Elles sont, tout de même, drôles ces menaces (si, réellement, menace il y a), qui sont distillées par des ombres mystérieuses et qui ciblent à intervalles plus ou moins réguliers certains candidats à la présidence. Elles sont drôles, car on dirait que ceux qui les profèrent, ou du moins ceux qui sont derrière, semblent être très à jour concernant les tendances et les baromètres en rapport avec la côte de popularité et l'évolution des chances des candidats pour les prochaines élections. En effet, et depuis quelques jours, et devant l'interdiction de procéder à des sondages d'intentions de vote, certains bureaux spécialisés se sont mis à nous distiller des calculs basés sur on ne sait quels indicateurs en rapport avec l'intérêt témoigné par les internautes tunisiens à tel ou tel candidat. Et si on en croit ces résultats, et si on revient aux menaces d'attentats terroristes qui ont ciblé, pour le moment, trois candidats à la présidence, force nous est de constater que ces menaces annoncées par les services sécuritaires correspondent parfaitement aux candidats qui connaissent une montée en force et une ascension dans ces savants calculs opérés par nos experts en la matière. Çà correspond tellement, et de si près, qu'on serait amenés à constater que ces menaces tombent on ne peut plus à point nommé pour donner un coup d'arrêt aux campagnes électorales des candidats qui commencent sérieusement à menacer leurs concurrents, en partant avec un avantage certain par rapport à eux, ou en ébauchant une ascension en flèche de leur côte de popularité. En effet, et pour le moment, ces menaces ont intéressé, et dans l'ordre, Béji Caïed Essebsi, puis Slim Riahi, pour enfin atteindre Mondher Zenaïdi. Si les raisons qui pousseraient certaines parties à vouloir stopper la campagne de BCE, semblent évidentes, avec l'ascendant qu'il a marqué par rapport à ses poursuivants, surtout après les dernières élections législatives, on comprend aisément qu'on ait voulu, de même, arrêter la campagne de Slim Riahi, après l'engouement affiché par de nombreux citoyens à ses promesses, surtout d'ordre pécuniaire, de peur de retomber dans une surprise à la « Âaridha Chaâbia » avec les résultats inattendus de ses listes, en 2011, suite au même type de promesses données aux tunisiens, qui sont toujours tentés de croire au père Noël. D'ailleurs les résultats des pseudo-sondages dont on parlait, ont effectivement été marqués, un certain moment, par un regain d'intérêt au candidat Slim Riahi. Et il faut croire que ces résultats sont pris très au sérieux par les parties qui seraient derrière les menaces terroristes contre les candidats, puisqu'ils montrent depuis quelques jours, effectivement, une montée en flèche de la côte de Mondher Zenaïdi, en le plaçant au pied du podium, avec des tendances toujours à la hausse. C'est qu'il semblerait que Mondher Zenaïdi, a fini, malgré tout ce qu'on a pu dire de lui, par accaparer l'intérêt de nombreux citoyens, et s'attirer leur sympathie, voire même, s'assurer de leur soutien. Or, on ne peut pas dire que l'homme partait sous de bons auspices, au départ de la course, et bien qu'il n'ait fait aucune promesse mirobolante pour ses concitoyens, il semble être en train de marquer des points cruciaux qui vont certainement peser dans le tableau final. Il semblerait que les tunisiens en mal de sécurité et de stabilité, et en proie aux menaces de tout genre, à la pauvreté et au pouvoir d'achat décimé, se soient détournés des représentants de la nouvelle classe politique qui ont brillé par leur immaturité et leur incompétence, et ont été tentés par le CV de Zenaïdi, par ses compétences, par son évidente intégrité, par sa renommée de ministre bosseur, qui garde son bureau ouvert devant tous ceux qui s'y présentent, et peut-être aussi, quelque part, par son charisme, et par sa bonté, bien que certains l'aient sermonné sur ce registre, comme si pour être un bon président en Tunisie, il faut être irrespectueux de son prochain et vulgaire dans son langage voire dans son apparence ! Voilà, donc, ce qui pourrait expliquer l'intérêt affiché de nombreux tunisiens au candidat Zenaïdi. Mais voilà, aussi, probablement de bonnes raisons pour essayer de couper net cet élan. Et quoi de plus simple et de plus efficace que de le menacer dans sa vie, histoire de l'obliger à se faire plus discret, et l'empêcher de faire de l'ombre à d'autres.