D'une rare violence et sans précédent, l'attaque lâchement perpétrée à Sousse restera comme l'attentat le plus meurtrier dans les annales criminelles de la Tunisie. Le moment est trop tragique pour en diluer la gravité dans l'approximation et le ventre mou. D'aucuns estiment que Habib Essid a manqué sa sortie médiatique. Les mesures qu'il a bombardées sont soit en retard soit en biais. Rien de radical, rien de prospectif. De la poudre aux yeux. Il n'a fait que réinventer la roue et emprunter les lieux communs. Le train de mesure qu'il a décidé, usé jusqu'à la corde, a consisté à réchauffer le reste de la veille. Aucune audace, les sentiers battus en guise de stratégie et le redit comme riposte. Aucune mesure nouvelle, rien qu'une mauvaise répétition de la même fumeuse partition. En apprenti Hercule, Habib Essid a décrété 12 travaux comme plan de lutte contre le terrorisme. Un plan plus risible que percutent, un plan à la mesure de son image d'homme flasque sans fermeté ni force. Une main de fer capable de faire bouger les lignes et non une main tremblante. Habib Essid n'a jamais montré qu'il est l'homme de la situation, un chef d'équipe, un vrai timonier. Et ce n'est guère avec un tel profil que les tunisiens soient rassurés, bien au contraire. On ne gouverne pas avec les bonnes intentions. Il n'est pas question là de faire l'apologie de la mauvaise foi mais de dire qu'on a besoin d'un vrai chef de gouvernement, un vrai leader, un homme d'Etat, de projet et de conviction. Plus que jamais, la Tunisie est à la croisée des chemins, les ailes plombées et les perspectives peu débouchées. L'union sacrée contre le terrorisme et pour le développement n'est plus un choix mais bel et bien un impératif. Dans ce cadre, Habib Essid est tenu de faire sa propre autocritique et de dresser un bilan à titre préliminaire pour identifier les défaillances et autres manquements en matière de gouvernance et de gestion et de mettre tous les moyens pour faire sortir le pays de l'ornière et d'impulser l'appareil et le processus de développement. Si Habib Essid se sent incapable de rehausser son niveau de commandement et d'être à la hauteur des défis auxquels le pays fait face, autant il transmet le relais. Démissionner quand on est convaincu d'être un facteur de blocage est aussi un acte de clairvoyance, de responsabilité et d'audace.