'hui. Quant aux partis qui utilisent explicitement la toile dans leurs intérêts personnels ou politiques, l'on ne peut espérer que cela change. Seulement, on peut croire que les jeunes et le peuple tunisiens devraient cesser d'être leurs "soldats de l'ombre" en se laissant entraîner par leurs magouilles…