Le pays se trouve à la veille d'un deuxième tour d'élections présidentielles qui s'annoncent cruciales. Cruciales car tout l'avenir du pays sera suspendu à leurs résultats. Cruciales, aussi, parce que selon les résultats qui sortiront des urnes, dimanche prochain, la Tunisie pourra espérer décrocher et rompre avec ces années maigres, en réussissant à négocier, à l'occasion, le dernier virage du processus démocratique, et en faisant barrage à l'installation de toute forme ancienne, ou encore pire, nouvelle de tyrannie. Comme elle pourra, dans le cas contraire, se préparer à la traversée d'un long, très long, hiver. Car en pratique, cela ne va pas être aussi simple que ne le voudrait la théorie. Puisqu'en théorie, il suffirait qu'un des deux candidats en lice obtienne les 50% plus un votant, requis, pour que tout rentre dans l'ordre, et que le pays reprenne vie, après cet éreintant marathon électoral, lassant par sa longueur et déprimant par le niveau de discours et de répliques imposé par certains candidats. Or si ceci peut être vrai en cas de réussite d'un des candidats, puisque son adversaire avait promis de respecter rigoureusement le résultat des urnes, cela ne sera pas évident en cas de victoire de l'autre candidat, dont l'adversaire avait déjà décidé que ces élections allaient être truquées, et qui a menacé de ne pas en reconnaitre les résultats. Ce qui laisse présager une perspective qui cadre parfaitement avec le slogan de campagne de ce candidat qui s'est révélé mauvais perdant, qui est celui de vaincre ou... vaincre, quand même ! Donc, en cas de victoire de l'autre candidat, il va falloir s'attendre à ce que les choses s'éternisent en recours et contre-recours, en demandes successives de recompte des bulletins, et autres manigances, et il faudra aussi craindre un pourrissement de la situation, dans la mesure où ce candidat contestataire se fait entourer par une catégorie bien particulière de fans et de supporters, pas toujours très recommandables. Donc, une seule solution pourrait aider à s'en sortir, en cas de victoire de l'autre candidat, et çà sera le défi de ce second tour, c'est qu'il l'emporte avec un large écart, ne descendant pas sous la barre des vingt points. Ce qui équivaudrait à un score de 60 contre 40%. Ce qui ne découragera, certainement, pas notre candidat mauvais perdant, mais aura, au moins le mérite d'être assez clair aux yeux des observateurs de tous bords, qui sauront trancher la question, bien qu'un scénario à la Gbagbo reste toujours à envisager.