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Crise au Yémen : L'opération « Tempête de fermeté », piège, stratégie ou guerre par procuration ?
Publié dans Tunisie Numérique le 14 - 04 - 2015

L'attaque menée contre le Yémen, plus précisément contre les milices armées Houthies, appelée à grandes pompes « Tempête de fermeté », par une coalition militaire arabe (Emirats arabes unis, Koweït, Qatar, Bahreïn, Egypte, Jordanie, Maroc, Soudan), sous la conduite de l'Arabie Saoudite, avec le soutien logistique des Etats-Unis, militaire du Pakistan et l'appui politique de la Turquie, présente tous les attributs d'une guerre confessionnelle par procuration. L'offensive militaire, à composition sunnite, cible certes le Yémen mais réellement elle vise un autre adversaire, à savoir l'Iran chiite, l'ennemi juré, et adresse un message à l'arc chiite de la région et à la minorité de la même inspiration religieuse vivant dans le Golfe.
D'autant plus que Riad est sous le choc, après la conclusion d'un accord sur le nucléaire iranien avec le Groupe G5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité en plus de l'Allemagne), accord que fustige l'Arabie Saoudite, persuadée qu'elle a été trahie, poignardée au dos par ses partenaires historiques, notamment les Etats Unis. La monarchie wahhabite a longtemps tiré profit de l'embargo et de l'ostracisme auxquels l'Iran a été soumis, à cause de son programme nucléaire, notamment son éventuelle capacité à fabriquer la bombe atomique. Aujourd'hui, la donne est modifiée, les cartes sont redistribuées, de nouvelles lignes d'équilibre et d'alliance dans la région moyen-orientale se profilent dont l'Arabie Saoudite redoute d'être exclue.
En tout état de cause, l'Iran est parvenu à tirer de facto son épingle de divers jeux :Son infrastructure nucléaire reste sauve, aucune installation n'étant vouée à la fermeture car autorisé à poursuivre son programme nucléaire civil et son processus de recherche et de développement en la matière, la levée des sanctions, le dégel de ses avoirs à l'étranger, l'ouverture de son marché intérieur, sa réintégration sur la scène politique et économique internationale, son retour en grâce auprès des Etats Unis après plus de 35 années de rupture diplomatique. Certes, au terme de l'accord-cadre conclu avec le Groupe G5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité en plus de l'Allemagne) l'Iran est empêché, d'une manière durable et vérifiable de développer la bombe atomique, mais est-ce que cet instrument est-il en mesure de détourner Téhéran de ses velléités d'hégémonie et ses intentions d'élargir la zone chiite, perspective qu'élève au rang de menace immédiat l'Arabie Saoudite, royaume médiévale se considérant gardien du temple sunnite.
Sous prétexte de restaurer la légitimité et rétablir le pouvoir que les Houthis ont chassé par la force, l'Arabie Saoudite, forte de sa richesse et de son audience dans le monde arabe, a formé une coalition et lancé un essaim d'avions de combat pour bombarder les positions des Houthis. Contrairement aux idées colportées, ceux-ci, zaidistes, ne sont pas une tribu mais une confrérie d'obédience chiite, sous l'autorité de leur guide spirituel d'Abdel Malek El-Houthi, qui a succédé à son frère Badr Eddine, tué en 2004. De génération en génération, l'insurrection permanente contre le pouvoir central a constitué le principal moteur des Houthis.
Il y a lieu de rappeler que, durant de longs siècles, le Yémen a toujours été conduit, de main de fer, par un Imam zaidiste chiite auquel les tribus lui ont prêté allégeance et obéissance. Ce système féodal d'imamat a été rompu par la guerre civile de 1962. Les Houthis n'ont pas oublié et ont toujours caressé l'objectif d'accélérer la résurrection ce système d'Imamat que les républicains ont confisqué et enterré, d'où leur esprit de revanche historique contre l'Etat, le gouvernement et la république au Yémen.
Parallèlement à l'antagonisme régionale entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, entre les deux principaux courants de l'Islam sunnite et chiite, le chaos actuel au Yémen est aussi le produit d'une histoire mouvementé où les conflits confessionnels et les clivages politiques ont semé la sédition au sein de la même tribu et ont fait éclater l'unité clanique. Le terrain de l'implosion est fertile dans ce sens que le Yémen, pays très pauvre, rejeté par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG), est miné de bombes à retardement d'ordre confessionnel, politique, social et tribal. Depuis toujours, le Yémen a nourri les incertitudes, les disparités et les ruptures, imprégnant l'environnement d'un climat de guerre civile.
Donc, la bataille d'influence larvée, entre Riadh et Téhéran, s'est greffée sur des lignes de rivalité, toujours incandescentes, et des foyers d'instabilité, pourrissant l'ordre interne yéménite. Mener une offensive militaire de telle envergure contre un pays autant fragmenté et démuni, au bord de la guerre civile et de la faillite socioéconomique, n'honore personne car trop facile, voire un peu lâche. Ceci rappelle étrangement le sage mot de Pierre Corneille : » A vaincre sans péril on triomphe sans gloire« . Et malgré toute la force de frappe mise sur pied et le soutien logistique et politique régional et international, l'Arabie Saoudite n'a pas atteint jusqu'à présent ses principaux objectifs.
Ni restauration de la légitimité ni rétablissement du gouvernement ni décimation de l'armée houthie. Riadh a tout fait pour sauvegarder Aden, sans succès, la ville a été prise par les Houthis. Cette succession de revers et de cibles ratées ont amené aujourd'hui l'Arabie Saoudite à envisager l'attaque terrestre. Un aveu d'échec sur toute la ligne. En outre, tout le monde s'évertue à occulter et éluder la raison majeure ayant déclenché la crise au Yémen et amené les Houthis à prendre les armes et marcher sur la capitale Sanaa dont ils prennent le contrôle en Septembre 2014 avant de prendre l'assaut de la deuxième ville Aden, en l'occurrence, le plan de fédération proposé par le président qu'ils ont farouchement rejeté, voyant en cela une manœuvre visant à les marginaliser et à les écarter du pouvoir.
Dans sa déclaration finale, le 26ème sommet Arabe a appelé à un retrait immédiat des rebelles Houthis de la capitale yéménite Sanaa et à la remise de leurs armes aux autorités légitimes. Quel cynisme ? Cette déclaration est annoncée après que l'attaque sur le Yémen ait été lancée. Bizarre non ?! Normalement, on avertit avant d'attaquer. Par conséquent, pour s'en décharger plus tard tout au moins, le Sommet Arabe aurait dû adresser un avertissement avant l'attaque et non se contenter de cette déclaration après coup, alors que le mal est déjà fait et la balle est déjà partie, et d'user d'injonction comme argument pour justifier l'attaque.
Les ambitions hégémoniques de l'Arabie Saoudite dans la région ont semé un vent de discorde au sein même du CCG. La monarchie wahhabite tient à imposer son leadership et casser son isolement diplomatique, visible depuis quelques années. La constitution d'une force militaire arabe commune n'en a fait que renforcer la thèse et la crainte. Pire encore, l'opération militaire contre le Yémen, au-delà de sa dimension éminemment ethnique et confessionnelle, ne s'appui sur aucun mandat légal, ne serait-ce de la Ligue Arabe, d'où violation de la légalité internationale, infraction attaquable au Conseil de Sécurité, en vertu de la Charte des Nations Unies.
Sur un autre plan, il est tout aussi clair que le renversement brutal du pouvoir légitime au Yémen par les houthis est dans la droite lignée de l'agenda stratégique de l'Iran. Donc, le Yémen, pris en otage, entre le marteau et l'enclume, n'est que le théâtre d'un bras de fer géopolitique et d'une course au leadership dans la région. Le dilemme saoudien est compréhensible, deux alternative s'offrent à Riadh : Soit réagir en attaquant les Houthis, quitte à s'enliser dans un bourbier sans fin. Soit laisser faire, au risque de se discréditer, ravaler toute quête de leadership régional, perdre sa zone d'influence immédiate et laisser la porte grande ouverte à l'invasion chiite iranienne à ses frontières sud, au Yémen, considéré comme son arrière-cour, en prolongement de la minorité saoudienne chiite, avec la menace d'embrasement confessionnel à l'intérieur du pays.
Finalement, l'action militaire l'a emporté sur la démarche de temporisation, le statu quo étant intenable, voire impossible. En tout cas, il serait réducteur de ne s'en tenir qu'au prisme confessionnel, aussi complexe et pertinent qu'il soit, à savoir l'opposition sunnite-chiite, pour comprendre les dessous et les défis de la crise, même si les protagonistes semblent en cultiver la lecture et la perception. D'autres enjeux tout aussi critiques attisent le feu et alimentent l'âtre de l'instabilité et de la confrontation.
Outre les considérations liées à l'ethnie, la confession et la géopolitique, un autre motif, d'ordre économique, non des moindres, entre en ligne de compte pour analyser la crise yéménite. Le cauchemar de Riadh est de voir l'Iran, déjà souveraine sur le détroit d'Ormuz donnant sur le Golfe Arabe e (ou Persique , c'est selon la grille de lecture), voie commerciale de la plus haute importance, mettre la main sur le détroit Bab El Mendeb, couloir de navigation stratégique séparant la péninsule arabe et l'Afrique. Soit deux passages les plus fréquentés au monde pour l'acheminement du pétrole, principale source de richesse des pays pétroliers de la région en général, et de l'Arabie Saoudite en particulier. Scénario autant impensable que préjudiciable pour l'Arabie Saoudite.
Il en est de même pour l'Egypte, animée par la même inquiétude dans ce sens que le niveau du trafic au Canal de Suez dépend, dans une large mesure, des deux détroits en question. Quand on sait la part des revenus du Canal de Suez dans le budget Donc, le risque qu'Iran mette sous sa coupe les deux voies maritimes est aussi, entre autres, un ciment de l'axe le Caire-Riadh. Il est donc de l'intérêt stratégique et géographique des deux pays de couper la route de l'Iran vers le Yémen, tout au moins en limiter l'influence.
Et même si l'Arabie Saoudite parvient à déloger les Houthis et à rétablir la légitimité, il ne peut rien contre l'influence de l'Iran dans la région, dès lors où ce dernier se comporte comme puissance régionale en s'appuyant sur une massive présence militaire en Irak, Syrie et Liban. En outre, le récent rapprochement récent de l'Administration américaine avec les deux ennemis jurés de Riadh, à savoir Iran et Syrie, fragilise encore davantage l'Arabie Saoudite et réduit sa marge de manœuvre. Aussi, convient-il de signaler que le royaume saoudien, figé dans sa culture wahhabite, et qui se veut porte-drapeau de la doctrine sunnite, est responsable de la création des deux pires organisations terroristes que l'Islam djihadiste ait jamais enfantées, à savoir El Qaida et DAECH. Minée de l'intérieur par la gangrène wahhabite, l'Arabie Saoudite ne peut prétendre à un leadership régional avant d'avoir fait évoluer ses structures idéologiques. Mais Riadh n'est pas prête à opérer cette mue car elle a toujours géré les problèmes derrière le prisme wahhabite et ne semble guère à l'aise face aux pesanteurs et contingences politiques.
En conclusion, il n'est pas interdit de penser que la campagne militaire contre le Yémen soit finalement, en quelque sorte , un grand piège où l'Arabie Saoudite risque de laisser des plumes, et même plus. Les objectifs poursuivis, à savoir, marquer son leadership régional et son rôle de pilier d'équilibre avec l'Iran, restaurer la légitimité au Yémen et couper les ponts entre Téhéran et Sanaa, ne semblent pas être atteints. En plus, l'Arabie Saoudite n'a pas de Plan B pour se replier en cas où son opération militaire part en vrille. Et même l'attaque militaire terrestre envisagée n'est pas la solution, elle risque de se solder par un effroyable carnage, faire perdurer le chaos dans le temps et dans l'espace et d'enliser encore plus les pays acteurs dans le bourbier yéménite.


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